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par le Dr Raymond Vergès

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Les élèves des classes de 4ème E et C du collège Simon Lucas s’expriment sur la violence faite aux femmes réunionnaises

mercredi 4 juillet 2012

Le soutien de la Direction et le concours des professeurs de Lettres et de la documentation ont permis aux élèves de 4ème d’effectuer en groupe de 9 élèves des lectures de faits-divers, d’écouter des intervenants et journaliste, enfin d’assister aux audiences du tribunal de Saint-Pierre, pour mieux s’informer des problèmes de violences que subissent les femmes. Les arguments ici développés dans les groupes renvoient aux regards des élèves sur cet épineux problème de société.
Aussi impliqués dans cette souffrance causée aux femmes, ils ont souhaité s’informer pour mieux se faire entendre par les parents qui seraient encore tentés d’avoir de ces comportements avilissants, dégradants et humiliants. Ces agissements traumatisants conduisent parfois à écourter brutalement une vie humaine et à endeuiller pour toujours des membres d’une famille. Concluant leur projet de recherche, ils ont voulu faire part au grand public de leurs points de vue.

La voix des élèves du Collège Simon Lucas

Mike, élève en 4ème C, dans son bilan de recherches sur la violence faite aux femmes constatait que nombre d’hommes commettaient leur forfait sous l’emprise de la consommation d’alcool ou de produits illicites, et du fait de la jalousie. Il conclut sur les phrases suivantes, suite à sa présence au tribunal du procès d’un criminel : « Je pense que Nicolas aurait dû prendre plus de mois de prison, car cela est inadmissible qu’on traite sa femme comme cela et qu’on traumatise son enfant ainsi. Un père de famille ne devrait pas se droguer, car cela montre le mauvais exemple à ses enfants ». Après s’être insurgé contre la peine moins lourde infligée à celui qui a agressé mortellement sa femme, il recommande : « … de créer des infrastructures où les femmes et les enfants seraient accueillis dans une telle situation... Les politiciens devraient prendre des mesures telles que supprimer les drogues comme le Zamal à La Réunion, de contraindre les gens en difficulté d’addictions de drogue et d’alcool d’aller voir un psychologue pour se soigner, de les empêcher de se droguer et de se saouler ».
Ryan du groupe 6 réagissait, lui, à propos d’un père condamné aux Assises à dix-huit ans de prison pour viol de sa fille de 15 ans et violence sur sa femme. Il jugeait la peine « insuffisante » pour ce père qu’il trouvait : « … n’a aucune morale ». Ryan ajoutait comme pour rejeter la décision des juges : « Aucune sentence ne sera équivalente aux peines et aux douleurs de sa femme ainsi que de sa fille ».
Romane et Anissa du groupe 2 de la 4ème C trouvent « … très illégal de violer leur propre femme et de les tuer ensuite. Nous voulons que ces agressions subies dans le cadre familial s’arrêtent ». Les deux filles proposent aux femmes de « faire des manifestations et des grèves, afin d’attirer l’attention de tout le monde contre cette violence inhumaine ».
Floriane, du groupe 1 de la 4ème, ayant lu le récit des faits qui ont conduit à la mort de l’actrice Marie Trintignant trouvait « triste, scandaleuse et choquante cette violence incompréhensible qui détruit de nombreuses familles et traumatise les témoins de cette scène macabre ». Elle conseille : « On pourrait sensibiliser très tôt la population dès le plus jeune âge sur un problème qui touche toute la société réunionnaise et toutes les catégories sociales ».
De l’avis d’Emeline, 4ème : « Les femmes devraient partir dès les premiers coups, les premières insultes, pour ne pas trouver plus tard la mort ».
Jason, élève de 4ème C, se dit : « profondément chagriné, attristé et réfléchis sur la vie, car on constate que quand une femme est agressée, l’agresseur est souvent un proche ou le conjoint. Et ces femmes sont vulnérables ».
Méryl, une autre élève de la 4ème, va plus loin dans sa réaction, suite au projet d’études sur la violence faite aux femmes. Non seulement elle « encourage les hommes à dénoncer les auteurs à la police », mais aussi, elle ne manque pas de s’indigner : « Au lieu de faire des grèves pour de l’argent, faites la grève pour une vie en danger. Utilisez les pubs, écrivez des articles, qui ne parlent que de ces violences… ».
Laura, 4ème C, du groupe 1, beaucoup plus virulente, verrait bien infliger à ces coupables « soit de la peine de mort, soit la prison à vie ».
Mathilde, du même groupe, juge la violence sous toutes ses raisons « triste et injuste », elle voit la nécessité de mettre en place des associations, des actions pour sensibiliser les gens à cette dérive. Il faudrait, avance-t-elle, « aider les agresseurs à sortir de la violence… ». Laura constate : « une femme meurt tous les trois jours » et s’indigne : « je trouve cela d’autant plus horrible que les cas sont nombreux ». Et elle finit ses propos sur : « cet homme n’est pas le seul meurtrier, c’est tout son entourage qui a tué, par leur indifférence ». Résumant leurs observations de lectures d’articles sur les faits-divers, Morane et Calteau, du groupe 3 de la 4ème C, établissent deux échelles de violences faites aux femmes. L’une mettant en avant des cas graves entraînant des brûlures, des amputations et la mort, pour les plus importantes. L’autre échelle, qui montre les insultes, les humiliations, les privations de toutes sortes. Elles relèvent que ces échelles de violences vont de la plus simple et banale dispute aux coups mortels, et tirent la conclusion suivante : « Ce sont des actes intolérables, les hommes ne doivent pas frapper leurs compagnes comme des bêtes sauvages, elles doivent être respectées. Les punitions doivent être plus strictes ». Des camarades de la même classe de 4ème, mais de deux groupes voisins, 2 et 3, Elvina, Florian, concluent leurs analyses de faits-divers par ces mots : « On ne doit pas sous-estimer ce phénomène de grande ampleur qu’est la violence conjugale, il faut accorder plus d’attention au sort des femmes violentées, que ce soit verbalement, psychologiquement, sexuellement ». Larissa propose : « Je souhaite, pour ma part, que les hommes violents soient contrôlés par la police toutes les semaines, pour voir si tout va bien, car une violence conjugale sur cinq est perpétuée par l’ex-conjoint et la moitié des victimes connaissent leur agresseur ».
Ce travail et cette prise de conscience de la problématique de violences faites aux femmes de la part des élèves du Collège Simon Lucas de l’Etang-Salé pointent du doigt un mal qui désagrège la société réunionnaise. Ils permettent d’observer les représentations et les rapports que les élèves entretiennent avec la violence à La Réunion. Leur action courageuse fait ressortir leur capacité à évaluer l’ampleur d’un fléau social et à faire appel à plus de vigilance et de mesures énergiques.

Bienvenu H. Diogo


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