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« I fo nou fé lavnir ansanm »

Billet philosophique

vendredi 5 août 2011, par Roger Orlu


Le dernier article publié sur le blog de Paul Vergès (voir ’Témoignages’ du mardi 2 août) suscite pas mal de réflexions si l’on s’intéresse à l’avenir du peuple réunionnais et à celui de tous les peuples du monde, qui est gravement menacé. Car il nous invite, comme le philosophe Edgar Morin, à « analyser l’organisation même du réel », afin de le transformer. Et de plus en plus de jeunes compatriotes s’engagent dans cette voie…


Dans l’article paru cette semaine sur son blog, Paul Vergès souligne fort justement qu’il est très important de s’intéresser non seulement aux graves effets du réchauffement climatique, de la crise financière, de la politique socio-économique injuste, etc., mais aussi et surtout de s’attaquer aux causes profondes de ces phénomènes aux conséquences dramatiques. Car, d’une certaine façon, il ne sert pas à grand-chose de tenter de résoudre les conséquences de cette évolution périlleuse, si l’on ne cherche pas en même temps à affronter les raisons fondamentales de ces drames vécus au quotidien dans notre île comme dans le monde entier.
Sur ce point, Paul Vergès rappelle avec raison que ces effets sont liés à « un état de sous-développement économique durable » et il pose cette question essentielle : « Celui-ci n’est-il pas la conséquence d’une situation historique coloniale aggravée par la domination actuelle du capital financier ? ». Enfin, il s’interroge sur le moyen de combattre ce système qui ne respecte pas les droits humains : « Ne pas unir ses forces, ses moyens pour éviter la mort de millions de personnes, n’est-il pas un crime contre l’humanité ? ».

Un parcours commun

Effectivement, c’est là un problème essentiel que nous avons à analyser et à résoudre, si l’on veut réellement construire un avenir meilleur. Il suffit de voir tout ce qui est fait chaque jour par la bourgeoisie au pouvoir dans notre île et dans le monde afin d’empêcher l’union des forces populaires et démocratiques pour aller dans ce sens.
Les profiteurs font sans cesse le maximum pour tenter de diviser les Réunionnais, de les empêcher de s’unir pour essayer d’éviter qu’ils puissent achever la décolonisation du pays en étant les plus forts. Car cette union crée la force.
D’où, notamment, les constantes insultes et calomnies anti-Vergès et anti-communistes, comme celles du tueur fasco norvégien qui se proclame "marxist hunter" ("chasseur de marxistes"). D’où, également, les égocentrismes de certaines personnes physiques et morales, qui passent leur temps dans leur tour d’ivoire, à suivre leur parcours individualiste en mettant en avant le fait qu’elles sont des électrons libres.
Certes, chaque individu, collectivité ou organisation syndicale, politique et associative a son propre parcours et sa liberté d’action. Mais qu’est-ce qui empêche les uns et les autres de s’unir dans le respect de leur diversité afin de partager un parcours commun au service d’une même cause ?

« Lantant kréol »

Ce qui est merveilleux dans ce pays, c’est — en particulier — le fait que le "génie réunionnais" parvient depuis près de trois siècles et demi à surmonter fréquemment ces contradictions pour changer le mode de développement inhumain que des colonialistes veulent nous imposer à tout prix. En plus de ce qui se passe notamment dans des collectifs comme le K.L.É (Kolèktif Lané Élie) ou Lantant pou la Somènn Kréol, nous voudrions en citer quelques exemples récents, parmi bien d’autres.
Ainsi, dans le domaine social, nous pensons à cette mobilisation collective, mercredi dernier devant la préfecture, pour le respect du droit des Réunionnais à l’emploi, avec plusieurs organisations : l’Alliance des Jeunes pour la Formation et l’Emploi à La Réunion (AJFER), l’Alliance des Réunionnais Contre la Pauvreté (ARCP), Agir Pou Nout Tout, l’Union des Étudiants (UNEF) et le Comité des Chômeurs et des Mal Logés du Port (CCMLP).
Dans le monde culturel, nous pensons à ces propos tenus un matin sur Réunion Première par l’artiste Jocelyne Quiniou-Técher : « Pou nout tout ansanm, alon danse maloya, sa lé bon », puis à la chanson exaltant « lantant kréol ». Nous pensons également à ce magnifique concert donné samedi dernier au stade Nelson Mandela de La Rivière des Galets, dans le cadre de la fête du village organisée par l’association Farfar, où des groupes de jeunes artistes comme Donn La Min, Dé Pti Gar La Kour et Léritaz ont exprimé leurs talents aux côtés de stars comme Baster de Thierry Gauliris ou Zorro Chang. Et voici un des appels lancés avec force par Léritaz : « i fo nou fé lavnir ansanm ». À nous tous d’appliquer cet appel à la responsabilité et à l’union des Réunionnais !

Roger Orlu

(*) Merci d’envoyer vos critiques, remarques et contributions afin que nous philosophions ensemble… ! redaction@temoignages.re


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