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par le Dr Raymond Vergès

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Le Président et le changement

lundi 5 janvier 2015

C’est le maître-mot des hommes politiques, celui qui revient le plus souvent dans tous leurs discours comme dans tous leurs programmes ; il aurait pu lasser davantage si le désir de changement en politique n’était pas aussi fort en chacun d’entre nous. Comme tous les autres candidats, François Hollande n’ a pas échappé à la règle, complétant seulement le mot « changement » par l’adverbe « maintenant » : « le changement maintenant ! » avait-il martelé. Et d’annoncer solennellement dans son fameux discours du Bourget : « J’ai conscience de la tâche qui est la mienne : incarner le changement. » (…) « Nous sommes ici pour changer le destin de notre pays. ». A ceux qui pouvaient douter de sa connaissance réelle de la situation, il avait tenu à mettre les choses au point : « Comme vous, je connais la gravité de l’heure que nous vivons. Une crise financière déstabilise les États, des dettes publiques énormes donnent aux marchés tous les droits. L’Europe se révèle incapable de protéger sa monnaie de la spéculation. Notre pays est confronté à un chômage record et s’enfonce dans la récession autant que dans l’austérité ; le changement n’est pas seulement celui d’un président, d’un gouvernement ou d’une majorité ; il faut aller plus loin : c’est un changement de politique, de perspective, de dimension qu’il faut offrir au pays » (…)

Mais le changement tant promis et tant attendu n’est pas venu. Surtout pour les deux engagements majeurs de sa campagne : l’élévation du taux de croissance et le plein emploi. Et à mi-mandat, le « redressement de la France » et l’ « inversion de la courbe du chômage » n’étaient toujours pas au rendez-vous. Les Français déjà lui avaient retiré leur confiance et l’avaient sévèrement n’avaient jugé, lui reprochant sa “mollesse”, son manque d’autorité, jusqu’à mettre en cause sa compétence pour diriger les affaires du pays.

Et si la réalité était ailleurs ? Précisément dans ligne politique qu’il a continuellement suivie. Il suffit de reprendre par exemple ce qu’il avait affirmé en tant que secrétaire général de son parti, lors du discours de clôture du « Forum de la Rénovation » le 15 décembre 2007 : « … les socialistes ont toujours agi en économie de marché et ils l’ont plutôt bien gérée chaque fois qu’ils ont eu la responsabilité du pouvoir. Ils ont même fait en sorte d’élargir le champ du marché ; et ce fut le cas sous le premier septennat de François Mitterrand. » (…) « Nous avons réussi dans cette économie de marché – et nous ne le disons jamais suffisamment – à obtenir de bien meilleurs résultats que la droite sur la croissance, sur les comptes publics, sur la compétitivité, sur le commerce extérieur. (…) « L’économie de marché est là, nous la reconnaissons et nous savons qu’elle est la plus efficace pour produire de la richesse. »

Il reste à peine deux ans à François Hollande pour démontrer la « capacité qu’ont les socialistes à diriger l’économie française ou, en tout cas », comme il l’a dit lui-même, « à lui donner une orientation qui lui permet d’être plus productive et plus redistributive. » Mais la voie qu’il a choisie est-elle la bonne ?

Georges Benne


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