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Le PCR récuse les Assises des Outre-mer

Le Parti communiste réunionnais appelle les Réunionnais à prendre leurs responsabilités

jeudi 13 juillet 2017, par Manuel Marchal


Le Parti communiste réunionnais tenait un Comité central mardi soir. Il a décidé de refuser de participer aux Assises des Outre-mer, car le PCR estime que c’est aux Réunionnais de dire ce qui est bon pour eux, sans attendre des mesures venant de Paris. Le PCR propose la création d’un congrès des élus et des forces vives pour décider d’un projet réunionnais qui sera ensuite la feuille de route à discuter avec le gouvernement.


Maurice Gironcel, secrétaire général du PCR, et Yvan Dejean, porte-parole, ont exposé les raisons de la décision du Comité central de mardi.

Yvan Dejean, porte-parole du PCR, rappelle d’abord que les Assises des outre-mer faisaient partie du programme d’Emmanuel Macron. Elles sont confirmées par Annick Girardin, ministre des Outre-mer, lors de sa rencontre avec les parlementaires à Paris. Cette démarche du gouvernement a lieu dans un contexte social qui impose un changement de modèle. Le porte-parole du PCR souligne que « tous disent qu’il faut plus de responsabilité, d’émancipation, de changer de logiciel ». Région et Département sont du même avis. Didier Robert, président de la Région, plaide pour plus d’émancipation, et a dit dans l’Eco Austral que la solution est l’autonomie.

L’échec de toutes les politiques

Le PCR constate qu’à chaque renouvellement de gouvernement depuis 30 ans, c’est la danse des sigles pour essayer de régler les problèmes des Outre-mer. Loi programme, LOPOM, LODEADOM, égalité réelle… à quoi cela a-t-il abouti, interroge Yvan Dejean. « Qui peut prétendre que tous ces sigles et leur contenu ont radicalement amélioré la vie des Réunionnais ? », poursuit-il car pour le PCR, le constat est clair : la crise est toujours là.

Car, estime le PCR, si cela avait marché, il n’y aurait pas 180.000 demandeurs d’emploi, 116.000 illettrés, un PIB par habitant inférieur à La Réunion d’un tiers à celui de la France. « Cela ne marche pas, maintenant arrêtons la plaisanterie, c’est aux Réunionnais de faire leur projet de développement », précise Yvan Dejean.

Pour un congrès des élus et forces vives

Pour les Assises des Outre-mer, un rapporteur a été nommé. C’est lui qui aura la main sur les conclusions de la concertation, déclare le PCR qui pose un principe : « à nous de définir notre avenir ».

« Dans un mois, on va nous pondre un catalogue de propositions, qui seront des mesurettes qui ne changeront rien », précise Yvan Dejean, « le PCR ne se rendra pas complice d’un échec annoncé et n’y participera pas. Il serait malheureux que des Réunionnais participent à cette comédie ». C’est la position définie par le Comité central du PCR qui s’est tenue la veille. Il se limitera à adresser ses propositions.

« Le peuple réunionnais est assez grand pour dire et décider ce qui est bon pour lui », poursuit-il. Le PCR fait une proposition : si c’est aux Réunionnais d’élaborer un plan de développement, que la Région et le Département se réunissent en congrès et y associent tous les parlementaires et toutes les forces vives (associations syndicats, autorités religieuses). Ce congrès pourra se mettre d’accord sur un projet global et « nous demanderons au pouvoir central d’appliquer cette feuille de route ».

Le PCR rappelle qu’à la suite de la grève générale en Guyane, des avancées ont été obtenues. 60 % des mesures d’urgence décidées sont appliquées. « Les Guyanais n’ont pas attendu les assises pour obtenir 3 milliards ».

L’intégration est impossible

La position du PCR trouve également son explication dans le discours tenu par la ministre des Outre-mer aux parlementaires : « tout est déjà cadré. Le PCR dénonce la méthode et la récuse. C’est aux Réunionnais de dire ce qui est bon ».

Quant au contenu, « tout ce qui est proposé, c’est l’intégration ». « L’intégration à 10.000 kilomètres d’une métropole ne marche pas. Le PCR dénonce des Assises de l’intégration. La crise de la canne n’est rien d’autre qu’une crise de l’intégration », rappelle Yvan Dejean.

Maurice Gironcel constate également que la ministre dans son discours évoque l’article 73, mais à aucun moment elle ne fait référence à l’alinéa 5 qui empêche La Réunion de tirer parti de cette disposition de la Constitution, car il interdit aux Réunionnais l’adaptation des lois. De plus, Annick Girardin dit « j’entends poursuivre le programme du gouvernement précédent », quel programme ? Le secrétaire général rappelle une des conséquences de la politique menée par Paris au cours des cinq dernières années. C’est la catastrophe du licenciement des emplois d’avenir en fin de contrat. Plus de 1.600 l’an dernier, sur un total de 5.000 qui se retrouveront sans solution après avoir travaillé.

Quant aux propositions que le congrès proposé par le PCR pourrait formuler, Maurice Gironcel prend l’exemple de la demande de la Région de limiter à 15 % le taux d’imposition des entreprises. Le PCR dit banco, mais pourquoi pas un maximum de 15 % pour tout le monde ?

M.M.


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