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par le Dr Raymond Vergès

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« La question de la transparence sur les prix… »

Une contribution au débat sur la formation des prix

mardi 6 mars 2012


Dans un courrier qu’il a fait parvenir aux journaux, l’auteur de ’Réconciliation et fraternité’ explique que si nous allons nous approvisionner aux meilleurs prix quelque part dans le monde, le bénéfice doit profiter aux consommateurs, pas aux importateurs. D’où la nécessité d’une alliance entre producteurs des pays pauvres et consommateurs des pays riches, qui ont « des intérêts convergents évidents ».


Les manifestations sociales ont mis en exergue le problème de la cherté de la vie. Une tendance forte de l’opinion souhaite un transfert de nos achats d’Europe vers les pays où les prix sont moins chers. Si le volume de nos échanges directs avec ces pays est réellement faible, la réalité est plus complexe.

De vastes monopoles mondiaux se sont construits dans la collecte et la distribution de marchandises où des centrales d’achats organisent l’oppression des producteurs afin d’obtenir des prix toujours plus bas dans les pays pauvres afin d’en retirer la marge la plus importante lors de la vente aux consommateurs. En première loge de ce pillage, il y a le groupe américain Walt Mart, et en deuxième position pointe le groupe français Carrefour.

Le rapport de force est tel qu’ils peuvent mettre à genoux des entreprises, voire la direction politique de territoires entiers. Dans ces conditions, la transparence sur les prix ne peut pas consister en la vérification des factures présentées à l’entrée du territoire de contrôle. Les dés sont pipés d’avance. Au-delà des prix, ce sont les marges insolentes qui intéressent l’opinion publique. Un pouvoir complice rend la tâche difficile. Un pouvoir exigeant pourra toujours arracher quelques améliorations. On comprend pourquoi les gouvernements de droite comme de gauche ont torpillé l’Observatoire des Prix et des Revenus.

Comment évoluer ? Il faut, une fois de plus, faire le constat que nous avons changé d’échelle et que le besoin de transparence repense et restructure des rapports sociaux inédits. Un mouvement social peut partir de La Réunion pour imposer la connaissance sur les prix de revient à la source. Cela fait partie de ce que nous appelons un beau combat pour « une ère nouvelle de droits fondamentaux ».

Voici comment ce problème est traité dans “Réconciliation et fraternité”, 2009, en page 59-60.

« Enfin, notre île doit pouvoir s’approvisionner partout et aux meilleurs prix. Les bénéfices ainsi récupérés doivent profiter au consommateur final, pas aux seuls importateurs. La démocratie et la transparence ne doivent pas s’arrêter aux portes de l’économie. Le consommateur, l’usager a le droit de savoir ce qu’il achète et ce qu’il paie. Les peuples ont réussi à imposer plusieurs références : la composition des produits, l’origine de la fabrication, les dates de production ou de péremption. Une exigence de modernité et de confiance serait la transparence sur la composition des prix des biens et services, mettant en exergue le coût de production.
L’alliance des travailleurs des pays pauvres et des consommateurs des pays riches repose sur des intérêts convergents évidents : d’un côté, ils subissent l’exploitation de la misère, et de l’autre, ils financent les profits le long de toute la chaîne des intermédiaires, y compris la spéculation boursière. Celui qui paie a le droit de savoir s’il finance l’emballage, la marque, le produit, ou bien des marges opaques.
Savoir aide à structurer des rapports apaisés, mais cela permet également d’analyser chaque paramètre pour créer de meilleures conditions de développement. À ce moment-là, les chômeurs des pays riches ne vont plus s’abaisser à insulter les travailleurs des pays pauvres qui, avec leur salaire de misère, assurent deux fonctions objectives : maintenir le pouvoir d’achat des riches et tenter de vivre décemment du fruit de leur travail. Dans une société en co-responsabilité illimitée, la transparence est à la base de la fraternité, voire de la simple civilité ».

Conclusion : Il suffirait d’inscrire dans un petit coin de l’emballage ou sur une étiquette le prix de revient d’origine, tout comme on informe sur la composition souvent complexe des produits. On a bien réussi à inscrire la date de ponte sur un œuf de poule !

Ary Yee Chong Tchi Kan, auteur


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