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Le PCR demande au gouvernement de prendre en compte notre situation réunionnaise

Le Parti communiste réunionnais et l’aggravation de la situation sociale

vendredi 30 juillet 2010, par Manuel Marchal


Hier en conférence de presse, le Parti communiste réunionnais a fait part de ses inquiétudes concernant les conséquences de la crise actuelle et ses répercussions. Et cela d’autant plus que les projets du gouvernement et l’arrêt des chantiers par la nouvelle direction de la Région vont encore aggraver la situation. Face à la gravité de la situation, le PCR a alerté par écrit le gouvernement afin qu’il missionne des experts pour évaluer la situation sociale actuelle et l’impact qu’auront les projets gouvernementaux.


La Réunion n’est pas à l’écart des crises qui touchent le monde, qu’elles soient financière, économique, sanitaire, ou écologique. Autant de crises qui vont obliger les décideurs à mettre en place d’autres systèmes, précise Sylvie Mouniata.
Pour notre île, cela aggrave une situation déjà extrêmement préoccupante : 52% des Réunionnais vivent déjà en dessous du seuil de pauvreté, et 34% des retraités sont au minimum vieillesse. « Le drame le plus visible, c’est l’augmentation du chômage à La Réunion », constate Sylvie Mouniata, « la crise n’est pas qu’une question d’économie, mais un cancer qui ronge notre société ». Et de rappeler une orientation fondamentale du PCR : militer pour « un vrai développement durable qui place l’humain au centre des préoccupations ».
Pierre Vergès rappelle pour sa part que La Réunion est confrontée en permanence à une situation difficile. Cette particularité est d’ailleurs reconnue par l’Union européenne car notre île a un statut de région ultrapériphérique. L’éloignement et l’étroitesse du marché se combinent à une poussée démographique constante qui fait que notre île est face à des défis spécifiques. Ainsi, les collectivités réunionnaises doivent construire plus de collèges et de lycées que dans n’importe quel Département ou Région de France.

L’impasse

Durant les années précédentes, un taux de croissance aux alentours de 5% en général permettait d’atténuer l’impact de la crise permanente. Mais cette croissance reposait en grande partie sur la maîtrise budgétaire des collectivités, et sur des aides de l’État. Il a suffi que des difficultés apparaissent pour qu’arrive un brutal retournement de tendance, qui rappelle la fragilité de l’économie réunionnaise. Ce retournement, c’est une plongée de la croissance qui devient négative : -3%.
Aussitôt, le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté en flèche. C’est une hausse de 15% sur un an, qui fait culminer le nombre d’inscrits à Pôle emploi à 135.059 en juin dernier. Et les perspectives sont pessimistes.
L’arrêt des chantiers a provoqué un ralentissement général de l’économie. Et la dégringolade du BTP n’est pas finie, précise Pierre Vergès qui craint « une aggravation très forte dans le second semestre avec des licenciements massifs » du fait de l’absence de chantiers pour relancer l’activité notamment. Cette diminution du nombre d’emplois entraîne une baisse de la consommation, et au final une diminution des recettes des communes liées à l’octroi de mer. Elle a un impact dans le secteur de la distribution, comme l’indiquent les difficultés du groupe Caillé.
Cette situation aboutit à une impasse, constate le dirigeant communiste. Et si le gouvernement ne mesure pas la situation de notre île, elle se dirigera tout droit vers un affaiblissement de son économie.
Or il s’avère que les propositions du gouvernement ne vont pas dans le sens de la relance. La diminution du nombre des contrats-aidés, la fin d’une partie des exonérations, la suppression des subventions pour la création d’emplois à domicile compliquent davantage la situation.

Défendre l’intérêt de La Réunion

Ces obstacles surgissent au moment où La Réunion est confrontée à des échéances redoutables. Dans quatre ans, le nouveau règlement sucrier et l’avenir de l’octroi de mer seront connus. Les intérêts de La Réunion seront-ils pris en compte ? Et dans le même temps, l’application des Accords de partenariat économique changera totalement les relations entre La Réunion et ses voisins. Les APE font peser une menace sur les entreprises réunionnaises, et surtout sur l’emploi car justement ces APE pourront faciliter les délocalisations vers des pays où le coût de production est beaucoup plus faible qu’à La Réunion.
Dans l’immédiat, le Parti communiste réunionnais a demandé par écrit au gouvernement de faire venir dans notre île une mission d’expert pour évaluer la situation sociale actuelle, et à partir de cette analyse de prévoir l’impact que pourront avoir les réformes du gouvernement, notamment pour les retraites. La lettre adressée au Premier ministre concernera également tous les députés et sénateurs. Et lors du débat parlementaire sur le projet de loi sur la réforme des retraites, le comportement des élus de La Réunion sera scruté à la loupe. Espérons que nos parlementaires ne vont pas jouer la solidarité gouvernementale, mais défendront les intérêts de La Réunion, conclut Maurice Gironcel.

Manuel Marchal


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