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L’Alliance soulève les préoccupations des Réunionnais

Visite de la ministre de l’Outre-mer

jeudi 20 mai 2010, par Manuel Marchal


L’Alliance fait part de son interrogation sur la programmation de la visite de Marie-Luce Penchard à La Réunion et les préoccupations qui animent les Réunionnais : le BTP, l’agriculture, l’éducation… La pauvreté gagne du terrain à La Réunion, et l’urgence sociale nécessite une action concrète. Tour d’horizon des questions sur lesquelles l’Alliance interpelle la ministre de l’Outre-mer.


« La pauvreté gagne du terrain à La Réunion, les affichages ne doivent pas couvrir les problèmes des Réunionnais », déclare Maya Césari, la visite de la ministre de l’Outre-mer se doit en effet de ne pas passer à côté des principales préoccupations de la population.
La Réunion est en situation d’urgence sociale, avec un coût de la vie qui ne cesse d’augmenter. « Comment vivre avec 443 euros par mois ? Comment faire avec une retraite à 500 ou 600 euros par mois quand le loyer est de 300 euros par mois ? », rappelle André Thien Ah Koon qui demande si les mesures du CIOM (Conseil interministériel sur l’Outre-mer) prennent véritablement en compte le fait que bien plus de la moitié des Réunionnais vivent en dessous du seuil de pauvreté.
« La situation sociale est explosive », constate l’Alliance. André Thien Ah Koon dénonce une « mise sous tutelle des Réunionnais par les grands groupes » de la distribution.
Ce degré d’explosivité est entretenu par des frustrations, notamment dans le domaine du logement. La fin de la défiscalisation lancée en 2002 exclut la classe moyenne de l’accès à la propriété, alors qu’elle est déjà exclue du logement social. « La révolte gronde, la ministre doit se mettre au travail », lance l’élu de l’Alliance.
Cette révolte, elle est présente dans le sentiment qui anime le mouvement des jeunes néotitulaires en grève pour obtenir le droit d’enseigner dans leur pays. Aline Murin-Hoarau rappelle l’urgence vécue par ses enseignants qui campaient jusqu’à mardi à la Région et qui ont décidé de planter leur tente hier devant le rectorat. « Quoi de plus normal que de rester dans son île natale ? », souligne l’élue de l’Alliance. Et de rappeler que dans son discours de conclusion du Conseil interministériel sur l’Outre-mer, le président de la République a fait part de la nécessité de créer les conditions pour que la fonction publique d’État soient composées en plus grand nombre de personnes originaires des territoires qu’elle administre.

Urgence dans l’éducation

L’autre urgence dans le domaine de l’éducation concerne la lutte contre les suppressions de classes : déjà 10 à Saint-Paul et 3 à Sainte-Suzanne doivent fermer à la prochaine rentrée. « Pourquoi fermer des classes dans une île où il y a 120.000 illettrés, où il est dit qu’il manque des enseignants, où la croissance démographique est importante, où 52% de la population vit sous le seuil de pauvreté ? », interroge Aline Murin-Hoarau, l’éducation est-elle vraiment une priorité du gouvernement ?
La ministre de l’Outre-mer est-elle prête à œuvrer pour annuler les fermetures de classes et pour permettre à de jeunes enseignants d’être affectés dans leur île ?
Ces questions relatives à l’urgence sociale sont liées à la place que tient l’Outre-mer dans la politique du gouvernement, précise Maya Césari. Une clarification interviendra prochainement lors de la ventilation des fonds récoltés par le Grand emprunt. Ces derniers doivent notamment servir à miser sur la nouvelle économie. La Réunion a déjà rédigé sa stratégie régionale, comment sera-t-elle considérée ?

Manuel Marchal


Continuité territoriale : où est passé l’argent de 2008, 2009 et 2010 ?

