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Un grand chantier enlevé aux Réunionnais

Avec l’accord signé par Didier Robert et François Fillon : un chantier pour le prix de deux

mardi 19 octobre 2010, par Manuel Marchal


Jeudi dernier, Didier Robert et François Fillon ont signé un accord qui prévoit le financement d’un seul grand chantier, la route du Littoral. La modernisation des aéroports et des réseaux de bus était déjà prévue, en lien avec l’arrivée de l’Airbus A380 à Gillot et du tram-train.


Le 19 janvier 2007 à Matignon, Paul Vergès, président de la Région, et Dominique de Villepin, Premier ministre, signent un protocole d’accord prévoyant le financement de deux grands chantiers, le tram-train et la nouvelle route du Littoral. Trois ans plus tard, leurs successeurs signent un nouvel accord qui maintient l’enveloppe initiale, mais uniquement pour un seul chantier : la route du Littoral. Le tram-train est supprimé.
Mais pour arriver au même montant qu’en 2007, deux autres projets situés en dehors du premier accord sont ajoutés dans le second. Il s’agit de 250 millions d’euros pour des couloirs de bus, et 350 millions supportés essentiellement par une société aéroportuaire qui reste à créer pour payer la modernisation de deux aéroports.
Mais les couloirs de bus et la modernisation d’infrastructures aéroportuaires étaient déjà prévus de longue date.

Les bus étaient déjà prévus

Le premier chantier est en effet lié à la réalisation du tram-train. En effet, pour que le tram-train puisse attirer un maximum de voyageurs, il est nécessaire de densifier la desserte en transports collectifs des écarts. Nombreux sont en effet les Réunionnais qui n’ont pas les moyens de se payer une automobile, même pour l’utiliser de la maison au parking relais de la gare du tram-train la plus proche.
Le tracé du tram-train traverse le territoire de plusieurs autorités organisatrices de transport. Toutes sont favorables au projet, ce qui signifie que toutes comptent sur cette infrastructure pour dynamiser leur offre en transports collectifs. Autrement dit, la construction du tram-train allait déclencher obligatoirement une augmentation du nombre de bus en circulation sur notre île et donc logiquement nécessiter des besoins nouveaux en aménagement des villes. Car une gare de tram-train est un pôle d’échange entre plusieurs modes de transport : doivent s’y croiser des trains, des bus, des taxis collectifs, des voitures particulières et des vélos.
Sans le tram-train, cette modernisation des réseaux de bus est orpheline. Car le Trans-Eco-Express proposé est loin d’avoir la même capacité en nombre de passagers.

Modernisation des aéroports retardée ?

Pour sa part, la modernisation des aéroports est un projet qui date de bien avant la venue de Didier Robert à la présidence de la Région, et donc également très antérieure à la campagne électorale des Régionales.
Cette modernisation est liée à l’arrivée en 2014 du premier Airbus A380 d’Air Austral. Adopté en début d’année 2009 par la CCIR, le plan de composition de l’aéroport Roland Garros prévoit un élargissement des pistes et surtout la construction d’une nouvelle aérogare. Située à la place de l’ancienne aérogare de fret, cette nouvelle structure sera uniquement au service des passagers des Airbus A380. Ce plan de composition anticipe donc les besoins pour les 15 années à venir. À l’époque, la CCI évoquait la somme de 200 millions d’euros nécessaires pour réaliser ces investissements. À charge donc pour les différentes autorités compétentes, et en particulier l’État, de rechercher les financements nécessaires. Ce chantier devait donc se faire quoiqu’il arrive.
Paradoxalement, l’inclusion de la modernisation des aéroports dans l’accord risque même de tout retarder, car il faut maintenant attendre la création d’une société aéroportuaire avant de faire le moindre montage financier.
Modernisation des réseaux de bus et des aéroports était donc déjà prévue de longue date. Résultat : dans le nouvel Accord de Matignon, c’est un chantier pour le prix de deux, à condition que la nouvelle route du Littoral soit compatible avec la protection de l’environnement…

Manuel Marchal


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