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L’avenir de la filière canne dépendra uniquement de Tereos

Une conséquence de la fin du quota sucrier en 2017

vendredi 2 août 2013, par Manuel Marchal


Lors de l’échange d’hier au Conseil général, Younous Omarjee a interrogé le Commissaire européen à l’Agriculture sur plusieurs questions, en particulier les interrogations liées à la fin du quota sucrier, et les effets des accords commerciaux. Dacian Ciolos a apporté quelques précisions. La fin du quota consacrera un changement historique : une coopérative de planteurs de betteraves pourra décider de l’avenir de la canne à sucre à La Réunion.


Younous Omarjee, député au Parlement européen, a salué une mission qui concrétise l’engagement de Dacian Ciolos de venir au plus près de la réalité de notre agriculture dans le cadre de la préparation de la refonte de POSEI. « C’est en ce moment que se décide jusqu’à 2020 » , a-t-il poursuivi avant de citer les trois programmes essentiels pour les RUP en phase de réforme : la politique de cohésion, le POSEI et la pêche.

Le député est revenu sur la bataille pour maintenir à l’identique les fonds pour la cohésion dans un contexte de restriction budgétaire. Il a constaté que le maintien des enveloppes POSEI est un élément particulièrement positif.

Les acteurs sont maintenant invités à faire remonter des propositions concrètes.

Pour la politique de la pêche, Younous Omarjee a aussi noté une évolution très positive.

Des questions

Sur la question de la fin des quotas sucriers à partir de 2017, il a déclaré que la filière canne a des moyens d’être compétitive, elle a toujours été pionnière en matière de recherche. « Il reste malgré tout des interrogations sur l’avenir », a-t-il affirmé, soutenant que dès à présent, il faut se mobiliser « pour que cette filière continue de jouer son rôle structurant dans l’agriculture et l’économie de La Réunion » .

Sur les accords commerciaux, le député a fait part d’un sentiment selon lequel les efforts de la Commission Agriculture sont annulés par la politique conduite par une autre commission qui ne prend pas suffisamment en compte les intérêts des RUP. Younous Omarjee a cité le cas des producteurs de bananes qui verront leur situation se compliquer sérieusement à partir de 2018.

Sur ce dernier point, Dacian Ciolos a indiqué que la Commission n’agit que dans le cadre du mandat confié par les États membres. C’est donc aux États membres de trouver un certain équilibre.

Dans la main de l’usinier

Sur la filière sucre, il a répondu que « l’élimination des quotas ne sera pas forcément négative à condition d’une mise en valeur de la production et de davantage travailler dans la recherche » . Ce point a été davantage développé lors de la conférence de presse.

Cette élimination pourrait avoir ici une influence, car les producteurs de sucre de betterave n’auront plus de limitation à leur production. Autrement dit vu de La Réunion, ce serait une plus grande concurrence de la part des planteurs de betteraves.

Le commissaire a noté qu’à La Réunion, la moitié du sucre produit l’est sous forme de sucres spéciaux. Ce sont des sucres de qualité, mais en Europe, « ils ne sont pas clairement identifiés en tant que sucre de qualité de La Réunion. Les consommateurs ne le savent pas » . À cette démarche de qualité, le Commissaire a ajouté que La Réunion a « un outil très fort de recherche que beaucoup de concurrents n’ont pas, et dont ils bénéficient en seconde main » .

« Avec une organisation et un suivi attentif, je ne pense pas que l’élimination de quota ait un impact sur le court terme » , a-t-il précisé.

Mais sur une échéance plus longue, ce ne sera pas la même chose. « Tout dépendra de la stratégie d’entreprise qu’aura le propriétaire des usines » qui sera fonction de l’évolution du marché, et de la stratégie interne au groupe Tereos car La Réunion n’est qu’un actif parmi d’autres situés notamment au Brésil pour l’industrie de la canne ou en Europe pour la betterave. Ce sera donc la stratégie de ce qui est à la base une coopérative de planteurs de betteraves, qui décidera de l’avenir de milliers de planteurs de canne à sucre.

Manuel Marchal

L’accord de partenariat économique inquiète

Jean-Yves Minatchy a fait part des craintes des producteurs vis-à-vis de l’intégration régionale de La Réunion avec comme seul principe le libre-échange.

« Ces pays ont un coût de production nettement inférieur au nôtre et ils ont les mêmes filières que nous » , a précisé le dirigeant syndical, citant la différence des SMIC, 25 euros par mois à Madagascar, moins de 200 à Maurice, alors qu’à La Réunion, le SMIC français s’applique. « Et quand un ambassadeur dit que Madagascar a 90% des terres arables de la zone, bonjour les dégâts » .

André Thien Ah Koon a abondé dans le même sens. Il a constaté que l’Accord de partenariat économique signé entre l’Union européenne et des pays de notre région s’est fait sans les Réunionnais. Cet accord ouvre notre marché, et si ces pays « exportent leur production à La Réunion, ce sera la faillite de tout ce qui a été fait » depuis le début du peuplement de notre île.

Le conseiller général a demandé « le transfert en matière de clause de sauvegarde aux collectivités de La Réunion. Pour protéger les secteurs qui existent encore » .

« L’APE ne tient pas compte de notre existence dans l’océan Indien » , dit-il. Et si les collectivités n’obtenaient pas le transfert de la compétence pour décider d’appliquer la clause de sauvegarde, alors il faudrait enlever le plafonnement de l’octroi de mer. Pour André Thien Ah Koon, le relèvement de cette taxe sur les produits agricoles concurrençant les agriculteurs réunionnais à La Réunion permettrait de sauver l’essentiel.
Une plate-forme Internet

Pierre Vergès a remercié le Commissaire européen de porter l’idée d’assimiler sans être assimilé, ainsi que sa réactivité par rapport aux suggestions. Nous arrivons à un cycle, et avons la volonté de prolonger cette démarche, dit le vice-président du Conseil général délégué à l’Agriculture. « Nous allons mettre en place une plate-forme internet recensant les expériences des différents acteurs pour mesurer la globalité de notre démarche, et la cohérence de celle-ci » , conclut-il.

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