L’Alliance a renouvelé son opposition à la démarche de la nouvelle majorité en matière de continuité territoriale. Michel Lagourgue explique que c’est d’ailleurs un événement historique qui se prépare aujourd’hui, avec pour cadre la signature de l’entrée de la Région Réunion dans le GIP "continuité territoriale" chapeauté par l’État. Car pour la première fois, un ministre se déplace à La Réunion pour signer un document qui est la recherche par l’État d’un financement venant des Réunionnais pour une compétence de l’État.
Il serait d’ailleurs étonnant que l’Alliance cautionne par sa présence à la cérémonie de signature, un acte qui marque un tel affaiblissement de la collectivité.
C’est une première dans les DOM, et dans les RUP et cela crée une brèche dans la solidarité jusqu’à présent sans faille qui liait les régions ultrapériphériques de l’Union européenne. Cet acte entre en opposition en effet avec la déclaration commune du 17 mai, des présidents des Régions Guadeloupe, Guyane et Martinique.
Sur la continuité territoriale, l’essentiel est oublié du programme. Michel Lagourgue demande donc une clarification sur un aspect de cette question : que sont devenues les sommes prélevées sur les taxes d’aéroport à La Réunion pour financer la dotation de continuité territoriale mais qui n’ont pas été versées aux Réunionnais en 2008, 2009 et 2010 ?


Quel avenir pour les moteurs de l’économie ?

Philippe Jean-Pierre rappelle que de nombreuses incertitudes planent sur les moteurs de l’économie réunionnaise. En premier lieu les transferts publics : vont-ils se contracter ? La crise en Europe n’est guère rassurante sur ce point.
Les niches fiscales ont permis de nombreux investissements à La Réunion, elles sont aujourd’hui remises en cause, constate l’élu de l’Alliance. Cette remise en cause se concrétisera-t-elle pour La Réunion ?
Les grands chantiers sont une réponse à l’urgence sociale immédiate en créant rapidement des milliers d’emplois, mais aussi aux préoccupations à moyen terme en structurant l’aménagement de notre territoire, ajoute Philippe Jean-Pierre. Or, en fonction du résultat d’une échéance électorale, d’importants projets sont annulés ou reportés. Les acteurs économiques pourront-ils savoir si leurs projets pourront s’inscrire dans la stabilité ? Quelles seront les réponses apportées sur toutes ces questions par les mesures issues du Conseil interministériel sur l’Outre-mer ?


Quelle ouverture de La Réunion sur le monde ?

Yasmina Panchbaya souligne combien l’ouverture de La Réunion sur le monde est capitale pour le développement. Mais continue de se poser le problème des visas pour nos voisins qui souhaitent séjourner, mais également pour les ressortissants de pays émetteurs de touristes en forte croissance, notamment l’Inde ou la Chine.
Il est donc primordial de prendre des mesures pour accélérer la délivrance de visas pour les visiteurs potentiels de notre île qui viennent de notre environnement géographique proche et des pays du monde les plus peuplés.


Pourquoi un président et un rapporteur des EGOM ont été écartés ?

Comment interpréter l’exclusion d’un président et d’un rapporteur d’atelier d’États-généraux de la cérémonie d’installation du Comité de suivi des mesures du CIOM ?
Philippe Berne et Wilfrid Bertile, respectivement président et rapporteur d’un des 8 ateliers des États généraux de l’Outre-mer à La Réunion n’ont pas été conviés à la cérémonie présidée par la ministre de l’Outre-mer. Or, la participation aux États-généraux se faisait en tant que personne, et non pas en tant qu’élu de telle assemblée. Alors pourquoi Philippe Berne et Wilfrid Bertile ont-ils été mis à l’écart ?
Ce fait ne manque pas d’interpeller l’Alliance, partenaire actif des États-généraux de l’Outre-mer, d’autant plus que Didier Robert avait interdit aux conseillers régionaux du groupe UMP de participer à la séance plénière de la Région consacrée aux États-généraux.


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