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Faudra-t-il une plainte pour baisser les prix d’Air Austral ?

Continuité territoriale : le triple-président va-t-il agir pour répercuter la diminution du kérosène ?

vendredi 5 décembre 2014, par Manuel Marchal


Alors que le prix du kérosène atteint un bas niveau jamais vu depuis plusieurs années, les prix des billets d’avion sont toujours aussi chers. À La Réunion, le président de la Région dit se battre pour que les Réunionnais voyagent moins cher. Il donne de l’argent public aux transporteurs aériens pour cela. Or, ce président est aussi celui d’Air Austral et du principal actionnaire de cette compagnie, la SEMATRA. Qu’attend-il pour agir afin qu’Air Austral donne le signal de la baisse des prix en diminuant ses tarifs de 15 % ? Ailleurs dans le monde, des actions en justice se préparent ou sont en cours pour baisser les prix.


Air Austral est dirigée par un président qui est aussi celui du principal actionnaire, tout en étant celui de la collectivité qui distribue des bons de réduction aux passagers. Ce triple-président doit donc obliger la compagnie à répercuter la baisse du prix du kérosène sur le prix des billets d’avion. (Photo Air Austral)

Dans ses précédentes éditions, Témoignages a fait état d’une baisse significative du prix du kérosène. Il est à son point le plus bas depuis plusieurs années. Mais les compagnies aériennes tardent à répercuter cette baisse sur le prix des billets d’avion. C’est notamment le cas à La Réunion, où en plus toutes les compagnies sauf Air Madagascar sont subventionnées par la Région Réunion et l’État. Les passagers peuvent en effet prétendre à une aide de 360 euros, qui va finalement dans la caisse des transporteurs. C’est le dispositif dit de « continuité territoriale ». L’État compte mettre de l’ordre dans cette dotation sans fermer le robinet. Il décide donc de cibler sa participation sur les personnes qui auraient les pires difficultés à voyager sans cette aide. Pour sa part, la Région Réunion a décidé de donner aux riches, car les conditions d’attribution de la subvention sont très généreuses : même un foyer ayant un quotient familial supérieur à 2.000 euros par mois y a droit sans autre justificatif que l’intention de voyager.

De l’utilité d’un triple-président…

Il va sans dire qu’avec une telle manne qui tombe des poches des contribuables, les compagnies aériennes peuvent se permettre de maintenir des prix élevés, c’est ce qu’avait mis en évidence le dernier rapport de la Cour des comptes sur les finances publiques.
Pour justifier ce soutien aux compagnies aériennes, Didier Robert, président de la Région, dit que les Réunionnais doivent avoir le droit de voyager moins cher. C’est le prétexte choisi pour monter un mouvement de protestation contre le gouvernement qui s’est dégonflé aussi vite qu’il était monté.
Le prix du kérosène a baissé d’environ 30 %. La moitié de cette baisse doit revenir aux passagers. Donc, si Didier Robert veut agir concrètement pour que les Réunionnais paient moins cher le billet d’avion, alors il doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour faire plier Air Austral, compagnie dont il préside le Conseil de surveillance, et aussi le principal actionnaire, la SEMATRA.
Il est clair que quand Air Austral baissera ses prix de 15 %, Air Mauritius, Air France, Corsair et XL Airways devront s’aligner. Tous les passagers seront gagnants.
Toute inaction de la part de Didier Robert amènera à s’interroger sur l’intérêt d’avoir un triple-président à La Réunion. Pourquoi diriger à la fois la collectivité qui subventionne, une compagnie aérienne et son actionnaire si c’est pour ne pas être capable de répercuter la baisse du prix du kérosène au profit des passagers ?

Baisse et recours

Ailleurs dans le monde, la situation évolue dans le sens des usagers. En Chine, les compagnies chinoises ont décidé d’un commun accord de baisser leurs prix dans les vols intérieurs parce que le prix du kérosène a baissé. Les passagers bénéficient d’une 4e ristourne depuis le mois de septembre.
Et quand les transporteurs résistent, ils peuvent s’attendre à des recours. C’est ce qui se passe au Canada, où un passager veut faire condamner Air Canada, car il estime que la surcharge carburant n’est qu’un moyen de faire augmenter les prix.
L’inaction du triple-président ira-t-elle jusqu’à amener des usagers de la ligne La Réunion-France à cette extrémité ?

Faudra-t-il aller en justice ?


Dans un article publié le 4 novembre dernier, DéplacementsPros.com évoque le cas d’un passager qui a décidé de porter plainte contre une compagnie aérienne. Il estime que la part du billet finançant la consommation en carburant est supérieure à la réalité. Voici quelques explications :

Selon le site Droit-inc.com, qui détaille cette affaire, « Le requérant affirme que le montant du supplément carburant facturé ne correspond pas au montant prévu à la définition du montant du supplément carburant, présentée sur le site web transactionnel ». Toujours selon le site québécois spécialisé « L’affaire de Robert Choquette s’est amorcée en juin 2014 lorsqu’il a fait l’achat d’un titre de transport Montréal-Paris, aller-retour, sur le site d’Air Canada. Il a payé 921,81 $, en incluant les taxes, frais et suppléments pour ses vols prévus les 14 et 28 septembre 2014. Le supplément carburant facturé à M. Choquette a atteint 476 dollars, 238 dollars pour l’aller et le même montant pour le retour. Les 476 dollars représentent 51,6 % du prix du billet ». Au final, le plaignant démontre que le montant du supplément carburant représente 137 % du coût total du carburant nécessaire pour effectuer les vols. De quoi étonner les clients qui, au final, financent deux fois leur vol ! Robert Choquette se dit étonné et indigné de cette situation qu’il qualifie d’anormale et se dit bien décidé d’aller au bout de cette histoire.
En Allemagne, deux associations de consommateurs se sont également attaqués au problème en récoltant plus de 7800 avis de voyageurs. On ne connait pas pour l’heure la finalité des actions engagées.

Source : DéplacementsPros.com


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