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La Grèce à la croisée des chemins

Nouveau plan d’austérité

samedi 25 juin 2011, par Geoffroy Géraud-Legros


Mis en demeure par les grands argentiers de l’Eurozone et du FMI, le chef du gouvernement grec imposera un nouveau plan d’austérité aux bas salaires et aux classes moyennes. Au bord d’une régression sociale sans précédent, la population entendra-t-elle les appels à la révolte ?


Mai 2010 : en échange d’un plan d’austérité sans précédent portant presque uniquement sur les classes moyennes et les bas salaires, plusieurs pays de la zone Euro et le FMI élaboraient un programme d’aide à la Grèce. Une aide fort conditionnée de 110 milliards d’euros, dont le pays peut bénéficier par tranches. Dans ce cadre, Athènes demandait ce mois-ci une enveloppe de 12 milliards d’euros. Accroissant la pression sur le pays, les ministres de la zone Euro et la Direction intérimaire du FMI ont strictement conditionné l’octroi de la nouvelle tranche à un cinquième plan d’austérité.

La rigueur à marche forcée

Une décision prise par les grands argentiers européens, que le Parlement hellénique a été littéralement sommé d’approuver. Un premier pas a été accompli en ce sens mardi dernier, après un vote de confiance renouvelée à M. Papandréou. Le Premier ministre a néanmoins échoué à rallier l’opposition conservatrice, malgré les pressions européennes en faveur d’un tel consensus.
En attendant le vote du plan de rigueur, lui-même mardi prochain, l’Union européenne, réunie en Sommet, planche depuis hier sur la question grecque, même si celle-ci n’était pas à l’ordre du jour de cette rencontre entre chefs d’État et de gouvernement. Si le choix d’imposer la rigueur au pays fait consensus, un différend oppose Mme Merkel à la plupart des représentants des États membres.
Pour la Chancelière allemande, les banques privées, qui spéculent sur la dette grecque et mettent en danger l’édifice financier européen, doivent être mises à contribution de manière « conséquente ». Une solution qui n’a guère eu l’oreille de ses homologues, et qu’Angela Merkel semble assouplir : lors de la conférence de presse donnée hier à l’issue du Sommet européen, la dirigeante allemande n’a pas souhaité préciser le montant de l’aide « conséquente » qui sera demandée au secteur privé.

Les plus faibles mis à contribution

Les Grecs ont pour leur part pris connaissance dans la presse du contenu du plan de rigueur. Comme il y a un an, celui-ci pèsera surtout sur des classes moyennes déjà fortement appauvries et précarisées. Il est par exemple prévu d’abaisser à 8.000 euros annuels le plafond du revenu minimal imposable, fixé jusqu’alors à 12.000 euros annuels. Une mesure qui paraît explosive, lorsqu’on sait que la révolte des « 600 euros », cette large frange de la jeunesse précarisée, avait abouti à un mouvement quasi insurrectionnel en décembre 2008.
Une fois encore, l’effort demandé au plus haut salaire demeure symbolique, avec une taxation supplémentaire de 1 à 5% pour les salaires supérieurs à 12.000 euros. Aucune annonce, en revanche, ne concerne les très hauts revenus et patrimoines, bénéficiaires pendant plusieurs années consécutives de mesures permettant la mobilité des capitaux et l’évasion fiscale.
On estime aujourd’hui à 300 milliards d’euros les avoirs placés par les grands pouvoirs économiques du pays dans des banques étrangères. Le programme annoncé envisage de surcroît une hausse des taxes sur les produits de première nécessité, tels que le fuel de chauffage. Là encore, consommateurs et PME seront les premières visées.

Vent de révolte

L’opposition à la rigueur imposée va croissant : en dehors des actions traditionnelles — les Grecs en sont à leur cinquième grève générale —, des mouvements civiques appellent eux aussi à la révolte, tel le « Spytha » (Etincelle), dont le grand compositeur, résistant et homme politique Mikis Théodorakis s’est fait avant-hier le porte-parole. Une exaspération nourrie tant par la perspective de régression sociale que par le sentiment d’une prise en main complète par des pouvoirs extérieurs et des banques étrangères d’un pays où le sentiment national domine.
Le plus grand syndicat grec a appelé à 48 heures de grève générale pour les 28 et 29 juin prochains. Le bras de fer tournera-t-il à la révolte généralisée ? Ou l’agenda institutionnel, qui prévoit l’organisation prochaine d’un referendum constitutionnel, prélude à un nouveau plan de rigueur, dominera-t-il ?

Geoffroy Géraud-Legros


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