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Accord a minima signé à Lima

Conférence sur le climat

lundi 15 décembre 2014, par Céline Tabou


Après onze jours de négociations, les représentants des 195 pays du monde ont signé un faible compromis qui va compliquer la préparation de la Conférence de Paris, en décembre 2015, où il est prévu de signer le premier accord mondial engageant pays industrialisés et pays en développement dans une action commune contre le réchauffement climatique.


L’accord de Lima donne les bases de la discussions pour la conférence de Paris l’année prochaine. (photo Domingo Giribaldi/COP20/CMP10)

Ce compromis n’est pas celui auquel s’attendait certains négociateurs, ni organisations non gouvernementales. Il serait d’ailleurs loin de la dynamique suscitée par le sommet des chefs d’Etat organisé par le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, à New York en septembre, et l’accord bilatéral entre les Etats-Unis et la Chine.

Manque de confiance

Depuis 2011, les négociations avaient pour objectif de signer un accord permettant de limiter la hausse des températures à 2°C d’ici à la fin du siècle. Mais « les gouvernements à Lima ont fait le strict minimum pour garder le processus de négociations multilatéral en vie, mais ils n’ont pas fait assez pour convaincre que le monde est prêt à adopter un accord sur le climat ambitieux et équitable l’an prochain à Paris », a déploré Mary Robinson, envoyée spéciale des Nations unies pour le climat.
D’après plusieurs négociateurs interrogés par le quotidien Le Monde, le problème de fond est l’absence de confiance entre Etats. « Nous partageons tous le sens de l’urgence, mais nous n’avons pas confiance les uns dans les autres », a déclaré le ministre de l’environnement de Singapour, Vivian Balakristan, lors d’une séance plénière samedi 13 décembre.
Malgré cela, un compromis a été trouvé. Les représentants ont adopté par consensus un cadre général pour leurs futurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ces contributions nationales devraient être annoncées l’an prochain, avant la grande conférence de Paris. Avant cela, les Etats-Unis ont admis que l’adaptation au changement climatique devait être un sujet de premier ordre. De son côté, la Chine s’est associée aux pays émergents et en développement et les petites îles, qui ont rappelé le coût des impacts du réchauffement.

Faire des efforts

Les négociations se sont cristallisées sur la définition des contributions nationales que devront remettre les Etats d’ici mars, « pour ceux qui le peuvent », ont précisé certains représentants. Celles-ci définiront la stratégie de réduction des émissions de CO2, qui a été rééquilibrée pour satisfaire les pays du sud, premières victimes des changements climatique. Ainsi, le principe d’une « responsabilité commune, mais différenciée » a été réaffirmé.
Les efforts d’atténuation devraient être le sujet d’une synthèse, qui sera présentée en novembre 2015, un mois avant la conférence de Paris, sans mécanisme d’évaluation. Cela signifie que l’alerte voulue par certains pays n’a pas été adoptée, bien qu’elle aurait pu obliger les Etats à faire davantage pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, responsable du réchauffement climatique.
Aucune réponse n’a été faite aux pays en développement sur la capitalisation du Fonds vert pour le climat qui devra rassembler 100 milliards de dollars d’aide. Cette promesse non tenue est l’une des raisons de la défiance des pays en développement vis-à-vis des pays développés.

Peu d’ambition

Pour les ONG, le texte n’est pas assez ambitieux, « bien que l’Union européenne souhaitait un accord plus ambitieux à Lima, nous croyons que nous sommes en route pour un accord global à Paris », a expliqué Miguel Arias Cañete, le commissaire européen chargé du climat et de l’énergie, à l’Agence France Presse.
Antonio Marcondes, négociateur brésilien, s’est dit “satisfait”, car « les besoins des pays en voie de développement » ont été reconnus. Malgré cet enthousiasme, Harjeet Singh de l’ONG, ActionAid International, estime que « le texte n’apporte rien de significatif sur les financements, les pertes et dommages, et l’action avant 2020 ». Tous s’accordent à dire que les négociations ont « évité le naufrage sur les côtes péruviennes », mais « la faiblesse des résultats de Lima est un appel à continuer la mobilisation ».
Selon Alden Meyer, expert de l’Union of concerned scientists et observateur des débats, les divergences sont profondes sur le financement, « quels pays sont davantage obligés à agir pour réduire les émissions et faut-il donner une plus grande priorité à l’adaptation ». Si ces divisions et la défiance ne sont pas résolus rapidement, un accord pourrait être bloqué à Paris, a prévenu ce dernier.


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