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par le Dr Raymond Vergès

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Kaloupilé et Blanblan

dimanche 4 mai 2014

Dans une basse-cour quelque part à La Réunion. Un coq au sobriquet de « kaloupilé » dominait depuis des ans, jusqu’au jour où les pensionnaires des lieux, décidèrent démocratiquement, pour des motifs divers, de le déchoir de son rang, au profit de « Blanblan », un gallinacé supposé plus fringuant.

Aussitôt élu, le jeune conquérant au soupçonneux plumage rouge flamboyant, paradant, les ailes écartées, s’adressant avec arrogance à son congénère déchu, lui dit « Eh, papy, je te préviens, l’heure de la retraite a sonné pour toi. C’est fini. Ton règne est terminé, c’est moi le meilleur. Oui ! Désormais, c’est moi et moi seul le maitre de la basse-cour, et pour longtemps, même très longtemps. Alors, disparait d’ici » ! Puis, dressant la tête, et déployant les ailes, il poussa un perçant cocorico qui s’ajoutait aux caquetages et autres cris assourdissants de la population volatile qui s’était rassemblée sur son injonction. Le galliforme destitué, abasourdi, déconfit, s’éclipsa sans mot dire et alla se réfugier dans une dépendance de la ferme.

Le nouveau maitre du poulailler dicta sa loi, et commença par s’attribuer tout le blé. Les volatiles n’osaient le contredire de peur de subir des représailles, mais les signes de mécontentement devenaient perceptibles et s’amplifiaient de jour en jour. Discrètement, puis de façon tout à fait ostensible, nombre de pensionnaires rendirent visite à leur ancien mentor, Kaloupilé, qui visiblement commençait à bien apprécier sa retraite, lui suggérant de revenir disputer son titre, les lois de la basse-cour le lui autorisant. Il hésita longuement, et se décida enfin, mais pas avant de s’assurer du soutien total et sincère des partisans de son retour. Soutien en échange duquel il leur promit des « bons » pour l’achat de graines de bonne qualité. L’accord fut acté. Mais peu avant le rendez-vous tant attendu, en voulant accéder à un des perchoirs de la ferme, où « Kaloupilé » en son temps, aimait prendre ses aises, le prétentieux « Blanblan », dans son élan, pris un mauvais coup dans l’aile. De ce fait, il se disqualifiait de la compétition. Une gaucherie qui ne manqua pas de faire ricaner, même les plus ignares des coquelets de la pension. Chose que l’égo de notre Blanblan ne pouvait accepter.

Alors, Blanblan crut à l’ingénieuse idée de présenter « Poulette », sa protégée, qu’il jugea seule capable de relever le défi, et laver son honneur. Mais mal lui en prit, car il n’imaginait pas du tout que les caquètements assourdissants et insupportables de sa préférée, pouvaient faire fuir le dernier carré de fidèles sur qui ils croyaient compter. Résultat, la compétition n’aura été qu’une simple formalité. Kaloupilé l’emporta haut les crêtes. Et cette fois-ci, ce fut au tour de l’arrogant Blanblan de subir les caquetages et moucatages de la basse-cour. Humilié, les ailes pendantes, la tête baissée, la queue en faucille balayant le sol, il s’en alla, sans se retourner, regagner son logis avec Poulette qui depuis est restée étrangement muette. Blanblan serait lui, en réflexion. Kaloupilé jubile, et règne à nouveau en maitre, pour combien de temps ? Nul ne le sait. Toujours est-il que depuis , il se fait appeler « Tonton » !
La morale de cette histoire est fort simple à deviner. Ce n’est là rien qu’une histoire. Par conséquent, toute ressemblance avec des personnages ou des situations réelles ne serait que fortuite.

Paul - Saint-André


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