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par le Dr Raymond Vergès

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Du p’tit train au tram-train

mardi 30 mars 2010

QUI se rappelle encore aujourd’hui qu’il y a un demi-siècle existait à La Réunion une ligne de chemin de fer reliant Saint-Benoît à Saint-Pierre en passant par un tunnel sous la montagne entre Saint-Denis et La Possession ? A part ce vieil autorail abandonné à La Grande Chaloupe et retapé par des bénévoles, une ou deux gares fantômes qui ont changé totalement d’affectation et dont le bâtiment a été conservé comme par miracle, il n’en reste plus aucune trace, pas même les rails.

En supprimant le train, dans les années 1950, la majorité du Conseil général avait pris — et pour très longtemps — une grave décision dont elle n’avait pas mesuré alors toutes les conséquences. Elle n’avait pas prévu que notre île serait, comme elle l’est actuellement, envahie par un flot sans cesse croissant de voitures et que la circulation serait devenue à ce point difficile, voire impossible à certaines heures du jour. Elle n’avait qu’une seule idée en tête : faire transporter les marchandises, et en particulier le sucre, par les camions de ses propres amis. Aussi voyait-elle d’un bon œil la dissociation des deux services : le port et le rail, qui formaient auparavant un seul et même ensemble sous le nom de C.P.R. (Compagnie du Chemin de Fer et Port de La Réunion). Son principal argument étant que le train n’était pas rentable face à la concurrence des premiers autocars, elle n’avait trouvé rien de mieux que de favoriser cette scission, faisant fi de toutes les dépenses engagées antérieurement pour cet investissement comme de la notion même de service public.

C’est pourquoi, en ce qui concerne le tram-train, avant d’enterrer définitivement le projet, il faudrait le réexaminer de plus près, voir son état d’avancement, évaluer les frais déjà supportés par la Région, les contrats déjà signés ou en cours de ratification, en privilégiant avant tout l’intérêt de La Réunion. Oui ou non le tram-train est une des solutions les plus efficaces pour régler au mieux l’épineux problème de la circulation qui risque de devenir à brève échéance dramatique, dans une île montagneuse, strictement limitée par l’océan et où chaque espace compte, où il y a « environ près de 400 mille véhicules pour 817 mille habitants », avec en prévision le million d’habitants en 2025 ? Oui ou non il est la solution la meilleure pour ne pas faire augmenter de trop la pollution ? Si, à ces deux questions, la réponse est positive, alors il n’y a pas à hésiter, il faut y mettre le prix. Comme à l’époque pour l’installation du chemin de fer et comme récemment pour la construction de la route des Tamarins dont chacun se plaît aujourd’hui à reconnaître les avantages. Mais il faut contrôler rigoureusement son financement, tout en réclamant la participation effective de l’Etat, en incluant, comme pour toutes les autres régions de France, la dotation ferroviaire. Car enfin, malgré tous les efforts titanesques déployés depuis des années et des années pour entretenir la route “en corniche”, pour tenter de la protéger contre les éboulements et l’assaut des vagues, elle est loin d’être tout à fait sûre. Véritable tonneau des Danaïdes, elle risque également de constituer à l’infini une charge encore plus lourde pour la collectivité.

Georges Benne


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