Témoignages - Journal fondé le 5 mai 1944
par le Dr Raymond Vergès

Cliquez et soutenez la candidature des Chagossiens au Prix Nobel de la Paix

Accueil > Développement > Environnement

Que faire des déchets ultimes d’une station d’épuration ?

Un système manifestement inadapté à notre environnement

mercredi 28 mai 2014


Selon ses concepteurs, la station d’épuration du Grand Prado transforme des eaux usées en eau de qualité de baignade. Mais le processus engendre des déchets, en particulier des boues. que faire de ces déchets ultimes ? Veolia, le CIRAD et la CINOR ont présenté lundi une expérimentation.


Les effets des déchets ultimes sur l’environnement sont testés sur une parcelle de canne à sucre.

Dans le cadre du premier Comité Scientifique pour la mise en place du suivi agroenvironnemental de l’épandage agricole des boues de la station d’épuration du Grand Prado, la CINOR, Veolia Eau et le CIRAD ont invité l’ensemble des acteurs locaux à la présentation de leur programme environnemental local, SOERE-PRO Réunion.

Le dispositif mis en place permettra d’étudier les effets agronomiques et environnementaux à long terme de l’épandage des Produits Résiduaires Organiques (PRO : boues de stations d’épuration, effluents d’élevage…) sur les différents compartiments de l’environnement (eau, air, sol, plante) et ainsi de constituer le socle de connaissance du comportement des sols réunionnais soumis à ces différents modes de fertilisation. Ces PRO seront également comparés à une fertilisation minérale classique.

Selon la CINOR, Veolia et le CIRAD, « les résultats du programme conditionneront la faisabilité de la valorisation agricole des boues de la station du Grand Prado, mais orienteront également les démarches à mettre en œuvre pour d’autres stations, dans des pays où la culture de la canne à sucre est pratiquée ».

Pollution aussi préoccupante que les incinérateurs ou le nucléaire


Aussi louables soient les objectifs de cette expérimentation, ils révèlent l’inadaptation des stations d’épuration sur le modèle occidental au traitement des eaux usées à La Réunion. C’est tout d’abord le centralisme. Une seule usine est chargée de s’occuper du problème de Sainte-Marie et Saint-Denis réunies, soit bien plus de 150.000 habitants. Un blocage, et c’est l’assainissement d’un Réunionnais sur 5 remis en cause.

La conséquence de ce centralisme, ce sont des kilomètres de tuyau pour transporter de l’eau usée jusqu’au point de traitement. La Réunion est une île montagneuse tropicale, ce qui n’est pas le cas des pays occidentaux d’où viennent ces stations d’épuration. Le coût du transport est donc plus élevé.

Les installations sont performantes, car elles produisent de l’eau de qualité de baignade. Mais cette eau est rejetée à la mer. Ce système fait au’à La Réunion, l’eau ne sert qu’une fois.

L’expérimentation en cours révèle un aspect plus inquiétant. Comme les incinérateurs, les stations d’épuration produisent des déchets ultimes qu’il faut bien traiter pour empêcher une grave pollution. Alors des tests sont lancés, avec cette fois ci l’étude de la fertilisation de la canne à sucre par ces déchets. L’objectif affiché signifie donc que dans les pays où pousse la canne à sucre, personne n’a encore testé l’épandage des boues des stations d’épuration sur les plantations. Cela ne veut-il pas dire que dans les pays où pousse la canne à sucre, d’autres modes de traitement des eaux usés peuvent exister ?

Quoiqu’ en soit, ces déchets ultimes sont un problème considérable. C’est un point commun des stations d’épuration avec les incinérateurs et les centrales nucléaires. Qui songerait à implanter ces deux derniers équipements à La Réunion ?


Un message, un commentaire ?

signaler contenu


Facebook Twitter Linkedin Google plus