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Le partenariat institutionnel pour créer des emplois

États généraux : en avant le projet réunionnais — 7 —

mercredi 21 octobre 2009, par Manuel Marchal


Le projet conjoint des collectivités proposé dans le cadre des États généraux de l’Outre-mer se construit autour d’une ligne directrice : le partenariat institutionnel. Cela signifie l’établissement d’un rapport basé sur le respect mutuel de tous les partenaires qui souhaitent s’impliquer dans le développement du pays.


Quand, en 2007, les candidats à la Présidentielle ont donné leur accord à l’alternative proposée par l’Alliance, ce projet comportait des mesures urgentes.
Deux ans plus tard, le choix de la violence institutionnelle pour tenter de traiter les problèmes n’a pas créé un emploi. Elle a au contraire joué un rôle de facilitateur pour que la crise frappe La Réunion encore plus durement.
En effet, pendant des mois, l’intransigeance des compagnies pétrolières a coûté très cher à toute l’économie de La Réunion. Quant à la volonté de faire porter sur les collectivités la responsabilité de la crise, cette méthode n’a eu qu’un seul résultat : faire perdre du temps. Et pendant ce temps, la dette de l’État envers le Conseil général et la Région augmentait, dépassant largement les 300 millions d’euros, soit l’équivalent d’un investissement comme le Boulevard Sud, ou trois fois la rocade du Tampon.
Devant cette situation, à l’occasion des États généraux, les élus réunionnais de la Région, du Conseil général et de plusieurs communes soutiennent un projet conjoint comportant de nouvelles mesures urgentes, adaptées à la situation nouvelle que connaît La Réunion depuis l’aggravation de la crise.
Le document conjoint des collectivités réunionnaises propose la recherche de solutions dans le partenariat institutionnel.
Il est en effet une donnée importante dans l’Histoire de notre pays. Les avancées ne peuvent s’effectuer que si elles sont soutenues par un large rassemblement de la population, et si elles sont mises en œuvre dans un partenariat. C’est par exemple le sens de la proposition de créer une Conférence permanente pour l’emploi.
En 2007, l’Alliance a fait cette proposition aux candidats à la Présidentielle. Ces derniers l’ont acceptée. Elle consiste à rassembler toutes les personnes concernées, au-delà de leur champ de compétences, pour trouver des solutions. L’Alliance indiquait en effet que : « cette Conférence permanente regroupera l’État, les Collectivités, les Chambres consulaires, les organisations syndicales, patronales et salariales, ainsi que les associations de lutte pour l’emploi et pour l’insertion ».
Quant au document conjoint des collectivités, il propose de rechercher des actions de relance et de réponse aux mouvements sociaux « de manière partenariale entre l’ensemble des acteurs économiques et sociaux ».
Il est en effet clairement établi que l’emploi est une compétence relevant de l’État, et le droit au travail est inscrit dans la Constitution. Mais face à la crise que connaît le pays, il est proposé d’accompagner l’État par tous les partenaires concernés par l’emploi. C’est cet esprit de partenariat qui est le fil conducteur du projet conjoint présenté par le Conseil général, la Région et les communes au gouvernement dans le cadre des États généraux de l’Outre-mer. Il permet à chaque partenaire d’avoir la possibilité d’enrichir le projet, dans le cadre d’une négociation où les rapports se construisent autour du respect mutuel.

(à suivre)

Manuel Marchal


Propositions des collectivités

Voici quelques mesures urgentes proposées par le document conjoint des collectivités réunionnaises présenté à l’occasion des États généraux.


- Réévaluer d’urgence l’efficacité des dispositifs mis en place : les menaces sur l’emploi de 1.993 assistants d’éducation, les plaintes renouvelées des TPE/PME sur les difficultés rencontrées auprès des banques… montrent le décalage entre les annonces et la réalité.

- Plus globalement, un meilleur suivi de la crise, des actions de relance et des autres réponses apportées au mouvement social doit être recherché. L’objectif de cette démarche serait de pouvoir, en tant que de besoin et aussi rapidement que possible, adapter les actions aux conditions réelles rencontrées. Cette démarche ne peut se concevoir que de manière partenariale entre l’ensemble des acteurs économiques et sociaux.

- Pour le BTP et les secteurs liés qui sont très réactifs à la commande, l’accélération de la mise en œuvre des grands chantiers, à l’exemple du nouveau pont de la Rivière Saint-Etienne ou du choix du groupement en charge du Tram-train, est primordiale. En même temps, une adaptation du code des marchés publics à la réalité du tissu entrepreneurial local est indispensable pour ne pas laisser les petites entreprises au bord de la route ;

- L’effort consenti pour les contrats aidés ne sera efficient que si une solution pour les charges sociales liées est proposée pour tenir compte des difficultés financières qui touchent aussi les collectivités de base et les associations ;

- Au niveau des minima sociaux, l’avancement des dates de paiement de certaines allocations et le resserrement du calendrier d’extension du RSA s’imposent.


Les mesures urgentes de l’Alliance

En 2007, le projet de l’Alliance validé par les candidats à la Présidentielle proposait plusieurs axes pour répondre aux besoins urgents de la société réunionnaise.
Le premier concernait l’anticipation de l’impact des investissements publics contractualisés (Tram-train, route du littoral).
Une autre proposition concernait la création d’« un statut d’entreprise franche pour les secteurs stratégiques » identifiés par le PR2D (Plan réunionnais de développement durable). Il est à noter que cette proposition a rejoint les préoccupations de Paris dans son projet de loi-programme voté près de deux ans après l’élection présidentielle.
Par ailleurs, l’Alliance proposait également des pistes d’autant plus d’actualité que La Réunion est touchée par une crise qui s’aggrave. Il s’agit de consolider les secteurs traditionnels de l’économie réunionnaise, de l’ouverture sur le monde en prenant en compte le contexte nouveau des APE. « La question de la disponibilité et de la mobilisation du foncier économique est décisive pour la création de zones d’activités génératrices d’emplois », expliquait également l’Alliance.
Pour créer rapidement des emplois, l’Alliance préconisait la création de deux grands services d’intérêt public dans l’environnement et l’aide à la personne. Il s’agit de s’adapter à l’évolution de la société sur un plan démographique et environnemental, tout en créant des dizaines de milliers d’emplois.
Le dernier volet des mesures urgentes était consacré à l’accès des Réunionnais aux emplois de la fonction publique. La création à La Réunion d’une structure répandue en France, un Institut régional d’administration, le renforcement des moyens de l’IUFM et de l’Université et l’application des dispositions constitutionnelles, notamment le droit à l’expérimentation en termes de recrutement, sont autant de leviers permettant aux jeunes diplômés de mettre leurs compétences au développement de leur pays.
Les tragédies vécues par les assistants d’éducation, les étudiants candidats à la fonction publique d’État et les professeurs des écoles sur liste complémentaire rappellent l’urgence de cesser ce gaspillage des capacités considérables de notre jeunesse.
En 2007, dans sa réponse au président de l’Alliance, le futur président de la République avait écrit ceci : « s’agissant des "mesures urgentes et prioritaires" que vous développez, je ne peux, là encore, que constater nos convergences de vues sur la plupart des mesures contenues dans les neuf axes que vous détaillez. Je note, d’ailleurs, que certaines des propositions formulées recoupent celles que j’avais eu l’occasion de développer lors de mon discours au Conseil régional, le 15 février dernier ».


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