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La population paie le prix de l’impasse du logement

Un modèle à bout de souffle — 13 —

mercredi 17 novembre 2010, par Manuel Marchal


Un loyer de 600 euros par mois pour s’entasser dans une chambre d’hôtel, ou alors la rue : voici le choix laissé à de nombreuses familles réunionnaises. C’est le résultat de l’application dans notre île d’un modèle qui n’a jamais été capable de garantir le droit de tous les Réunionnais à un logement décent. Du fait de la diminution de la subvention directe de l’État destinée à la construction de logements sociaux, cette impasse va encore s’accentuer.


L’impasse du logement provoquée par un modèle à bout de souffle : le 28 octobre dernier, "Témoignages" rappelait l’impossibilité du modèle actuel à faire respecter le droit au logement de tous les Réunionnais. Durant la période d’excédent budgétaire de l’État, et alors que La Réunion était deux fois moins peuplée qu’aujourd’hui, aucun gouvernement n’a mis suffisamment de moyens pour atteindre ce but. Aujourd’hui, avec une population supérieure à 800.000 habitants, et avec un déficit budgétaire record, ce droit sera encore plus difficilement respecté. Le gouvernement a en effet prévu pour l’an prochain une diminution de la Ligne budgétaire unique (LBU), c’est-à-dire la principale source de financement de la construction du logement social.
Pourtant, dans le contexte réunionnais, un effort considérable est nécessaire pour accélérer la construction de logements sociaux. C’est d’ailleurs le sens d’une proposition du document commun du Conseil général et du Conseil régional présenté le 26 août dernier et adopté à l’unanimité des élus des deux assemblées.
Mais à ce jour, ces propositions ne sont toujours pas entendues. Ce sont les Réunionnais qui paient le prix de ces décennies d’errements. Parce qu’il n’y a pas assez de logements sociaux, et parce que la pénurie d’emplois tire les revenus vers le bas, nombreuses sont les familles qui n’ont qu’une seule solution pour échapper à la rue : s’entasser dans une chambre d’hôtel pour un loyer de plusieurs centaines d’euros.
Voilà le résultat de l’application d’un modèle à bout de souffle. Car les familles qui ont trouvé refuge dans un ancien hôtel de Saint-Denis sont loin d’être un cas isolé. Leur situation illustre ce qu’est capable de produire un modèle qu’il est urgent de changer. Faire la queue durant des heures pour obtenir un colis alimentaire et engloutir la majorité de ses revenus pour payer un logement trop petit : voilà des perspectives offertes à un peuple par un modèle à bout de souffle. Comment peut-on alors parler de développement durable dans de telles conditions ?

Manuel Marchal


« Un engagement financier pluriannuel conséquent et adapté de la part de l’État »

Voici les propositions formulées dans le document commun présenté par la Région et le Département le 26 août 2009, dans le cadre des Etats-généraux de l’Outre-mer.

Produire massivement des logements sociaux à loyer minoré accessibles aux plus démunis et bénéficiant d’une implantation géographique favorable à l’insertion socio-économique. Il est nécessaire pour cela de réunir un certain nombre de conditions (Cf. IV), dont un engagement financier pluriannuel conséquent et adapté de la part de l’État, et ce, dès 2009. (…)
Le second défi urgent réside dans la satisfaction des 30.000 demandes de logements sociaux en attente, car si le rythme de constructions de ce type de logement était de 2.500 par an dans les années 90, il est tombé en 2007 à 1.300 ! Sous l’effet de cette demande de logement social et de la croissance démographique, le besoin de logements nouveaux est de 180.000 pour la période 2010/2030, soit une augmentation d’environ 60% du parc actuel !


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