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Trésors de la Maison Valliamé
Exposition de peinture contemporaine
vendredi 25 août 2017, par
Vestige de la société de plantation, la Maison Valliamé dresse son style colonial à vérandas et portiques, lambrequins et auvents, apothéose de l’architecture de bois dur qui tend en un ultime effort aux limites de la résistance de l’ouvrage. Le visiteur se surprend à découvrir, en ce lieu paradoxal, massif et éblouissant de l’extérieur, étroit et sombre en dedans, avec des hauteurs de plafonds sans pareilles pour ventiler l’habitat, une exposition de peinture contemporaine.
Trois artistes s’en partagent les obscures salles en une explosion de formes et de couleurs : Indira Soucramanien, Jérôme Chereau, et Hafiza Amla. Leurs œuvres se jouent de la pénombre et du filtre de la lumière réfléchie sur la cire des parquets, des boiseries, dans laquelle s’opposent et se fragmentent les lignes.
Attirée par « l’Abstraction Intuitive », Mme Soucramanien nous détaille sa démarche : « Au fur et à mesure que je peins un élément, d’autres formes apparaissent. En travaillant le contraste, la couleur, la lumière, le traitement de la peinture, je donne un rôle à ces formes. Et une fois que le geste est fini, il y a comme une énergie libérée… Mon Corps devient le premier ‘Outil’ d’expression. J’essaie de créer une harmonie visuelle qui correspond à l’émotion que je ressens au moment où je peins ».
Les faveurs de M. Chereau vont au surréalisme, un mouvement « qui transgresse les fondements du réel ». Désireux de toucher au spirituel, il procède ici dans la représentation de méduses, « métaphores contradictoires de la prédation et de la beauté, être vivants transparents, simplifiés, performants, lui semblent fragiles, mais pas moins efficaces. Leurs formes, ajoute-t-il, rappellent la nébuleuse céleste issue de l’explosion d’une étoile massive… » La voie du noir et blanc qu’il emprunte « magnifie les ombres et la lumière et contribue à donner une interprétation simple du Mystique ».
Mme Amla, elle, s’applique, de ses stylos de couleur, à observer l’enfance, à en rendre la quintessence au moyen de petits traits enchevêtrés et mutins dont l’objet est de traduire sur le papier l’illusion du mouvement : « Ce travail, dit-elle, est une réflexion sur l’enfance et ses petits êtres submergés d’énergie. Les innombrables petits traits font penser à des vibrations qui incarnent le bouillonnement de l’enfant. J’ai cherché un dessin qui bouge, qui vibre, qui ne reste pas immobile. »
L’exposition est accrochée aux cimaises jusqu’au 31 courant.
Et pour voir plus loin : d’ici un an, ces trois artistes ont convenu de travailler dans un esprit dialogique autour de l’œuvre de l’artiste néo-impressionniste Charles Angrand (1854-1926).
Jean-Baptiste Kiya