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par le Dr Raymond Vergès

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Le niveau de la mer montera de 6 mètres : appel à l’union des Réunionnais

Des scientifiques remettent en cause toutes les certitudes établies

jeudi 25 juin 2015, par Manuel Marchal


Lors d’une conférence de presse hier, Paul Vergès a mis en avant une nouvelle donnée qui remet tout en cause. L’analyse des données des satellites qui observent les glaciers des pôles amène à une conclusion : le niveau de la mer montera au moins de 6 mètres au cours de ce siècle. Paul Vergès appelle la population à prendre conscience de cette échéance inévitable et de la nécessité de s’y préparer dès maintenant. La traduction politique de cette prise de conscience est un appel au rassemblement pour l’union de toutes les couches sociales de La Réunion, à l’image du CRADS qui dès 1945 avait placé notre île sur la voie de l’égalité sociale.


Avec une hausse de 6 mètres du niveau de la mer, quel avenir pour l’aéroport de Gillot Roland-Garros, porte de La Réunion vers le monde ?

Le siècle qui commence est marqué par la rapidité et ampleur planétaire de l’évolution du monde contemporain. À La Réunion, le problème est de réfléchir au sens profond de l’évolution mondiale, précise le sénateur, qui énumère plusieurs facteurs qui commandent cette évolution.

C’est d’abord l’ampleur planétaire du changement climatique, marquée ces derniers jours par les centaines de morts au Pakistan à cause de la chaleur. C’est ensuite la démographie avec la croissance de la population mondiale : de 7 milliards d’êtres humains aujourd’hui à 9,5 milliards en 2050. La différence, 2,5 milliards d’habitants, est l’équivalent de la population du monde en 1950. Sur des millions d’années, la progression naturelle avait abouti à 2,5 milliards, En une génération, ce sera un accroissement égal à l’accumulation de milliers de milliers de générations.
C’est aussi la mondialisation avec des effets à La Réunion. C’est l’impact sur le marché du sucre avec l’abolition de l’intégration nationale et européenne.
La technologie est le dernier facteur cité, avec pour La Réunion la diffusion partout du téléphone qui n’était que peu répandu voici une quarantaine d’années.

Fonte des glaces plus rapide que prévu

Paul Vergès note que les changements fondamentaux sont le fait de l’homme. Ils touchent le climat et la mondialisation. Pour cette dernière, elle est le résultat de règles approuvées par des gouvernements. Quant au climat, il subit l’influence de la pollution liée aux activités humaines. Le président de l’ONERC rappelle l’enjeu de la Conférence de Paris à la fin de l’année : arriver à un accord qui puisse empêcher la température d’augmenter de plus de 2 degrés. Au-delà, ce ne sera plus possible de redresser la situation.
Paul Vergès note un contraste entre cette réalité et la préoccupation du monde politique en France et dans notre île, qui est de ne pas considérer ces événements comme fondamentaux pour La Réunion.

Or, un fait nouveau vient encore bouleverser toutes les certitudes établies. C’est l’analyse des données transmises par les satellites qui surveillent les calottes glaciaires des pôles. La fonte des glaces s’accélère, elle est beaucoup plus importante en volume. « Les scientifiques vont se saisir de ces résultats, notamment le GIEC », poursuit le président de l’Observatoire national des effets du réchauffement climatique, « dès maintenant, on peut considérer que l’augmentation du niveau des océans du monde va prendre une dimension totalement nouvelle ».

Le dernier rapport du GIEC fixait comme perspective une hausse du niveau de la mer pouvant atteindre 82 centimètres à la fin du siècle. Les concepteurs de la nouvelle route du littoral ont fait leurs calculs en prenant en compte une hausse de un mètre.
Or, la conclusion des journalistes qui commentent l’analyse des résultats transmis par les satellites de la NASA affirme que l’augmentation minimale sera de 6 mètres dans un siècle.

Tout est remis en cause

« Cette situation nous amène en tant que Réunionnais à réfléchir à notre avenir », affirme Paul Vergès. Car la population s’est établie sur le littoral, qui se densifie. Avec une augmentation de 6 mètres, tout est remis en cause dès maintenant. D’où ces questions : comment déplacer les centaines de milliers de Réunionnais établis sur le littoral ? Que fait-on de tous les logements en bord de mer ? Que fait-on des infrastructures ?

Que devient le port de La Réunion ? Que deviennent les aéroports de Gillot et Pierrefonds qui seront sous l’eau avec un hausse du niveau de la mer de 6 mètres.
Le sénateur alerte également sur le problème de l’eau. L’augmentation du niveau de la mer va faire entrer de l’eau salée dans les nappes phréatiques. Cela signifie que toute l’alimentation en eau du Port sera à revoir.

« On aura jamais vu un tel bouleversement, unique dans l’histoire de notre île », précise Paul Vergès, « que devient le plan de développement sur 20 ans avec comme axe l’égalité réelle ? » « La conférence de Paris se saisira de cette donnée fondamentale pour La Réunion et les pays voisins », ajoute Paul Vergès.

