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L’exaspération s’amplifie

Crise sociale et politique

jeudi 6 décembre 2012, par Manuel Marchal


Plus d’argent, plus d’emploi, la fin de l’année s’annonce difficile et le début 2013 encore plus… hier les événements ont montré de nouvelles tensions face auxquelles les emplois d’avenir apparaissent comme bien dérisoires. Alors qu’en France, le sauvetage de Florange est en train de se transformer en bombe sociale, à La Réunion la situation encore plus grave fait craindre un climat d’émeutes.


En France, le climat social s’est brutalement tendu hier au sujet des hauts fourneaux de Florange, plus de 600 travailleurs sont menacés. Cette affaire a des répercussions dans le gouvernement et divise même le PS. La publication du texte d’un accord entre le gouvernement et la société Mittal a mis le feu aux poudres. Les syndicalistes qui devaient rencontrer hier soir le Premier ministre se sentaient trahis. La tentative de sauvetage des travailleurs de Florange s’est transformée en une grave crise politique sans que le problème social ne soit résolu.

À La Réunion aussi la situation sociale est tendue. Cinq événements hier l’ont rappelé.

Des manifestations hier

Tout d’abord, des employés communaux de Saint-Denis ont barré deux voies sur trois d’une route nationale. Ils revendiquent une hausse de leur salaire et des meilleures conditions de travail. Aussitôt, c’est le coma circulatoire : tout était bloqué à Saint-Denis. Au même moment, des emplois verts manifestaient devant l’agence du Pôle emploi de Saint-André, ils demandent la prolongation de leur contrat. Ils ont promis de nouvelles actions, car ils considèrent que les engagements de septembre n’ont pas été tenus. Pendant ce temps, l’INSEE publiait les résultats de son enquête emploi. Ils font apparaître une hausse de 37% du nombre de Réunionnais qui veulent travailler, mais qui ne sont plus comptés officiellement comme des chômeurs. Ils sont tellement découragés par le chômage qu’ils ne vont plus à Pôle emploi.

Quelques heures plus tard, le préfet entouré par plusieurs parlementaires du Parti socialiste français présentait officiellement le dispositif emploi d’avenir. Vergoz à côté du préfet, c’était vraiment le clou du spectacle…

Parmi les employeurs potentiels présents, plusieurs interrogés par la télévision avouaient que même avec l’aide de l’État (plus de 1.000 euros sur un SMIC de moins de 1.500 euros), cela ne suffira pas pour embaucher. Et encore, dans la présentation faite du dispositif, le salaire des futurs emplois d’avenir n’est pas majoré par le RSTA, payé par l’État et la prime COSPAR, cofinancé par l’État par une exonération des cotisations sociales, est-ce un "oubli" inquiétant ?

Pour sa part, l’AJFER-Nou Lé Kapab tirait les enseignements de la conférence de presse de l’INSEE et de la présentation des emplois d’avenir.

RSTA et bonus COSPAR supprimés ?

La fin de l’année approche, la situation sociale continue à se tendre et les illusions s’envolent. Les travailleurs de Saint-Denis posent le problème de l’unité de traitement de la fonction publique. Car si ces agents communaux étaient titularisés, ils n’auraient pas été obligés de revendiquer. Or la municipalité dionysienne a annoncé le recrutement de 300 emplois d’avenir, comment pourra-t-elle donner satisfaction à ces autres travailleurs sans augmenter la pression fiscale ?

C’est dans ce contexte que le gouvernement s’apprête à mettre fin au RSTA et au bonus COSPAR, c’est-à-dire que se prépare une baisse des salaires pouvant aller jusqu’à 150 euros chez les salariés les plus pauvres.

Paul Vergès a été le seul parlementaire à agir contre ce scandale. Il a déposé un amendement demandant le maintien de l’aide de l’État à la prime COSPAR. Suite à l’avis défavorable du gouvernement, l’amendement a été rejeté. Cela n’est pas de bon augure pour le maintien du RSTA, 100 euros versés par l’État chaque mois.

Le Parti communiste réunionnais a donc décidé de lancer une pétition pour obliger le gouvernement à laisser vivre le RSTA et la prime COSPAR. Sans ce maintien, La Réunion se dirigera vers un début d’année très difficile. Il y a fort à craindre que les émeutes de février dernier se répètent, mais en bien plus grave.

Manuel Marchal

Emplois d’avenir : les députés face à leurs promesses

Le dispositif emplois d’avenir est-il mort-né ? Hier à la préfecture, à en croire certains employeurs potentiels, il sera difficile d’embaucher en utilisant ce dispositif. Et embaucher pourquoi ?

Dans les collectivités, les budgets de fonctionnement sont en augmentation, et cela sert surtout pour payer du personnel précaire. Alors que l’unité de la fonction publique n’existe pas à La Réunion, une nouvelle catégorie de précaires est en préparation. Saint-Denis, ville de deux députés PSF, a demandé 300 contrats, combien de centaines seront accordées à Saint-Paul, Saint-Benoît, Saint-Joseph et Saint-Leu, des villes dirigées par des députés se disant dans la majorité ?

N’oublions pas que lors de la campagne électorale, ces députés avaient fait du contrat d’avenir un élément essentiel de leur programme. Une partie de ces députés étaient hier autour du préfet. Désormais, les 7 députés sont au pied du mur de leur promesse. Les électrices et les électeurs qui ont voté pour eux vont pouvoir leur demander des comptes : combien de contrats apportent-ils réellement ? Qui aura droit ? Qui sera exclu ?

Car pour quelques centaines d’embauches dans une commune, combien de jeunes seront-ils frustrés alors qu’ils remplissent eux aussi les critères ?

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