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par le Dr Raymond Vergès

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Changement climatique : la course à l’adaptation

Préparation de Paris 2015

samedi 5 juillet 2014


Momina Ali, une adolescente, vit dans une région parmi les plus inhospitalières et les plus chaudes de la planète – la région d’Afar, en Ethiopie, où les températures annuelles moyennes tournent autour de 35 degrés Celsius. Son village, Anderkelo, connait des pluies de plus en plus irrégulières et Momina manque une journée d’école tous les trois ou quatre jours pour aller chercher de l’eau. Il y a de fortes chances pour que les trajets effectués par Momina pour aller chercher de l’eau s’allongent, en fonction de l’impact de la hausse des températures sur les précipitations dans son village et aux alentours et donc sur l’eau potable.


Momina Ali, 13 ans, manque un jour d’école pour aller chercher de l’eau. Photo : Jaspreet Kindra/IRIN

En 2015, les décideurs mondiaux souhaitent prendre des décisions qui peuvent affecter l’avenir de personnes comme Momina. L’issue de la réunion de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) qui sera organisée en décembre 2015 à Paris, les nouveaux objectifs de développement et le cadre successeur au cadre de Hyogo pour la prévention des catastrophes naturelles seront des éléments clés.
L’accord sur le climat ne sera appliqué qu’en 2020, conformément à l’engagement pris par les pays participants à Durban en 2011. Ce sera l’apogée de près de 20 ans de négociations internationales. Mais avant cela, un projet d’accord doit être élaboré en vue de l’avant-dernière conférence de la CCNUCC (COP20) qui se tiendra à Lima, au Pérou, en décembre 2014.
« Dans un monde idéal, l’accord reposerait sur le postulat que les plus gros pollueurs doivent faire plus d’efforts en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial et s’engagent à fournir des financements pour soutenir les pays les plus affectés par le changement climatique – même si les gouvernements sont encore loin de s’accorder sur quelque chose d’aussi ambitieux ou juste », a dit Sven Harmeling, chargé de plaidoyer de CARE international pour le changement climatique.
Les discussions relatives au montant des sommes qui seront versées par chaque pays développé afin d’aider les pays les plus pauvres - comme l’Ethiopie - à s’adapter à la hausse des températures et à pallier à l’irrégularité des précipitations revêtent une importance cruciale. Si les pays les plus pauvres parviennent à leurs fins, l’accord devrait permettre au village de Momina d’accéder aux technologies qui permettraient : de faciliter la découverte d’eau plus près du village ; de donner l’alerte précoce de la sécheresse ou d’autres alertes ; et d’établir de nouvelles structures de soutien pour s’attaquer aux pertes liées au climat, par exemple, si les populations doivent migrer.
Un élément clé est l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre que chaque pays est prêt à se fixer afin de limiter la hausse des températures mondiales à moins de 1,5 degrés à la fin du siècle.
« Il est fort probable que Momina devra se déplacer », a dit Saleemul Huq, scientifique et agrégé supérieur de recherche à l’Institut international pour l’environnement et le développement (IIED), et membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). « Une hausse des températures au cours des 20 à 30 prochaines années est déjà prévue, quelle que soit l’issue de la réunion de Paris sur la réduction des émissions. Les personnes qui vivent sur le fil du rasoir, comme Momina, devront migrer dans moins de dix ans ».
Mais la famille de Momina peut espérer obtenir une compensation pour les « pertes et dommages » subis suite à la hausse des températures, si une décision appropriée venait à être prise à Paris, a dit M. Huq. La décision concernant le niveau de réduction des émissions aura un impact à long terme pour la planète, « pendant plus de 50 ans, jusqu’à 100 ans », a-t-il dit.
IRIN examine les progrès accomplis jusqu’à présent en matière de changement climatique et pour les communautés vulnérables.

Aide à l’adaptation

La question de la nécessité d’un apport régulier de financements appropriés et d’un soutien technologique pour l’adaptation a fait l’objet de vives discussions.
Certains pays en développement envisagent d’inclure un engagement sur leurs mesures d’adaptations planifiées dans leurs contributions décidées à l’échelle nationale (Nationally Determined Contributions, iNDCs) et dont l’élément clé est le niveau de réduction des émissions partir de 2020. Plusieurs pays soulignent l’importance des programmes nationaux d’adaptation (PNA) qui seront des outils pour lever des fonds auprès des pays riches.
La proposition du Groupe africain de fixer un objectif d’adaptation global qui permettrait de garantir que l’aide à l’adaptation serait allouée en fonction du niveau prévu de réchauffement mondial constituerait une avancée positive, a dit M. Harmeling.
« La promesse de fonds destinés au financement de l’adaptation est comme la carotte que l’on agite devant les pays en développement mais qu’ils ne pourront jamais saisir, quoi qu’ils fassent. Les pays riches qui ont réclamé des politiques, des programmes et des actions d’adaptation et qui n’ont pas tenu leur promesse de les financer les font passer pour des ânes », a dit Harjeet Singh d’ActionAid.

Source Irinews


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