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par le Dr Raymond Vergès

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’Les Marrons’, de Louis-Timagène Houat — 24 —

Nout mémwar

vendredi 17 mai 2013


Dans cette chronique ’Nout mémwar’, voici la fin du 3ème chapitre (’Le marronage’) du texte de Louis-Timagène Houat paru quatre ans avant l’abolition de l’esclavage à La Réunion sous le titre ’Les Marrons’, au sujet des esclaves et des traitements imposés aux marrons dans les colonies françaises. L’auteur raconte comment un groupe d’esclaves marrons malgaches quitte « l’habitation coloniale » réunionnaise « au pied des Salazes » pour se réfugier dans les Hauts. L’un d’eux laisse ses camarades dans « un établissement » et après une chute il est attaqué par des chiens de chasseurs de marrons…


« Ils supposèrent alors que son corps, en tombant, s’était abîmé sur un des rochers avancés du flanc de la montagne, et qu’il y était resté ».
(photo d’archives PB)

Assailli par quatre à la fois de ces terribles animaux, et forcé de faire face à leur attaque acharnée, il tenait tête et se défendait avec tout ce qu’il pouvait trouver sous sa main. Mais, tout en se défendant, il cherchait toujours à fuir ; il craignait l’arrivée des chasseurs ; il battait en retraite, et le malheureux allait à reculons, ne songeant pas qu’un des versants du morne, un précipice affreux était derrière lui !... Il y disparut tout à coup !...

Arrêtés court et désappointés jusqu’à la rage de voir ainsi échapper leur proie, les quatre chiens hurlaient contre l’abîme, en même temps que deux hommes, armés de longs fusils, accouraient en toute hâte à leurs cris...

—  Il a dégringolé , se dirent-ils, en ne voyant que leurs limiers seuls au bord du précipice.

—  Mais nous le retrouverons en bas, et nous aurons du moins la prime de son poignet coupé , ajoutèrent-ils, en prenant un sentier qui conduisait à l’une des descentes les moins rapides de la colline.

Arrivés, non sans plusieurs détours et beaucoup de mal, au bas du morne et à l’endroit où ils pensaient que le marron était tombé, ils furent étonnés de ne pas l’y voir. Ils le cherchèrent, concurremment avec leurs chiens, et ne le trouvèrent pas, quels que soient les soins qu’ils y mirent.

Ils supposèrent alors que son corps, en tombant, s’était abîmé sur un des rochers avancés du flanc de la montagne, et qu’il y était resté. Mais les lieux étaient trop escarpés pour oser s’y hasarder.

Confus, ils abandonnèrent toute recherche ; et, sifflant leurs chiens qui rôdaient toujours, ils partirent pour continuer leur chasse d’hommes sur un autre point des Salazes.

(à suivre)


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