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La jeunesse réunionnaise s’empare du 10 mai

Conférence-débat hier à l’Université

mercredi 11 mai 2011, par Céline Tabou


À l’initiative de l’Alliance des Jeunes pour l’Emploi et la Formation, en partenariat avec l’UNEF et l’UNL, la conférence-débat autour de ’L’esclave de l’esclavage est celui qui ne veut pas savoir’ (Édouard Glissant), a réuni plus d’une trentaine de personnes issues du monde éducatif et culturel.


La conférence-débat était présidée par Gilles Leperlier, président de l’AJFER. Elle a réuni notamment Sudel Fuma, historien, Alexis Chaussalet, ancien représentant fédéral de l’UNL, Emeline Vidot, secrétaire générale de l’UNEF, et Félix Marimoutou, enseignant de lettres/techniques d’expressions, ont exposé leurs points de vue et relevé des problématiques sur la question de la place de l’Histoire de La Réunion dans les manuels scolaires, l’identité réunionnaise, ainsi que la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité.
La conférence a débuté par le visionnage d’un film de Fred Eyriey, "Le jardin de la mémoire", réalisé au Mozambique. Base de la réflexion qui a suivi, cette vidéo produite par Fait Noir Film en 2008 met en avant l’importance de la mémoire à travers des statues d’hommes et de femmes. Ce jardin est qualifié par Artur Domingos do Rosario de « lieu de rencontre avec l’histoire, les civilisations et les cultures différentes mais c’est aussi un lieu de méditation, de réflexion et d’étude. C’est l’histoire du monde, mais aussi de l’homme. Car ce jardin représente la société humaine qui peut s’unir ». Ce symbole de la coopération des peuples, notamment celle entre La Réunion et le Mozambique.
« La Réunion doit être fière de ce jardin qui est en lien avec le passé de notre île », a expliqué Sudel Fuma. Ce dernier a indiqué, « La Réunion doit être fier de s’approprier son histoire », issue de la colonisation et de l’esclavage. Car comme l’a expliqué Gilles Leperlier sur 350 ans d’histoire de La Réunion, plus de la moitié est dominée par l’esclavage. Dans sa suite, Alexis Chaussalet a fustigé l’absence de l’histoire de La Réunion dans les manuels scolaires, « on a tendance à effacer l’histoire de La Réunion, au profit de l’histoire et la géographie de la France. L’apprentissage de l’histoire et de la culture réunionnaise devient alors un sujet de divertissement, de distraction, comme si notre histoire n’était pas la nôtre ».

La fin d’une idéologie coloniale

Engageant le débat de la première table ronde sur "La place de l’histoire de la traite négrière et de l’esclavage dans les programmes scolaires", dont vous retrouverez le compte-rendu dans l’édition de demain, le jeune homme a pointé du doigt « le rôle majeur de l’éducation nationale dans la réappropriation par les Réunionnais de l’histoire ». Sans honte, ni peur comme l’ont démontré les différents intervenants au débat qui a suivi.
La seconde table ronde, dont vous trouverez le compte-rendu dans l’édition de vendredi, portait sur "La reconnaissance de la traite négrière dans l’Océan Indien et de l’esclavage comme crime contre l’humanité". À cette occasion, la question de la date a été portée à débat avec notamment le fait qu’il ne s’agissait pas de « la commémoration d’une loi mais bel et bien d’un événement historique ». La reconnaissance passe avant tout par la fin d’une idéologie coloniale, théorisée et encore présente a expliqué Félix Marimoutou. Ce dernier a mis en évidence le comportement des médias vis-à-vis de la célébration de l’abolition de l’esclavage, effacée au profit des 30 ans de pouvoir de François Mitterand.
L’AJFER, l’UNEF, et l’UNL ont été salués pour leur initiative et surtout le fait d’avoir pris en compte cette question de l’histoire de la Réunion dans les programmes scolaires et la reconnaissance de traite négrière et de l’esclavage comme crime contre l’humanité, « nous saluons et remercions cette jeunesse concernée par ces questions de société » a déclaré un intervenant en conclusion de cette conférence-débat.

Céline Tabou


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