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par le Dr Raymond Vergès

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Hier l’Afghanistan, l’Irak et la Libye, aujourd’hui la Syrie !

mercredi 4 septembre 2013

La question de l’intervention militaire en Syrie rappelle étrangement l’intervention militaire américaine de 2003 en Irak. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, tout le monde se souvient encore de Colin Powel : secrétaire d’État sous la présidence de W. Bush Junior, brandissant à la tribune de l’ONU les preuves incontestables, disait-il, de la présence d’armes de destruction massive en Irak, désignant même l’armée irakienne comme la quatrième du monde. On sait ce qu’il en advint, l’armée irakienne fut décimée en quelques semaines et les soi-disant armes chimiques jamais localisées, pis encore, Colin Powel avouera lui-même quelques années plus tard avoir délibérément menti sur les raisons de l’intervention puisque l’objectif réel, mais inavouable, était le renversement du Président Saddam Hussein. Le ministre français des Affaires étrangères de l’époque, hostile à l’intervention militaire : Dominique de Villepin, prononça à la tribune de l’ONU l’un des meilleurs discours dans les annales de cette organisation dont la diplomatie française s’honore encore aujourd’hui.

En 2013, l’Irak est un pays dévasté où règnent le chaos et la loi de la jungle. Tous les jours, des centaines d’Irakiens meurent dans des attentats à la voiture piégée. En dix ans, presque un million de chrétiens ont fui le pays en raison de violences interconfessionnelles.

Concernant la Syrie, nous nous trouvons dans une même configuration. Une attaque à l’arme chimique dont nous ignorons, à ce jour, officiellement le commanditaire, hormis les agences de renseignement américaine et française qui, comme toute agence d’information, demeure totalement inféodée à l’État pour lequel elle travaille, ce qui questionne fortement sur la fiabilité de ses allégations.

Des affirmations ainsi énoncées : « Tout laisse à croire que, à penser que.... » ne constituent point des preuves, mais des insinuations. Une attaque militaire peut-elle se fonder sur des insinuations ?

Pourquoi ne pas attendre les conclusions des inspecteurs de l’ONU rentrés de Syrie avec dans leurs bagages des échantillons, en tous genres, des dommages causés par ces armes chimiques, ce qui aiderait à établir leur provenance. Par ailleurs, dans l’état actuel de la diplomatie internationale, seuls deux États interviendraient militairement : les USA et la France, pourquoi uniquement ces deux États, quelles raisons, au-delà de la sempiternelle question des droits de l’Homme (sinon, il faudrait intervenir dans la centaine d’États, à travers le monde, qui bafouent quotidiennement ces mêmes droits) imposent à la France et aux États-Unis d’attaquer militairement un pays souverain ?

Les trois interventions militaires précédentes : Afghanistan, Irak et Libye, engendrèrent des catastrophes économiques, politiques, confessionnelles, voire militaires, pour l’Afghanistan. Dans ce dernier pays, l’autorité du gouvernement s’arrête au périmètre du palais présidentiel... En vertu de quel principe de légitimité celle qui s’annonce augurerait-elle d’un avenir meilleur ?

Luis-Nourredine Pita

(Le Port)


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