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Pourquoi Air Mauritius et pas Air Austral ?

Des « personnalités reconnues » mais pas élues prennent le contrôle de la politique touristique

jeudi 10 juin 2010, par Manuel Marchal


En faisant entrer Air Mauritius dans l’instance chargée de définir la politique touristique de la collectivité, la Région veut-elle montrer qu’elle s’inscrit délibérément dans la stratégie qui vise à utiliser la compagnie mauricienne pour casser Air Austral au profit d’un retour à l’ancien monopole ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette décision jette un trouble.


Hier, la Région a présenté la nouvelle organisation de l’Ile de La Réunion tourisme au terme de la tenue de son bureau qui a débouché sur plusieurs décisions.
C’est l’élection de Jacqueline Farreyrol à la tête de l’IRT à la suite d’une candidature proposée par le président de la Région, comme l’a indiqué la nouvelle élue. Comme tout le monde pouvait s’y attendre, cette élection n’a pas manqué de susciter les questions des journalistes sur le lien entre cette candidature proposée par le président de Région et les références que peut présenter la nouvelle présidente de l’IRT.
Mais l’essentiel ne se situait pas dans cette élection. Les statuts de l’IRT ont changé, et le Conseil d’administration n’est plus la seule instance. Apparaît en effet un "Pôle de compétence et d’expertise touristique" qui, selon les mots de Didier Robert, « directement rattaché à la présidence de la Région, devra pouvoir rapidement nous présenter un certain nombre de propositions concrètes ». Composé de « personnalités reconnues », ce pôle « aura en charge la définition, le suivi et le contrôle de l’ensemble des actions portée par notre collectivité en matière de tourisme », précise le président de Région. Autrement dit, ce sont ces « personnalités reconnues » mais pas élues qui fixeront la stratégie touristique de La Réunion, ce qui amène à se demander ce que pèsera le Conseil d’administration de l’Île de La Réunion tourisme dans cette nouvelle configuration.

Les amis politiques aux commandes

Les « personnalités reconnues » mais pas élues auront donc un rôle décisif dans le secteur du tourisme. Cela explique sans doute pourquoi autour de Didier Robert, mis à part Jacqueline Farreyrol, il n’y avait pas de membres du bureau de l’IRT à la conférence de presse mais uniquement des membres du "Pôle de compétence et d’expertise touristique". Un coup d’œil sur la composition de ce pôle révèle la présence de soutiens politiques clairement affichés de Didier Robert. On voit ainsi entre autres Alain Técher, qualifié de « cheville ouvrière » de "l’opération Montélimar" du week-end dernier, Philippe Doki-Thonon ou encore Serge Gélabert qui ne se gêne pas pour dire ceci : « j’ai toujours refusé catégoriquement pendant 20 ans de travailler avec l’ancien CTR car son objectif n’était pas de développer le tourisme ».
Mais au-delà de ce qui s’apparente à une mise sous tutelle de l’IRT par des amis politiques du nouveau président de Région, il est révélateur de constater la présence d’un représentant d’Air Mauritius dans cette instance. La première justification est d’intensifier les échanges entre La Réunion et Maurice, mais tout le monde sait qu’Air Mauritius n’est pas la seule compagnie à desservir Maurice. Alors Didier Robert explique qu’étant donné qu’Air Austral, Air France est Corsair sont déjà représentées au sein de l’IRT par l’intermédiaire de personnes qualifiées, il est important de s’ouvrir sur un plus grand horizon.

Pourquoi Air Mauritius et pas une autre compagnie ?

Mais cette ouverture se limite à une seule compagnie, pas aux autres qui desservent également La Réunion et qui ne sont pas non plus dans l’IRT. De plus, Air Mauritius sera la seule compagnie aérienne représentée dans le "Pôle de compétence et d’expertise touristique" « directement rattaché à la présidence de la Région » et qui « aura en charge la définition, le suivi et le contrôle de l’ensemble des actions » de la Région Réunion en matière de tourisme.
Or, Air Mauritius est un instrument utilisé par Air France pour concurrencer Air Austral sur la ligne La Réunion-Paris.
En effet, Air Mauritius et Air France proposent ensemble au moins 10 vols hebdomadaires La Réunion-Paris via Maurice. Les deux compagnies associées partagent également le fait d’avoir connu un déficit en 2009, à l’opposé d’Air Austral.
Autant dire que le choix d’Air Mauritius comme seule compagnie représentée dans l’instance chargée de définir et de contrôler la politique touristique de la Région suscite le trouble. Des observateurs ne manqueront pas de faire le lien entre cet événement, la grève lancée en direct sur Télé Réunion et les récents articles de presse mettant en cause la direction de la compagnie réunionnaise. Cela ressemble à une stratégie cousue de fil blanc visant à affaiblir un outil du développement de La Réunion, celui de leur désenclavement aérien.

Manuel Marchal


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