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Supprimer l’État social

Offensive de l’UMP contre les fonctionnaires

vendredi 21 janvier 2011, par Geoffroy Géraud-Legros


La proposition du député UMP Jean-François Mancel vise à supprimer toute la fonction publique en-dehors de la police, la justice et l’armée. Cette offensive de l’UMP contre les fonctionnaires est l’autre versant de la politique de destruction des conquêtes sociales, au profit des plus riches.


Les sympathies du président de la République avec les représentants du grand capital ne sont plus à démontrer. Là où ses prédécesseurs — qui entretenaient eux aussi des relations poussées avec le monde de l’argent — faisaient preuve d’une certaine réserve, Nicolas Sarkozy affiche ouvertement son appartenance au monde des très riches. Le meilleur symbole de cette allégeance fut la villégiature du chef de l’État sur le yacht de Bolloré début mai 2007. Immédiatement après son arrivée à l’Élysée, le porte-parole du monde de l’argent allait rendre compte à ses mandants.

Casse sociale…

Passé le temps des diversions — « ouvertures » à gauche et discours « social » — il ne lui fallut que peu de temps pour prendre une série de mesures favorables au grand capital, dont le bouclier fiscal et la dépénalisation du droit des affaires sont sans doute les plus emblématiques. La multiplication des affaires pointant les relations entre l’appareil d’État et la haute finance sont allées en se multipliant.
Ainsi, dans le sillage du scandale provoqué par des millions en argent public « légalement » rendus aux plus riches, l’affaire Woerth-Béttencourt a montré jusqu’à la caricature l’arrogance et le cynisme du néolibéralisme en actes. Éric Woerth, désigné par Nicolas Sarkozy pour imposer la réforme des retraites au nom de la « rigueur » était aussi celui qui avait donné un chèque de 5 millions d’euros à Liliane Béttencourt, la femme la plus riche de France, au titre du bouclier fiscal. D’après une série d’enquêtes journalistiques, l’apôtre de l’austérité et de la « rationalisation » des services publics a beaucoup gagné en fréquentant certains contribuables bien lotis : de fil en aiguille, les enquêteurs ont mis au jour une chaîne de scandales qui vont de la fraude fiscale aux caisses noires en passant par le trafic de distinctions.
Un déficit de vertu qui n’a pas empêché M. Woerth de conduire la réforme des retraites, malgré une opinion massivement hostile au projet. Une réforme injuste à tous les niveaux, qui anticipe la privatisation du système de retraites.

… et démantèlement de la République

Nicolas Sarkozy et son gouvernement n’ont pas chômé dans le domaine de la casse sociale : GDF, Vivendi-environnement, autoroutes, patrimoine de la Caisse des Dépôts et Consignations… la liste des biens publics privatisés n’a cessé de s’allonger en 8 ans de pouvoir UMP et 3 ans de sarkozisme. Il faut y ajouter les encouragements aux délocalisations, plus particulièrement dans le domaine de l’automobile, les déremboursements de médicaments et les diverses attaques contre la sécurité publique qui font qu’aujourd’hui, un citoyen de la république sur quatre est contraint de renoncer à des soins.
La démolition de l’édifice social va de pair avec la suppression de la fonction publique, obstacle à l’augmentation des profits. Il y eut la décision de ne remplacer que la moitié des fonctionnaires partant à la retraite. Il y eut l’annonce des 34.000 postes supprimés par Éric Woerth. Après l’immense drain d’argent public vers les banques, qui a suivi la crise financière et économique, l’exécutif a multiplié les annonces de rabotages, brandissant l’argument des « caisses vides ».
L’UMP semble avoir décidé de passer la sur-multipliée : une proposition de loi déposée la semaine dernière, dans la plus grande discrétion, par Jean-François Mancel, député de la majorité plus connu jusque-là pour ses péripéties judiciaires que pour son envergure politique, envisage la suppression pure et simple des trois fonctions publiques. Seuls les militaires, les policiers et les magistrats continueraient de bénéficier du statut de fonctionnaire tel qu’il est. En quelques lignes, un quasi-inconnu demande donc la suppression de la quasi-totalité du service public hérité de plus d’un siècle de mobilisation républicaine et de conquêtes sociales.

La crise nourrit la crise

Dans le même temps, le gouvernement attise la division entre citoyens, avec la complaisance des médias détenus par les proches du pouvoir en place. Sans, d’ailleurs, craindre le ridicule : ainsi, le refus de présentation de titres de transport de quelques usagers de la SNCF était présenté hier par plusieurs médias comme une forme de « révolte » de citoyens excédés contre les dysfonctionnements du service public ferroviaire. Dysfonctionnements bien réels, générés par des déficits de personnels et de moyens eux-mêmes imputables à la privatisation rampante de la SNCF. Un exemple dans lequel apparaît bien la mécanique du néolibéralisme, qui tire avantage de la crise qu’il déclenche lui-même. Ainsi, la proposition de Jean-François Mancel justifie son projet par le fait que « les différences entre le secteur public et le secteur privé apparaissent plus que jamais injustes aux yeux de nombre de nos concitoyens, particulièrement suite à la grave crise financière que nous venons de traverser ». Mais n’est-ce pas le système spéculatif soutenu et nourri par le pouvoir en place qui est à l’origine de cette crise ? Et le cadeau de 360 milliards d’argent public donné aux banques, n’est-il pas « injuste aux yeux de nos concitoyens ? »

G.G.-L.


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