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La nécessaire adaptation du réseau électrique à La Réunion

Les suites de Bejisa

vendredi 10 janvier 2014, par Manuel Marchal


La centralisation du réseau vient une nouvelle fois de montrer ses faiblesses. L’adaptation au changement climatique passe par une production au plus près de la consommation avec les énergies renouvelables, comme le préconise le projet de l’autonomie énergétique.


Si les abonnés disposaient eux-mêmes de leur propre centrale électrique, ce fil tombé à terre à cause du cyclone ne les aurait pas privés de courant.

Le fil rouge du passage du cyclone, c’était le décompte du nombre de foyers privés d’électricité. Au plus fort de la tempête, ils étaient 180.000, soit 50% des abonnés. Une semaine après Bejisa, le travail de plusieurs centaines d’agents a permis de rétablir la situation. Hier à 12 heures, 420 foyers restaient sans électricité, une semaine après le passage du cyclone.

Pour des dizaines de milliers de foyers, la coupure a duré plus de deux jours. Cela suffit pour désorganiser totalement le pays. Faute d’équipement de secours, des pompes des réseaux d’eau potable étaient à l’arrêt.

A cela s’ajoute l’impact chez les particuliers. De nos jours, de nombreux équipements dépendent de l’électricité. C’est le cas des réfrigérateurs et congélateurs qui servent à conserver la nourriture. Au lendemain des fêtes de fin d’année, et en prévision de marches dans le feu, les frigos étaient pleins. Aujourd’hui beaucoup est perdu, et pas de dédommagement prévu.

L’électricité est la reine dans la cuisine, c’est elle qui fait cuire le riz, quand elle n’assure pas la cuisson de tous les aliments à la place du gaz.

Un réseau centralisé vulnérable

Le réseau électrique de La Réunion est centralisé. A la base se trouvent de grosses centrales, propriété d’entreprises extérieures à La Réunion. Séchilienne Sidec détient les centrales charbon-bagasse de Bois-Rouge et du Gol. En service 24 heures sur 24, elles assurent l’alimentation de base du réseau. EDF est propriétaire de la centrale thermique du Port et de la turbine à combustion située juste à côté. Ces installations fonctionnent au fuel. Electricité de France a aussi la centrale hydroélectrique de la rivière de l’Est, celles de Takamaka, de Langevin et du Bras de la Plaine. L’essentiel de la production est fournie par les centrales thermiques de Bois-Rouge, du Gol et du Port, ainsi que l’hydroélectrique de Sainte-Rose.

Pour transporter l’énergie, une ligne à très haute tension de 63.000 volts ceinture l’île, puis la moyenne et basse tension prennent le relai pour amener le courant jusqu’à toutes les prises des abonnés.

Notre île a donc un réseau centralisé. Où quelques points fournissent l’énergie de 850.000 habitants. Cette prouesse de la technologie occidentale a une faiblesse. Si un point craque, alors c’est la crise.

Ainsi en avril 2012, un incident sur la centrale de la rivière de l’Est, et 100.000 abonnés sont privés d’électricité. Un problème sur les centrales de Séchilienne Sidec, et EDF doit faire tourner ses équipements à plein régime, tout en organisant des coupures tournantes car la puissance ne suffit pas pour satisfaire tout le monde.

Et le 29 décembre dernier, un orage annonciateur de Bejisa a endommagé la ligne à 63.000 volts. La totalité de La Réunion était privée d’électricité pendant quelques heures.

La décentralisation maximale est possible

La fragilité de ce réseau centralisé se fait le plus sentir au moment des cyclones. L’an dernier, le passage à 100 kilomètres de nos côtes de Dumile avait privé 125.000 foyers de courant. Bejisa était un cyclone d’intensité moyenne, mais il est passé plus près, et ce sont 180.000 abonnés qui ont été coupés à un moment ou un autre.

La Réunion est située sur la trajectoire des cyclones. Avec le changement climatique, ce type de phénomène pourra devenir plus intense. C’est ce que rappelle le passage de Haiyan sur les Philippines, avec des raz de marée et des vents à plus de 315 kilomètres par heure. Jamais pareille intensité n’avait été mesurée, les bouleversements climatiques favorisent cela.

Manifestement, l’expérience n’est pas mise à profit pour l’adaptation. Alors qu’il est possible de faire autrement.

Il est en effet possible de multiplier les centrales grâce aux énergies renouvelables. Avec le soleil, le photovoltaïque peut être utilisé massivement. C’est une énergie qui peut s’installer au plus proche des besoins. L’autoconsommation devrait être encouragée, avec stockage du surplus dans des batteries telles celles des voitures électriques.

L’ARER travaillait sur ce type de solution, dans la perspective de réussir l’autonomie énergétique de La Réunion en 2025.

Il est clair qu’un réseau le plus décentralisé possible sera bien plus adapté à nos conditions climatiques. La technologie existe aujourd’hui, ce sont les smart grid.

 M.M. 


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  • OUI ! Comme le transport d’énergie, la fabrication et la consommation d’énergie doivent être revue dans son intégralité !


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