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par le Dr Raymond Vergès

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La der des der des « Mandela days »

mercredi 17 juillet 2013

Ce jeudi 18 juillet, Nelson Mandela aura 95 ans, si Dieu lui prête vie. Sera-ce le dernier des « Mandela days »  ? Dieu seul le sait.

« Madiba  » a entamé son deuxième mois d’hospitalisation et on le dit à l’article de la mort. On a dit qu’il lutte contre la mort pour rester en vie, que son état était grave, critique, toujours critique, mais stable. Né en 1918, son 95ème anniversaire, l’anniversaire de l’année, pourrait bien — à moins d’un miracle — être son dernier avant qu’il n’entre à jamais dans l’Histoire et la légende. Cette journée a été baptisée « Mandela day » par l’Organisation des Nations unies, qui appelle les citoyens du monde entier à faire en ce jour une bonne action en son honneur.

Depuis plus d’un mois donc, un psychodrame se joue autour de la fin de vie de Nelson Mandela, qui n’en finit pas de finir. Après une intense vie de lutte, il mérite de se reposer. Mais le monde entier l’empêche de partir rejoindre d’autres justes comme le Mahatma Gandhi, le pasteur Martin Luther King et mère Teresa. Et, de ce fait, le monde entier l’empêche de vivre. Barack Obama (lui aussi couronné d’un Prix Nobel de la Paix) l’a compris, lui qui s’est abstenu d’aller poser à ses côtés, se contentant de se rendre au bagne où le résistant aura passé dix-huit des vingt-sept années de sa détention. Comme en pèlerinage ou comme pour marquer le cinquantenaire du procès qui y a envoyé ce dernier. Pourtant, aussi adulé et symbolique qu’il puisse l’être, ce n’est pas le premier président noir américain qui peut aujourd’hui prétendre succéder à Mandela.

Une légende mondiale

Pourquoi le monde entier tient-il tant à Mandela, me dira-t-on ? C’est que Mandela représente plus que lui tout seul : il représente le monde, le peuple, le combat des opprimés contre l’oppression. Et puis, même s’il n’avait plus de rôle politique, il demeurait le garant d’une stabilité politique en Afrique du Sud. L’acharnement pour le maintenir en vie révèle ainsi la peur de voir ressurgir des conflits (au sein de sa famille, de sa tribu, de son clan, au sein des communautés, dans son héritage politique et idéologique).

Il y aura eu plusieurs « Mandela days ». Ce jeudi est peut-être l’ultime et le monde entier s’en souviendra. Le temps des héros est révolu, le temps de Mandela aussi. Le temps des héros est révolu. Le temps de Mandela aussi. Pourtant, de l’avis du monde entier, ce vieil homme est vu aujourd’hui plus comme un prophète que comme l’ancien chef d’État qu’il a été, car sa vie est un témoignage d’espoir pour tous ceux qui luttent contre l’injustice, l’oppression, l’esclavagisme, le racisme, le fanatisme et tout ce qui porte atteinte à la liberté.

Mandela est entré dans la légende mondiale de son vivant. Sa lutte s’inscrit dans une dimension universelle, parce qu’il a symbolisé la résistance et la lutte contre le racisme caractérisé par l’apartheid. Et, dernier des justes, malgré ses 27 années de prison, il n’a nourri aucune amertume vis-à-vis de ses tortionnaires ; et il a, a contrario, préconisé la réconciliation nationale entre les blancs et les noirs, la réconciliation religieuse. Et, lorsqu’il a été le premier noir à accéder à la présidence sud-africaine en 1994, un an après avoir reçu le Prix Nobel de la Paix, une de ses premières décisions aura été d’instituer une commission justice et vérité (sous la présidence de Mgr Desmond Tutu) afin d’exorciser le démon du racisme et de permettre à la population sud-africaine de retrouver la sérénité.

Héros du peuple sud-africain, il avait choisi l’espoir plutôt que la peur, toujours refusé de faire passer sa personne avant la cause qu’il défendait. Tous ses combats auront toujours dépassé les frontières. Symbole de toutes les luttes, « Madiba » est devenu une idole malgré lui. Une icône. Son départ marquera la fin d’une ère, celle des personnes d’exception qui ont changé le monde et qui continuent à l’influencer. Elles sont toutes parties et bientôt il ira les rejoindre, sans avoir laissé au monde un successeur. Mais il nous lègue à tous un héritage précieux, dont ses paroles de sage : « Nous sommes conscients que la route vers la liberté n’est pas facile. Nous sommes conscients qu’aucun de nous ne peut réussir seul. Nous devons donc agir ensemble, comme un peuple uni. Que la justice soit la même pour tous. Que la paix existe pour tous. Qu’il y ait du travail, du pain, de l’eau et du sel pour tous. Que chacun d’entre nous sache que son corps, son esprit et son âme ont été libérés afin qu’ils puissent s’épanouir ».

Le monde entier se prépare chaque jour à l’inéluctable. De rechute en rechute, il est arrivé au bout de son trajet et ira rejoindre son Créateur. On lui prête cette phrase, qui lui va bien et qui confirme sa qualité d’idole : « Un vrai leader, si ce sont ses derniers jours, j’espère qu’ils sont pleins de l’amour des gens qu’il a le plus aimés ».

Les légendes sont censées rester à jamais vivantes et ne jamais s’éteindre…

Marc Kichenapanaïdou


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