Témoignages - Journal fondé le 5 mai 1944
par le Dr Raymond Vergès

Cliquez et soutenez la candidature des Chagossiens au Prix Nobel de la Paix

Accueil > Chroniques > Alon filozofé

« Marcher ensemble »

Billet philosophique

vendredi 30 janvier 2015, par Roger Orlu

L’écrivain mauricien Jean-Marie Gustave Le Clézio, prix Nobel de Littérature et créateur de la Fondation pour l’Interculturel et la Paix.

Le 14 janvier dernier, l’écrivain mauricien Jean-Marie Gustave Le Clézio, prix Nobel de Littérature et créateur de la Fondation pour l’Interculturel et la Paix, a publié un très beau texte intitulé ‘’Lettre à ma fille’’ après que celle-ci ait participé trois jours plus tôt à la grande marche parisienne contre les attentats terroristes en France du 7 au 9 janvier. À ce sujet, il lui dit notamment : « Je suis heureux pour toi que tu aies pu être présente dans les rangs de tous ceux qui marchaient contre le crime et contre la violence aveugle des fanatiques ».
Mais il ajoute : « Maintenant il importe — et cela revient aux gens de ta génération, car la nôtre n’a pas su, ou n’a pas pu, empêcher les crimes racistes et les dérives sectaires — d’agir pour que le monde dans lequel tu vas continuer à vivre soit meilleur que le nôtre. C’est une entreprise très difficile, presque insurmontable. C’est une entreprise de partage et d’échange ». Et il appelle à la lutte « contre l’injustice, contre l’abandon de certains jeunes, contre l’oubli tactique dans lequel on tient une partie de la population (en France, mais aussi dans le monde), en ne partageant pas avec elle les bienfaits de la culture et les chances de la réussite sociale ».

« Remédier à la misère des esprits »

JMG Le Clézio conclut ainsi cette lettre à sa fille : « Il faut remédier à la misère des esprits pour guérir la maladie qui ronge les bases de notre société. J’espère que, de ce jour, tous ceux et toutes celles qui étaient avec toi continueront de marcher dans leur tête, dans leur esprit, et qu’après eux leurs enfants et leurs petits-enfants continueront cette marche ».
Des penseurs réunionnais ont émis récemment des idées pour aller dans ce sens. C’est le cas du Père jésuite et sociologue Stéphane Nicaise, qui a également consacré ce mois-ci son éditorial de la revue du Centre Saint-Ignace, ‘’Un p’tit mot, trois p’tits pas’’, aux suites de ces attentats. Et il ouvre son article en lançant cet appel : « Se lever à plusieurs, et marcher ensemble pour manifester une détermination, la volonté commune de donner sa place à toute personne dans notre société, sans aucune discrimination, et surtout pas d’origine, de langue, de comportement culturel, de pratique religieuse, d’opinion philosophique ou politique. C’est le sens de la démocratie, garantie par les institutions républicaines fondées sur les valeurs d’égalité, de liberté et de fraternité ».

« Mon vœu le plus ardent »

Cet appel à « marcher ensemble », en nous appuyant notamment sur l’éducation populaire, comme le souligne aussi Stéphane Nicaise, on le retrouve dans les vœux du journaliste et penseur Paul Hoarau pour La Réunion en 2015, publiés ce 22 janvier et qu’il présente ainsi : « Cette année mon vœu le plus ardent est que les Réunionnais puissent se mettre ensemble, se mettre avec pour construire La Réunion. Nous sommes trop divisés, nous travaillons trop en solo. Nous nous insurgeons contre ceux qui nous empêcheraient d’être maîtres chez nous ; mais nous dévalorisons nous-mêmes tellement nos compatriotes créoles, que nous sommes pénalisés des deux côtés ! Le deuxième vœu est qu’en cette année électorale importante, la classe politique change ses fondamentaux en matière politique, change la gouvernance régionale et les axes de la politique économique pour La Réunion. Les délais qui nous restent avant les élections seront-ils suffisants pour que se produise le miracle ?... Enfin, le troisième vœu est que les électeurs reprennent leur place. Ils ne doivent plus servir qu’à mesurer la popularité des politiciens par les sondages et les bulletins de vote. Ils doivent dire ce qu’ils veulent, donner leurs directives et leurs consignes. Sans cet engagement populaire (du peuple souverain), il est peu probable que la classe politique puisse procéder aux changements qui s’imposent ».
Il y a bien des leçons à retenir de ces réflexions afin que nous voulions et puissions réellement marcher ensemble dans le même sens afin d’achever la décolonisation du pays…

(*)Merci d’envoyer vos critiques, remarques et contributions afin que nous philosophions ensemble… !


Un message, un commentaire ?

signaler contenu


Facebook Twitter Linkedin Google plus