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par le Dr Raymond Vergès

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« La paix n’est pas un mot, c’est un comportement », Félix Houfouet – Boigny (Côte d’Ivoire)

mercredi 27 avril 2011

Des années de guerre, des années de souffrance, ont retardé le développement de la Côte d’Ivoire, autrefois, pays prospère. Gbagbo, déchu, une autre guerre s’annonce pour Ouattara, le nouveau président élu et la France. Réussiront-ils, maître paternaliste et élève colonisé, à gagner ce pari ?
La Paix était le maître mot chanté dans tous ses discours, par Houphouet Boigny, père de l’indépendance nationale en 1960, et premier président à diriger, pendant trente ans la Côte-d’Ivoire. Cet homme de tous les milieux, chef de canton, médecin et planteur, a su dompter sa population et maintenir une unité de la Nation malgré les milliers d’ethnies très composites qui la composent. Houphouet Boigny, ce fin stratège politique, qui ne cachait pas son appartenance à deux cultures et son dévouement à la France, affirmait en 1945 : « j’aime la France à laquelle je dois tout, j’aime la Côte d’Ivoire, partie intégrante du grand Empire français ». Certes, c’est bien dans cette amitié réciproque scellée avec la France ancienne puissance coloniale, que dans des relations pacifiques, il avait donné à son pays la Côte d’Ivoire, ses lettres de noblesse et a laissé pour l’histoire cet héritage à ces successeurs. Aujourd’hui, il est vrai, grâce à cette amitié la France a délivré le pays, qui était à feu et à sang, de ce dictateur de Gbagbo et a remis le pouvoir au président démocratiquement élu Alassane Ouattara. La force du canon et la force de la loi ont eu raison de GBAGBO, mais commence pour la coalition Allassane-Paris, la dernière et importante guerre ; celle de la réconciliation des filles et fils du pays dans la paix.
Il revient aujourd’hui, à Ouattara d’une part et à Paris d’autre part, d’assumer cet héritage de la paix laissé par ce futurologue et sage de l’Afrique. La tâche paraît difficile, car la paix, ce n’est pas un mot, c’est un comportement. Ouattara d’abord, doit pouvoir être prêt à payer ses dettes vis-à-vis de ses créanciers, que sont principalement son premier ministre Soro Guillaume, le Chef de l’armée INVISIBLE Ibrahim Coulibaly dit I. B, l’ex-président Konan Bédier, et Paris le faiseur du roi. Sans oublier que certains de ses créanciers sont infréquentables et devront tôt ou tard répondre devant les tribunaux internationaux de certaines exactions dont on les associe pour leur rôle de chef de fil. La tâche ne lui sera pas facile, quand on sait qu’il doit payer de lourds tributs pour honorer sa dette ; la France, Paris, l’a sorti, du fond de son retranchement, pour le jeter sur le chemin dur à parcourir, en lui assignant comme but à atteindre le développement dans la Paix. Il va lui falloir s’armer de courage, car il a désormais un devoir d’homme envers ses semblables. Ce serait une faute de ne pouvoir parvenir à rétablir l’union véritable, à éviter les affrontements à venir entre le Nord musulman et le Sud animiste et catholique, comme cela se répète au Nigéria. Ouattara pourra-t-il être pour l’ordre, la vérité, l’honnêteté, la justice, le travail intensif dans l’ordre, l’ordre légal et républicain ? La paix est donc au prix de ces sacrifices à consentir dans le dévouement et le désintéressement.
Paris ensuite, père protecteur et défenseur des droits de l’homme, restera-t-il longtemps dans la droite ligne de l’héritage laissé par le Franco-Ivoirien Houphouet-Boigny ? La paix opposée à la guerre est cette attitude qu’il doit exprimer, dans le respect et la franche coopération, avec ses anciennes colonies. Devoir lui incombe, maintenant qu’il crée ce précédent, de faire respecter partout où besoin se fera sentir, les droits de l’homme et du citoyen, en portant une assistance désintéressée aux pays africains constamment enclins aux problèmes de gouvernance, en instaurant la démocratie. Au lieu de régler les conflits par la force des armes, Paris accompagnerait des organismes panafricains pour lutter contre les abus de pouvoir, les fraudes électorales, les mascarades d’élections. C’est justement cette guerre sans arme, sans profit, que devrait dorénavant mener la France en soutenant sans ingérence de sa part, la mise en place des commissions inattaquables, de constitution, de vérification et de contrôle des élections présidentielles dans ces pays. Cette guerre pour la paix, Paris peut bien la faire et en a les moyens, et cela lui coûtera moins au plan humain et au plan financier. C’est par ce comportement que son rôle de « pompier » lui sera reconnu et apprécié au monde. Ainsi, Paris pourra prévenir du feu, que de vouloir éteindre ce qu’il aurait allumé.

Bienvenu H. Diogo


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