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Les éleveurs obtiennent le retour d’un prix garanti pour le lait

Trois mois après la suppression des quotas laitiers

samedi 25 juillet 2015, par Manuel Marchal


Depuis le 1er avril, les quotas laitiers sont supprimés dans toute l’Union européenne. Trois mois après, c’est la révolte des éleveurs en France, à cause de la chute des prix. Après avoir dressé des barrages pendant quelques jours, les éleveurs ont obtenu de la France la création d’un prix garanti pour le lait : 34 centimes par litre. Cela se situe 13 % au-dessus du prix du marché. Cette mesure exceptionnelle survivra-t-elle au prochain Conseil européen ?


En France, les éleveurs laitiers subissent les effets de la suppression des quotas. Dans deux ans, cette suppression touchera les planteurs de canne à sucre à La Réunion.

En 2013, le gouvernement français a voté pour la suppression des quotas sucriers en 2017. Cette décision entraînera donc la suppression du prix garanti pour le sucre produit à La Réunion. L’Europe n’interviendra donc plus pour acheter le sucre invendu à un prix au-dessus du cours mondial.

En août 2014, le président de la République est venu à La Réunion prononcer un discours dans la cour de l’usine de Bois-Rouge. Il en est ressorti une seule certitude : pas question que la France revienne sur la décision de suppression des quotas sucriers. François Hollande a donc confirmé la fin du prix garanti en 2017. La filière a donc demandé à la France de relever de 38 millions d’euros le niveau de l’aide de l’État aux producteurs de sucre de l’outre-mer à partir de 2017. Cette demande a pour but de compenser un coût de production plus élevé. Cela signifie qu’à partir de 2017, la France verserait tous les ans 128 millions d’euros pour maintenir la production de canne à sucre. Pour cela, le gouvernement doit demander l’autorisation de l’Union européenne. Cela n’a pas été fait avant le début de la campagne sucrière. Cela explique pourquoi la Convention canne ne dit rien sur le prix de la canne et les revenus des planteurs pour les campagnes sucrières à partir de 2017.

13 % au-dessus du prix du marché

En France, la suppression des quotas est déjà une réalité pour les producteurs de lait. Elle s’applique depuis le 1er avril. Depuis, les prix ont chuté. Aujourd’hui, cela tourne autour de 30 centimes le litre, ce qui est insuffisant pour que les éleveurs puissent s’en sortir.
C’est pourquoi la suppression des quotas a été le déclencheur d’un large mouvement de protestation des éleveurs. Il a franchi une nouvelle étape en début de semaine dernière avec des barrages sur les routes et les autoroutes. Il n’a donc fallu que trois mois pour que la fin des quotas d’une production agricole entraîne de telles conséquences.

L’État a dû s’impliquer à son plus haut niveau. Mercredi, le Premier ministre a présenté un plan d’urgence pour l’élevage. Jeudi, le président de la République a rencontré des éleveurs. Hier vendredi, le ministre de l’Agriculture est arrivé à un accord avec les représentants des producteurs de lait.

L’accord dit que le prix du lait ne pourra pas être inférieur à 340 euros pour 1000 litres, soit 34 centimes pour un litre. C’est le retour du prix garanti.

Le ministre Stéphane Le Foll a précisé que cela aura un impact de quelques centimes pour le consommateur. Les intermédiaires, en particulier la grande distribution, ne réduiront donc pas leurs marges.

France et Grèce même combat ?

Cette décision ne manquera pas de créer un débat en Europe. Depuis le début de la crise, le ministre de l’Agriculture a annoncé la tenue d’un Conseil européen sur le problème de l’élevage. Il se tiendra au début du mois de septembre, à la fin de la période des vacances de l’été là-bas. Le retour d’un prix garanti rend d’un coup compétitives des productions qui ne l’étaient plus à cause de la concurrence européenne. Quel pays soutiendra la France sur cette position ?

Manifestement, le retour du prix garanti est une mesure prise dans l’urgence en attendant les décisions du prochain Conseil européen. C’est en effet une remise en cause du principe de la concurrence libre et non faussée. Les Européens accepteront-ils pour la France ce qu’ils ont refusé à la Grèce ?

Ce qui ressortira du débat sera très instructif pour les planteurs à La Réunion.


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