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Six mois après le CIOM : au stade des intentions

Visite ministérielle

vendredi 21 mai 2010, par Manuel Marchal


10.000 kilomètres pour signer une déclaration d’intention, c’est le symbole de cette première journée à La Réunion d’une forte délégation conduite par la ministre de l’Outre-mer. Le document signé hier n’engage à rien car tout dépend de la décision qui sera prise par la Commission européenne, ce n’est qu’une intention. Six mois après le Conseil interministériel de l’Outre-mer, il est bien difficile de passer aux actes concrets et mesurables car aujourd’hui deux questions se posent : où sont les 40.000 billets d’avion promis ? Et où est passé l’argent prévu par les parlementaires pour la continuité territoriale depuis deux ans, mais qui n’a pas été versé aux Réunionnais depuis que l’État a repris la gestion du dispositif ?


C’était présenté comme l’événement de la visite de Marie-Luce Penchard à La Réunion, et il devait se dérouler à la Région, une institution qu’un ministre n’a pas fréquenté depuis plus de deux ans. Mais de signature de document officiel enregistrant la création d’un GIP "continuité territoriale" incluant l’État et la Région il n’y eut point, et des 40.000 billets moins chers promis encore moins. Au lieu de cela, la ministre et le président de Région ont signé une déclaration d’intention qui, comme son nom l’indique, n’engage à rien. D’où vient cette incapacité à dépasser le stade de l’intention ? Tout simplement de la confrontation d’une promesse de campagne de Didier Robert avec la réalité.
C’est en effet un nouveau dispositif d’aide à la mobilité que le gouvernement a décidé de créer. Dans ce domaine, il doit recevoir l’accord préalable de la Commission européenne avant le versement du premier euro. Autant dire que les 40.000 billets promis sont loin d’être une réalité. C’est ce que Marie-Luce Penchard a reconnu en ces termes : « les décrets et arrêtés organisant le nouveau dispositif vont être publiés très prochainement, dès que la Commission européenne aura donné son accord sur ce nouveau dispositif ». Aucun délai n’est précisé, et les incertitudes concernant la date de l’éventuel accord de la Commission européenne, et l’existence même d’un accord, sont tellement importantes que le gouvernement et la Région ont décidé de ne pas aller au-delà d’une timide déclaration d’intention.

De 54.000 voyages à 40.000 billets virtuels

Ce document sans aucune portée juridique a du mal à tenir la route en comparaison de l’ancien dispositif qui était géré par l’ancienne majorité de la Région. En effet, durant la précédente mandature, l’équipe conduite par Paul Vergès avait elle-même défini des critères d’attribution de l’aide. Ces critères ont ensuite été validés par la Commission européenne. Leur justesse a été confirmée par le succès du dispositif. Ce sont 54.000 personnes qui ont disposé d’une aide à la mobilité, une aide plus avantageuse que ce qui a été annoncé hier, car le minimum, c’était 50% du prix du billet, pas 25%. Mais surtout, ce sont 54.000 personnes qui ont réellement voyagé sur la base de critères sociaux réunionnais validés par la Commission européenne.
À la place, une déclaration d’intention s’appuie sur 40.000 billets d’avion virtuels. Autrement dit, ce qui est prévu sera d’ores et déjà moins bien que ce qui existait quand l’ancienne majorité régionale gérait le dispositif, si jamais ce nouveau dispositif voit le jour : 25% de réduction mini au lieu de 50% ; 40.000 billets au lieu de 54.000.

Où est passé l’argent de la continuité territoriale ?

Mais en 2008, la dynamique a été bel et bien cassée, puisque certains ont cru bon d’accuser la Région de mauvaise gestion de la dotation de continuité territoriale et de recentraliser la gestion du dispositif par la service de l’État. Depuis lors, aucun Réunionnais n’a pu bénéficier du dispositif financé par la dotation de continuité territoriale.
Manifestement, le nouveau gestionnaire a un bilan égal à zéro, il n’a pas fait mieux que celui qui était accusé de mal géré. Et cela n’est pas faute de fonds disponibles. En effet, cette dotation a été inscrite au budget de l’État par la loi en 2008, 2009, 2010. Puisque l’État a cessé de verser la dotation durant l’année 2008, où est donc passé cet argent attribué aux Réunionnais par le vote des parlementaires ? Cette question est d’autant plus essentielle que cette dotation est financée par les recettes d’une taxe perçue sur les billets d’avion vendus Outre-mer. Où est donc passé cet argent versé par des Réunionnais pour d’autres Réunionnais ?
Loin de répondre à cette question essentielle, la cérémonie de signatures organisée hier s’attache à dissimuler sous des effets de communication un dispositif virtuel qui de toute façon n’est pas à la hauteur de ce qui était l’œuvre de l’ancienne majorité régionale. Fallait-il organiser un tel déplacement pour une simple déclaration d’intention ?

Manuel Marchal


Les jeunes enseignants « très déçus »

Prévenue à la dernière minute de l’arrivée imminente de la ministre de l’Outre-mer à la Région, une délégation de trois enseignants néotitulaires s’est rendue précipitamment à la Région où elle a pu voir la ministre à peine une minute. Comme lors de son intervention à l’Assemblée nationale, elle n’a pas ouvert la voie à une solution à la revendication des jeunes qui est d’enseigner au pays.
La discussion avec la ministre s’est limitée à ce premier contact. Car contrairement à ce qui avait été promis en échange de leur départ de la Région où ils campaient depuis plus d’un mois, les jeunes n’ont pas débattu avec la ministre mais avec un de ses conseillers. Résultat : ils ont été « très déçus ». Une déception renforcée par l’échec de la rencontre avec le conseiller. Mais pour le président de la Région, l’essentiel a été fait : la visite de la ministre n’a pas été perturbée par les jeunes.


Des élus oubliés

Plusieurs élus étaient invités à venir saluer la ministre de l’Outre-mer à son arrivée à La Réunion, notamment la présidente du Conseil général et le président de l’Association des maires. Le rendez-vous était fixé à 8h40, heure à laquelle devait se poser à l’aéroport.
L’avion est arrivé avec 20 minutes d’avance sur l’horaire. Mais la ministre n’a pas attendu les élus invités pour quitter l’aéroport. Résultat : arrivés à l’heure au rendez-vous, la présidente du Conseil général et le président de l’Association des maires n’ont pu que constater que la ministre était déjà partie sans avoir pris le temps de les saluer.


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