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par le Dr Raymond Vergès

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La voie de la méditation

Nadine, nonne zen

mercredi 27 avril 2011


Nadine est nonne zen ou bouddhiste japonais. Elle est engagée dans une voie spirituelle qu’elle a rencontrée à La Réunion. Vraiment quelle belle terre ! Faisons un peu plus connaissance avec elle.


Nadine, vous êtes nonne zen. Emmenez-nous à la rencontre de cet état d’esprit ?


- Le ici et le maintenant, l’instant présent et être présent dans ce que l’on fait, voilà ce qui est important. Lorsqu’un bijoutier façonne un bijou, il est pleinement dans sa création. Plus rien autour de lui ne va le déconcentrer. Le bijou et lui ne font plus qu’un. Cet état d’esprit passe par la posture zazen, — la méditation assise — on s’immobilise, assis sur un coussin, les genoux enfoncés dans le sol, le bassin en avant et le dos droit, la main gauche dans la main droite et les pouces face à face. La respiration vient du ventre. La concentration se porte sur elle. On garde la bouche fermée, on respire par le nez. Les pensées, on les laisse passer comme les nuages qui arrivent et s’en vont. On est en éveil sur ce qui se passe autour de nous. À force de pratique, cette respiration, avec laquelle on naît, revient naturellement.

Découverte de la posture zazen

Dites-nous comment s’est faite cette rencontre ?


- En France, je suis le yoga et à La Réunion, la méditation zen. On me prête un livre où je découvre la posture zazen sans la lier ni au bouddhisme japonais, ni à une voie spirituelle. Au début de sa pratique dans un dojo, je me rends compte que s’y ajoute un enseignement. Je m’intéresse au Bouddha (son histoire, sa vie), à l’origine zen. Je m’aperçois que les Japonais pratiquent le zen et la posture zazen. Celui qui a développé ou « semé la graine » — l’essence de l’enseignement et de la pratique zen — en France et en Europe se nomme Déshimaru. D’autres maîtres vont par la suite la véhiculer aux États-Unis et dans d’autres pays du monde. À La Réunion, j’accepte la perte d’un être cher, mon père. Ce deuil m’a ouvert les yeux sur la voie. Elle signifie aller à la rencontre de soi mais aussi s’engager envers soi et les autres.

Les anciens

Parlez-nous des piliers de cette pratique ?


- Le mot pilier évoque pour moi la présence des anciens dans la pratique du zazen à des endroits bien précis du dojo. Ils se placent dans deux coins face au centre où ils veillent à la bonne posture et au bon alignement des personnes. Il est impératif de ne pas bouger. Par leur présence, ils donnent l’exemple.

Le Wesak fêté au Jardin de l’État

Un événement se prépare, vous voulez bien nous le confier ?


- Pour les bouddhistes, mai est important. À lieu le jour de la pleine lune, le Wesak ou Fête du Bouddha que l’on célèbrera le 14 au Jardin de l’État (Saint-Denis). L’occasion de faire connaître le bouddhisme, les pratiques et traditions vivantes sur notre île, de rencontrer des lamas, des moines tibétains, des moines zen… Une véritable journée de partage autour de la non-violence, l’amitié entre les peuples, l’harmonie dans les familles, la paix dans le monde et la préservation de la nature.

Accepter les différences

Le “vivre ensemble”, quel sens vous lui donnez ?


- Je suis de la banlieue parisienne où j’avais des amis portugais, espagnols, italiens, algériens, tunisiens, vietnamiens… de confessions catholique, musulmane, bouddhiste, juive… J’ai toujours vécu entouré de gens de races et de religions différentes. Cela m’a suivi puisque j’ai retrouvé à La Réunion les mêmes personnes et pratiques. Vivre toujours avec elles permet d’avoir l’esprit ouvert, d’être tolérant, d’accepter les différences, de s’enrichir…

« Un zazen au peuple du Soleil Levant »

Avec le peuple japonais, qui traverse une situation terrible, de quelle façon vous leur manifestez votre soutien ?


- J’ai dédié un zazen au peuple du Soleil Levant. On est tous reliés les uns aux autres. Ce qui leur arrive nous touche aussi. À travers cette situation, ils nous apprennent à accepter l’inévitable.

Nadine a trouvé sa voie. À chacun d’entre nous de s’affirmer au quotidien et de se sentir bien en soi et avec les autres. Certes cela semble difficile — mais qu’est-ce qui ne l’est pas ? Avec de la pratique et de la patience, on peut y arriver !

 Jean Fabrice Nativel 


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