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Tissons des liens intergénérationnels

Journée de la 3ème jeunesse

vendredi 25 octobre 2013, par Jean Fabrice Nativel


Il y avait de l’ambiance dimanche de la semaine dernière au Jardin de l’État. Toute l’après-midi, la 3ème jeunesse a dansé sur différents airs. Comme le disait l’un d’entre eux, « mèm si la mizik lé pa biyn réglé, kan mèm sa nou dans ». En bref, il voulait confier que dans la vie, « pa la pène kass la tèt, anvoy a li kom larivé ».


Unis pour toujours.

Sur la scène du Jardin de l’État (Saint-Denis), les gramoun ont balancé de vifs pas de danse le dimanche 20 octobre à l’occasion d’une journée qui leur était dédiée. Quelle joie de les voir en pleine vitalité !

 

Cependant, lorsque l’on prend le temps de les écouter, d’échanger avec eux sur leur vie passée, il en ressort qu’elle a été pour nombre d’entre eux très mouvementée. Avec bravoure, ils ont surmonté les épreuves.

 

A travailler tôt

 

Nos grands-pères et grands-mères ont pour nombreux vécu dans des cases en paille. Celle-ci, se souvient l’une d’entre elles, comportait deux pièces, l’une servait de salle à manger et l’autre de chambre à coucher — collective.

 

Elle a passé quelques mois, tout au plus, sur les bancs de l’école. Enfant, elle a commencé à travailler, explique-t-elle. Tous les matins, elle acheminait l’eau de la fontaine publique au logis. Puis, elle nettoyait la cour, allait chercher à manger pour les animaux.

 

Entre temps, « j’aidais maman à la cuisine » . L’alimentation restait simple : « maï, do ri, manyok, patat… » . Cette habitude, qu’elle qualifie d’hygiène de vie, elle l’a gardée. C’est pourquoi elle est en pleine forme.

 

Les anciens passeurs de valeurs

 

Devenue adolescente, chez des particuliers, elle a été lavandière, femme de ménage — elle s’occupait de la maison, des enfants, du jardin. Avec une parente, elle avait appris à coudre et cela lui a servi par la suite.

 

Avec ses frères et sœurs, elle s’évadait parfois l’après-midi dans les forêts de filaos à écouter les martins, kouti, béliyé, moutardiyé, s’rin… De retour, il arrivait qu’en famille, elle se retrouvait dans la cuisine — où les bananes mûrissaient — à partager une part d’gato maï kui dan’d la marmit su feu d’boi.

 

Cette dame ne s’est jamais plainte de sa vie. Les épreuves, elle en a connues, elle les a affrontées les unes après les autres pour au fil du temps ne prêter attention qu’à l’essentiel et au temps présent.

 

Auprès des anciens, on s’enrichit de valeurs : le partage, l’entraide, l’amitié… On se rend compte aussi que l’on est peu de chose sur cette terre. Et qu’il nous revient de décider ce que l’on veut faire de nos vies !

 

Jean-Fabrice Nativel

Portfolio


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