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par le Dr Raymond Vergès

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La Catalogne va-t-elle suivre la voie des pays baltes ?

Conséquence de la crise économique en Europe : chaine humaine pour l’autodétermination dans le Nord-Est de l’Espagne

samedi 14 septembre 2013


Le 23 août 1989, deux millions de personnes organisent une chaine humaine de 600 kilomètres traversant les trois pays baltes : Lituanie, Lettonie et Estonie. Ils demandaient l’indépendance. Deux ans plus tard, elle était effective. C’est pourquoi la manifestation de mercredi en Catalogne ne doit pas être sous-estimée.


Mercredi, des centaines de milliers de personnes ont formé une chaine humaine de 400 kilomètres en Catalogne, région autonome de l’Espagne. Ces manifestants demandent la tenue d’un référendum d’autodétermination. Ils ont utilisé une heure symbolique pour se donner la main : 17h14 parce qu’elle fait écho à la date du 11 septembre 1714, jour de la prise de Barcelone par les troupes franco-espagnoles à l’issue de la guerre de Succession, qui a débouché sur une réduction draconienne de l’autonomie de la Catalogne. A l’heure dite, les participants se sont pris par la main, en criant « Independencia », tout au long du parcours dénommé « Voie catalane vers l’indépendance ».

Pouvoir central accusé

Dans une Espagne frappée par la crise depuis 2008, les difficultés économiques de la puissante région catalane ont nourri les rancœurs envers Madrid et alimenté le sentiment indépendantiste. « Avant, je n’étais pas indépendantiste. Je me suis radicalisé avec le temps », racontait Albert Solé, un enseignant de 46 ans qui, avec toute sa famille, était au rendez-vous à Arenys de Munt. « Je me suis toujours senti très Catalan, mais aujourd’hui, nous sommes arrivés à un point où l’asphyxie économique est telle que le sentiment indépendantiste se trouve exacerbé ».

Ce mouvement n’est pas sans rappeler celui des pays baltes le 23 août 1989. L’objectif était le même, revendiquer l’indépendance. Tout comme en Catalogne mercredi, la date était choisie avec soin par les Baltes, c’était la commémoration du 40ème anniversaire du pacte germano-soviétique qui avait prévu la fin de l’indépendance de la Lituanie, de la Lettonie et de l’Estonie. Deux ans plus tard, les pays baltes redevenaient indépendants.

À la frontière de la France

C’est pourquoi la manifestation de mercredi ne doit pas être sous-estimée. L’indépendance de la Catalogne signifierait la création d’un nouvel État de plus de 7 millions d’habitants à la frontière Sud de la France, avec une langue et une culture proches de l’occitan.

Quant à l’Espagne, elle recouvrirait les frontières de l’ancien royaume de Castille. Ainsi la péninsule ibérique reviendrait à l’organisation politique qui existait voici 500 ans, c’est-à-dire avant le début des expéditions coloniales européennes.

Un droit qui n’est plus contesté

Après la manifestation de mercredi en Catalogne, aucun commentaire n’est venu accuser les participants à la chaine humaine d’être des anti-patriotes, ou alors de vouloir vendre leur pays à une puissance étrangère.

Ils demandent le droit de prendre la responsabilité de décider.

Cela montre le chemin parcouru depuis l’époque où cette revendication était systématiquement combattue et dévoyée par les conservateurs et la presse à La Réunion. C’est un nouveau signe de la défaite idéologique totale de ceux qui se sont cramponnés au statu quo.

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