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50 vérités sur Ernesto « Che » Guevara -2-

Un article de Salim Lamrani

lundi 19 juin 2017, par Salim Lamrani


Le « guérillero héroïque » cubano-argentin perdure dans la mémoire collective comme symbole de résistance à l’oppression.


Guevara arrive au Guatemala avec une pensée politique bien définie comme le montre la lettre qu’il écrit à sa tante Beatriz le 10 décembre 1953 : « J’ai eu l’opportunité de passer par les domaines de la United Fruit, me convainquant une fois de plus que ces poulpes sont terribles. J’ai juré devant une photo du vieux et regretté camarade Staline de n’avoir de trêve tant que ces poulpes capitalistes n’auront pas été détruits. Au Guatemala, je me perfectionnerai et j’obtiendrai ce qui me manque pour être un révolutionnaire authentique. Ton neveu, celui à la santé de fer, à l’estomac vide et à la foi lumineuse en l’avenir socialiste ».

Guevara assiste au coup d’Etat organisé par la CIA et le colonel Castillo Armas en juin 1954. Il intègre les brigades juvéniles communistes qui organisent la résistance et demandent en vain des armes au gouvernement. L’Etat-major de l’armée soutient le putschiste et exige le départ de Jacobo Arbenz qui est renversé en juillet 1954.

Guevara tire les leçons du coup d’Etat contre Arbenz dans une lettre à sa mère : « La trahison est toujours le patriotisme de l’armée, et une fois de plus est démontré l’aphorisme qui indique que la liquidation de l’armée est le véritable début de la démocratie ».

Après s’être réfugié à l’ambassade d’Argentine, il obtient en septembre 1954 un sauf-conduit pour se rendre au Mexique, où il résidera plus de deux ans. Il travaille comme photographe et médecin et arrive à survivre tant bien que mal. Peu après son arrivée, il retrouve son ami cubain López qui l’invite à rejoindre les autres rescapés du Moncada.

En 1955, Guevara rencontre Raúl Castro, récemment sorti de prison, avec lequel il se lie d’amitié. Peu après, il le présente à Fidel Castro. Ce dernier se souvient : « Le Che était de ceux pour qui tout le monde ressentait immédiatement de l’affection, à cause de sa simplicité, de son caractère, de son naturel, de son esprit de camaraderie, de sa personnalité, de son originalité. Il n’a pas fallu beaucoup de temps pour nous mettre d’accord et l’accepter dans notre expédition. […] Quand nous nous sommes rencontrés, il était déjà un révolutionnaire formé, un grand talent, une grande intelligence et une grande capacité théorique ». Fidel Castro est également frappé par le caractère de l’Argentin : « Le Che souffrait d’asthme. Il y avait le Popocatépetl, un volcan qui se trouve près de Mexico, et tous les weekends, il essayait d’escalader le Popocatépetl […] de 5 482 mètres avec des neiges éternelles. Il commençait son ascension, il faisait un effort énorme et n’arrivait pas au sommet. L’asthme réduisait ses efforts à néant. La semaine suivante, il essayait de nouveau de grimper et il n’y arrivait pas. […] Il n’est jamais arrivé au sommet. Mais il essayait de nouveau d’y grimper et il aurait passé sa vie entière à tenter de grimper au Popocatépetl, il faisait un effort héroïque, même s’il n’atteignait jamais le sommet. Vous voyez le caractère. Cela donne une idée de sa force d’esprit, de sa constance ».

Guevara est également marqué par la personnalité de Fidel Castro. Dans une lettre à ses parents, il écrit : « J’ai sympathisé avec Raúl Castro, le petit frère de Fidel. Il m’a présenté au chef du Mouvement. […] J’ai bavardé avec Fidel toute la nuit. Et au petit matin j’étais déjà le médecin de la future expédition. […] Fidel m’a impressionné comme un homme extraordinaire […]. Il avait une foi exceptionnelle. […] Je partageais son optimisme ». Che demande alors à Fidel Castro de lui permettre d’aller se battre en Argentine, une fois que la Révolution triompherait à Cuba.

Le 2 décembre 1956, Guevara débarque à Cuba avec les révolutionnaires menés par Fidel Castro. Ils sont rapidement dispersés par l’armée de Batista qui les surprend dès leur arrivée.

Che Guevara se distingue très vite par son audace et ses capacités de leader. Fidel Castro se remémore les premiers moments : « Lors du premier combat victorieux, le Che était déjà soldat de notre troupe et, en même temps, il était toujours médecin. Lors du deuxième combat victorieux, le Che n’était pas seulement soldat mais le soldat le plus distingué de ce combat, réalisant pour la première fois l’une de ces prouesses singulières qui le caractérisaient dans toutes les actions […]. C’était l’une de ses caractéristiques essentielles : la disposition immédiate, instantanée, à se porter volontaire pour réaliser la mission la plus dangereuse. Et cela, naturellement, suscitait l’admiration, la double admiration vis-à-vis du compagnon qui luttait avec nous, qui n’était pas né sur cette terre, qui était un homme aux idées profondes, qui était un homme dont l’esprit bouillonnait de rêves de lutte dans d’autres parties du continent, mais qui disposait de cet altruisme, de ce désintéressement, de cette disposition à faire toujours ce qui était le plus difficile, à constamment risquer sa vie ».

Fidel Castro décide de le nommer commandant en juillet 1957 et Guevara prend la tête d’une deuxième colonne appelée « Colonne n°4 » pour tromper l’ennemi sur le nombre de guérilléros. Guevara est le premier à obtenir ce grade, bien avant Raúl Castro.

Implacable avec les traitres, les assassins, les voleurs et les violeurs à qui il applique la peine capitale, Guevara se montre en revanche généreux avec les soldats ennemis faits prisonniers auxquels il accorde la plus grande attention, ainsi qu’avec les blessés. Guevara relate un épisode à ce sujet : « En prenant d’assaut le premier camion, nous avons trouvé deux soldats tués et un blessé qui dans son agonie faisait encore mine de se battre. Il a été achevé sans que lui soit laissé la possibilité de se rendre, ce qu’il ne pouvait faire car il était à demi inconscient. Cet acte de vandalisme a été réalisé par un combattant dont la famille avait été anéantie par l’armée de Batista. Je lui ai reproché violemment son acte sans me rendre compte qu’un autre soldat blessé m’entendait. Il s’était glissé sous des couvertures et était resté sans bouger sur la plateforme du camion. En entendant cela, et les excuses fournies par notre camarade, le soldat ennemi s’est signalé à nous en nous demandant de ne pas le tuer ; une balle lui avait fracturé la jambe et il est resté étendu au bord du chemin tandis que les combats se poursuivaient dans les deux autres camions. Chaque fois qu’un combattant passait à côté de lui, l’homme criait : ‘Ne me tuez pas, ne me tuez pas, le Che a dit qu’on ne tuait pas les prisonniers !’ »

À suivre

Salim Lamrani

Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim Lamrani est Maître de conférences à l’Université de La Réunion, et journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis.

Son nouvel ouvrage s’intitule Fidel Castro, héros des déshérités (Paris, Editions Estrella, 2016) et comporte une préface d’Eduardo Galeano.

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