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Unanimité dans l’importance de la lutte contre le changement climatique

La COP21 et ses conséquences à La Réunion

jeudi 5 mai 2016, par Manuel Marchal


Après la COP21, quelles conséquences pour La Réunion, tel était le thème du débat organisé hier au Parc des expositions par le SIDELEC. Il s’est déroulé en présence de près de 150 personnes, notamment des élus, représentants d’administration, d’associations, d’universitaires et d’entreprises du secteur de l’énergie. 20 ans après la conférence de presse de Paul Vergès sur le climat, les faits confirment une nouvelle fois l’analyse exposée qui était alors moquée par des médias. Aujourd’hui, c’est cette analyse qui triomphe.


Maurice Gironcel, président du SIDELEC Réunion.

Dans le discours de bienvenue, Maurice Gironcel, président du SIDELEC Réunion, a salué une participation en hausse par rapport à la première édition de ce type de débat organisé l’an dernier à pareille époque. Cela démontre « l’intérêt pour l’avenir de notre pays ». « Notre planète brule, laisser faire serait suicidaire », a-t-il dit, précisant que les activités humaines sont notamment responsables de ce fait avec des conséquences sur le climat. Maurice Gironcel a aussi rappelé que le changement climatique a des effets déjà visibles. Une étude récente a montré qu’un milliard de travailleurs en subissent directement les effets. C’est une situation qui risque de s’aggraver

C’est pourquoi l’Accord de Paris est « une formidable étape porteuse d’espoir. Nous devons réussir, plus aucun sursis ne nous sera accordé.

Le président du SIDELEC Réunion a appelé à « se donner tous les moyens pour tendre vers le développement durable et solidaire, le vrai sens de l’égalité réelle ». Cela suppose d’aller vers « une nouvelle civilisation » débarrassée des pollutions et des guerres.

Pour La Réunion, les conséquences de la COP21 s’appliquent dans un contexte marqué par des défis nombreux, tels que le chômage de masse et la mise en œuvre des Accords de partenariat économique. « Au cours des 25 prochaines années, des défis extraordinaires sont à relever ». Maurice Gironcel a la conviction qu’ « un projet réunionnais émergera ».

Richesses de la biodiversité

François Bellouard, directeur adjoint du Service général pour les affaires régionales de la préfecture est intervenu au nom de l’État. « L’Accord de Paris est fondé sur la justice climatique », a-t-il indiqué, d’où un premier axe de travail : la solidarité avec les pays en voie de développement. La France y consacrera à terme 5 milliards par an. Le second axe est la transition écologique et énergétique. Cela suppose un changement de modèle et le changement climatique est dans ce contexte une opportunité, car il pousse à agir.

Enfin le troisième axe est la recherche-innovation avec comme but atteindre l’autonomie électrique en 2030. La conseillère départementale Annie Hoarau a ensuite décliné les actions de sa collectivité en matière de développement durable, qui est au cœur des politiques publiques a-t-elle dit.

Daniel Gonthier, président du Parc national des Hauts de La Réunion a insisté sur les effets du changement climatique sur la biodiversité. 50 % des coraux sont touchés par le blanchiment. Il a également souligné que 85 % de la biodiversité de la République se situe dans les outre-mer, or les décisions sont prises à Paris. Il a également ajouté que ces outre-mer ont une autre richesse par leur valeur en crédit carbone. Quand le crédit carbone sera-t-il affecté en priorité là où il y a la biodivesité.

Vanessa Miranville, maire de La Possession a montré une application du développement durable dans sa commune : le projet Cœur de ville lancé par son prédécesseur Roland Robert.

Pour sa part, Alin Guezello, représentant de la Région Réunion et président de SPL Energie, a confirmé l’abandon de l’autonomie énergétique pour l’autonomie électrique. D’après lui, le poids des transports empêche d’atteindre l’autonomie énergétique.

Michel Magnan, directeur régional d’EDF, a mis en évidence une préoccupation : préparer le réseau électrique à l’arrivée des énergies renouvelables intermittentes. Le seuil limitant à 30 % la part maximale du photovoltaïque et de l’éolien a été relevé à 32 % grâce à l’installation d’une batterie de grande capacité à Saint-André. Il passera à 35 % avec l’implantation de 5 MW de batteries. Le but est d’arriver à entre 40 et 45 % en 2023.

Il a salué la réussite réunionnaise que constituent les 130.000 chauffe-eau solaire qui produisent autant d’énergie que deux turbines à combustion, tout en rappelant que 36 % des foyers réunionnais ont des revenus si faibles qu’ils ont droit au tarif de première nécessité d’EDF.

Une énergie gratuite pour l’habitation

Michel Dijoux, Président de Solar Réunion et de Témérgie a plaidé pour une approche de rupture. L’idée est d’arriver à une énergie gratuite pour l’habitation. Cela s’appuie sur le développement des énergies renouvelables, en particulier en autoproduction. Mais des verrous persistent sur les plans politique, économique et culturel.

Selon Michel Dijoux, la COP21 est un « très beau début ». Mais le fonds d’adaptation de 100 milliards d’euros par an n’est pas suffisant, il en faudrait 5 fois plus. Il a aussi mis en avant la capacité de La Réunion à développer les énergies renouvelables, cela peut être un moyen de faire venir les touristes. « Il faut juste y croire et écouter le monde économique ».

François Bonnardeau de Météo France a expliqué les différents travaux fait par son service dans le domaine du changement climatique. Une exposition de Météo France présente dans la salle en donnait des illustrations concrètes : mesures de températures, de précipitation, évolution des trajectoires des cyclones.

Il a également annoncé la création l’année prochaine à La Réunion d’un site web regroupant les informations sur le changement climatique à destination en particulier des décideurs.

Après la projection d’un film montrant les atouts de La Réunion en matière d’énergie renouvelables, place au débat. Ce dernier sera développé dans notre prochaine édition.

À l’heure de conclure, Maurice Gironcel a affirmé que « dans notre pays, nous pouvons avoir des solutions réunionnaises ». Les échanges de la matinée soulignent la volonté de travailler ensemble. Le président du SIDELEC Réunion a rappelé que dès 1996, Paul Vergès avait parlé de la nécessaire adaptation au changement climatique. Paul Vergès était moqué et décrié, les faits lui ont donné raison. C’est ce que montre d’ailleurs la tenue d’un tel débat sur les conséquences d’un accord sur la lutte contre le changement climatique.

Il a annoncé pour l’an prochain un débat amené à s’élargir avec pourquoi pas des représentants de pays voisins. « Qu’à Paris ils nous entendent enfin ».

M.M.


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