NRL, aéroports, Écocité de Cambaie menacés d’engloutissement

La publication de ces données placent les déclarations du chef du gouvernement à La Réunion dans un nouveau contexte. Il est donc très grave qu’un Premier ministre puisse dire que si le chantier de la route en mer est lancé, il faut le continuer. Car imagine-t-on une NRL avec une hausse de 6 mètres du niveau des océans ?
Paul Vergès interpelle toute la classe politique : « le temps nous est compté. Les politiques de Paris et de La Réunion ont lu les résultats des observations des satellites, et on continue dans nos assemblées à faire des plans sur la comète ».
« L’urgence, c’est que les élus demandent au gouvernement une étude sur la crédibilité des faits révélés », demande le sénateur.

Sans cela, va-t-on continuer à faire l’eco-cité de Cambaie alors que la mer va occuper toute la plaine de Cambaie ? Va-t-on mettre des crédits dans Gillot alors que l’aéroport pourrait être sous l’eau ? « Tout est remis en cause par des scientifiques ».
Paul Vergès prend l’avion aujourd’hui et rencontrera Victorin Lurel, parlementaire en mission en charge de la préparation de la loi sur l’égalité réelle. Il lui fera « connaître son angoisse ». Il lui demandera également que le futur projet de loi parte des changements fondamentaux liés au climat. Le sénateur interpellera aussi le Premier ministre au sujet de la NRL.

Appel à un nouveau CRADS

Cette nouvelle donnée confirmant l’accélération de la crise du climat confirme bien que 2015-2016 sont symboliquement aussi importants que 1945-46.
Comment s’adapter au changement climatique, régler le problème du logement avec 150.000 habitants de plus. Comment avoir des relations avec Madagascar dans les APE ?
« Que les Réunionnais prennent conscience de la réalité objective des événements à venir », souligne Paul Vergès.

C’est pourquoi le conseiller régional réaffirme que le moment du rassemblement est venu. Il concerne « tous les Réunionnais, quels que soient leurs bords politique et social. Pour obtenir le changement de 1946, un CRADS s’est constitué, composé de personnes qui étaient loin d’être toutes des militants de gauche. Dans le CRADS figurait notamment le bâtonnier Colardeau de Saint-Pierre, Gaston Repiquet fils d’un gouverneur et futur sénateur RPR, il y avait aussi des intellectuels comme Henri Lapierre, professeur de philosophie du seul lycée de La Réunion. C’était l’union de toutes les couches sociales.

« Que les gens de bonne volonté recréent le CRADS », un Comité pour l’égalité réelle. Paul Vergès propose de lancer un appel.
En conclusion, le sénateur rappelle l’importance de la prise de conscience des Réunionnais du rendez-vous historique sur les plans climatologique, démographique et économique.


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Messages

  • Dire que la terre se réchauffe et que ce réchauffement entraine des conséquences dramatiques pour toute l’humanité , c’est la vérité .

    Mais il est difficile de dire aujourd’hui avec précision quel sera le niveau des océans à la fin du siècle . Car le climat de la terre fonctionne comme une machine qui pourrait s’emballer et le réchauffement pourrait s’accélérer très rapidement et échapper au contrôle des hommes si on ne prend pas toutes les mesures nécessaires pour arrêter le plus vite possible toutes les causes qui provoquent une augmentation de l’effet de serre sur la planète.

    En effet , l’effet de serre provoqué par l’activité humaine entraine chaque année une réduction de plus en plus importante de la surface des glaciers qui renvoient hors de l’atmosphère terrestre la chaleur du soleil par effet de ricochet des rayons solaires . Et plus les surfaces du globe recouvertes de glaces diminuent , plus la terre emmagasine naturellement de la chaleur qui va s’ajouter à celle provoquée par l’activité humaine . Mais cette augmentation de la la température dans les zones polaires entraine également une autre conséquences grave, celle du réchauffement des sols gelés depuis des millénaires qui contiennent une quantité phénoménales de matière organique, qui sous l’effet de la chaleur va se décomposer et fabriquer du méthane et d’autres gaz qui vont s’ajouter à ceux qui existent déjà dans l’atmosphère et provoquer un emballement incontrôlable de la machine climatique.

    Si à tout cela s’ajoutent les conséquences des éruptions volcaniques qui envoient également chaque année dans l’atmosphère des milliards de mètres cubes de poussières qui vont elles aussi piéger la chaleur du soleil , Celles des grands incendies de foret qui dévastent certains pays tels que les USA, l’Australie ...personne ne peut prédire avec précision quel sera le climat de la terre dans cent ans . Peut être que d’ici là de nombreux insectes auront disparus et dans leur disparition auront entrainé celle de nombreuses plantes augmentant considérablement la surface des déserts qui eux aussi participent au réchauffement climatique et par voie de conséquence à l’élévation du niveau des océans.

    Mais ce n’est pas parce que nous ne pouvons pas mesurer avec précision les effets du réchauffement climatique qu’il ne faut rien faire ou négliger l’importance du problème . Au contraire , comme nous savons que notre activité économique change le climat mais que nous ne pouvons pas mesurer l’importance du changement et ses effets sur nos descendants , il faut agir comme si la terre était menacée de mort à brève échéance et parer au danger avant qu’il ne soit trop tard .

    Il y a déjà une prise de conscience de la menace du réchauffement climatique , mais il semblerait que l’on ne mesure pas suffisamment la gravité du danger et l’importance de l’action qu’il faut entreprendre pour le contrecarrer.

    Luçay Maillot


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