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par le Dr Raymond Vergès

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Le Père François Glénac : « Ce qui est dommage, c’est que le sens de la fête prenne le pas sur le sens de la vie ». Une petite phrase à méditer…

lundi 25 juin 2012

Le double fardeau de François Hollande
Mémona Hintermann-Afféjee, la talentueuse journaliste qui débuta à notre ORTF avant de rejoindre, il y a plusieurs dizaines d’années déjà, une grande chaîne nationale, pense à coup sûr comme nous quand, mais avec ses mots et ce qui constitue l’intérêt de ce qu’elle signe chaque semaine dans “Le Quotidien”, elle s’inquiète elle aussi d’un gros problème que doit gérer le Président François Hollande.
C’était au lendemain du fameux tweet lancé par Valérie Trieweiller, le « tweet dévastateur » comme écrit Madame Hintermann-Afféjee qui fait qu’aujourd’hui, poursuit-elle, « une question se pose : comment le président de la République qui ne passe pas pour un homme de conflits va-t-il réagir ? ». Non pas seulement parce qu’aux USA on a inventé un qualificatif (« First girl friend », en français « première petite amie ») pour désigner celle qui n’est pas « Madame » Hollande. Non pas aussi parce qu’en Allemagne « on se moque en coulisses de voir François Hollande faire le dur avec Angela Merkel ». La question qui se pose tourne autour de la gestion des affaires qui concernent la France. Et Mémona Hintermann-Afféjee de s‘interroger : « Comment un homme aussi sensible que François Hollande portera-t-il ce double fardeau : les lourdes responsabilités présidentielles et ses problèmes personnels en suspens ? ».
C’est, mais avec notre style, ce que nous écrivions ici même lundi dernier. Non pas par un gout soudainement apparu de chercher du « commérage » dans la vie privée des gens, mais bien parce que nous sommes là devant une de ces délicates situations qui, un jour ou l’autre, viennent perturber la sérénité si indispensable à chacun de nos responsables. Point n’est besoin d’en dire plus. Souhaitons seulement que notre Président sache trouver, dans le silence et avec la force de sa conscience, la voie la meilleure pour être à la hauteur des problèmes du pays, problèmes dont l’approche relève de sa responsabilité…

À l’attention du Père François Glénac, en toute amitié et avec respect ...
Bien que je ne l’ai pas souvent rencontré, j’aime bien François Glénac , un curé comme on aimerait qu’ils soient tous tout le temps, droit dans ses bottes et animé d’un sens de l’humain avec l’autre particulièrement remarquable. Interrogé par Gaëlle Gonthier du “Quotidien” sur le « sentiment que l’aspect festif et familial de la communion prime sur le religieux », le Père Glénac a eu cette réponse : « C’est vrai. Ici, les gens aiment faire la fête…C’est bon que les gens aient le sens de la fête ! Le premier miracle de Jésus a été de changer l’eau en vin, à un mariage à Cana, pour que la fête puisse continuer. S’il avait été un rabat-joie, il n’aurait pas fait ça (rires). Mais ce qui est dommage, c’est que le sens de la fête prenne le pas sur le sens de la vie ». Voilà qui est fort bien dit, mon Père, vous qui connaissez sûrement l’histoire qui voit une maman répondre à la grand-mère qui voulait savoir où se passait la communion solennelle de son petit fils : « On ne sait pas encore si ce sera dans un restaurant ou bien dans la cour ! ». Et la vieille grand-mère, toute surprise : « Ah bon ! La communion y fait plus à l‘église, maintenant ? ».
Me revient ce que relate l’Abbé Pierre dans son petit ouvrage « Dieu merci ». Cela se passait dans la capitale d’un des pays les plus riches de la planète, autour de ceux qui se nomment eux-mêmes des décideurs. Le célèbre religieux venait d’animer une journée de réflexions sur la pauvreté et l’exclusion. La réunion se termina par une messe célébrée pour tous. Juste après, ses hôtes l’attendaient pour le souper. « Salon chic d’un hôtel de luxe, raconte l’Abbé Pierre. Serveurs en grande tenue attendant, immobiles dans leur mise impeccable, de présenter des mets somptueux et raffinés, vaisselle étincelante sous les lumières conjuguées des lustres et des chandeliers. Profusion… Et voilà que l’on m’invite à faire la prière ».
Réponse de l’Abbé à l’ensemble des décideurs : « Mes amis, je ne ferai pas de prière. Pouvez-vous réaliser le grotesque et l’indécence de la situation que nous vivons ? Ne pensez-vous pas que pour clôturer votre rencontre sur les pauvres et les exclus, le dîner aurait dû, tout naturellement, être composé d’un potage et de deux sardines ! Ne me demandez pas d’être à l’aise maintenant. Si je participais de bon cœur à ce banquet, je ne pourrais pas regarder en face ceux que je vais rencontrer demain… ».
Père Glénac, pouvons-nous espérer qu’il se trouvera un jour un curé de notre île qui prendra l’initiative de demander aux jeunes qui vont faire leur communion de venir ce jour-là dans leurs habits bien propres et bien repassés, mais leurs habits de tous les jours, au lieu de ces véritables « tenues de mariage » que nous avons vues ces temps derniers déferler en vagues ? Quant aux festins qui suivent, vos pairs et vous mêmes n’y pourrez malheureusement pas grand-chose…

« Détak la lang ! » ou le bon point de “Témoignages”
Je tiens à l’écrire ici : nous sommes sûrement plusieurs à avoir lu avec plaisir la quasi-totalité des articles du numéro de “Témoignages” de ce samedi 23 juin. Pour une simple raison : ils étaient signés. Signés Geoffroy Géraud-Legros, Manuel Marchal, Sanjiv Dinama, Pierre Thiébaut . Car, outre que nous pouvons connaître et apprécier des auteurs qui ont un visage, une personnalité et une vie consacrée à un idéal, nous pouvions aussi appeler ces derniers pour en discuter, émettre des réserves, apporter ainsi avec eux une petite pierre pour le travail de reconstruction de ce parti qui nous a marqués et tellement apporté et dont je souffre, pour ma part, de voir qu’il va mal actuellement. Car on a beau avoir passé l’âge et les capacités pour retrouver des responsabilités d’une certaine importance, on reste marqué par ces luttes menées alors que nous quittions tout juste l’adolescence. Puissent ceux qui sont concernés en discuter du coté particulièrement positif de ces points de vue que l’on émet sans détour…
Et pour finir, deux mots sur la reconstruction du Parti qui ne peut faire l’économie du retour à certaines valeurs. Je pense bien entendu au positionnement de ceux d’entre ses membres qui accèdent à des fonctions électives et qui vont percevoir des indemnités. Je pense également à la nécessité de donner un sens politique profond aux initiatives innovantes que nous avons à prendre quand nous accédons à certaines responsabilités. Je pense à un réflexe d’humilité que nous devons cultiver en nous souvenant que rien n’est jamais simple et que nous aurons toujours à nous battre pour faire admettre ce que disait Talleyrand : « Administrer, ce n’est pas tout empêcher au nom du règlement, mais tout faciliter au nom du bon sens » …Car là où nous sommes, il y a aussi les autres. Qui peuvent ne pas penser comme nous sans pour autant ne pas aimer autant que nous notre pays…

Raymond Lauret


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