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APE : une étape dans la construction du marché unique mondial

J-7 avant la signature de l’Accord de partenariat économique intérimaire entre l’Europe et nos voisins

samedi 22 août 2009, par Sanjiv Dinama


Le bloc Eastern-Southern Africa (ESA) qui regroupe six pays (Madagascar, Maurice, les Seychelles, les Comores, la Zambie et le Zimbabwe) va signer un Accord de partenariat économique (APE) intérimaire avec l’Union Européenne (UE) le 29 août au Centre de conférences de Grand-Baie, dans le nord de Maurice (voir Témoignages du 21 aout 2009). Aujourd’hui, dans le cadre des négociations des Accords de partenariat économiques, l’Union Européenne a proposé progressivement un accès en franchise de droits et sans contingent pour tous les produits des pays ACP. Cela signifie une entrée sans droit de douane des produits des pays ACP sur le territoire de La Réunion. La réalisation d’un marché unique mondial engendre inévitablement une nouvelle division du travail à l’échelle planétaire dont la durée de stabilisation se compte en siècles, compte tenu des unités des forces en présence et de la puissance du mouvement historique. Les exemples des bouteilles de Coca Cola, de la farine ou de l’imprimerie à La Réunion nous le démontre.
Mais quel est le coût social d’une telle politique ? Existe-il une méthode moins “barbare” afin que les îles de l’océan Indien puissent travailler ensemble.


Le bloc Eastern-Southern Africa (ESA) qui regroupe six pays (Madagascar, Maurice, les Seychelles, les Comores, la Zambie et le Zimbabwe) va signer un Accord de partenariat économique (APE) intérimaire avec l’Union Européenne (UE) le 29 août au Centre de conférences de Grand-Baie, dans le nord de Maurice (voir Témoignages du 21 aout 2009).
Un officiel du ministère mauricien des Affaires étrangères a indiqué que la Baronne Catherine Ashton, commissaire européenne au Commerce, sera présente à cette occasion.
Une réunion d’officiels de l’ESA est prévue le 27 août alors que la rencontre interministérielle se tiendra le 28 août au même endroit.
Aujourd’hui, dans le cadre des négociations des Accords de partenariat économiques, l’Union Européenne a proposé un accès en franchise de droits et sans contingent pour tous les produits des pays ACP. Cela signifie une entrée sans droit de douane des produits des pays ACP sur le territoire de La Réunion. Comment nos producteurs locaux pourront-ils faire face à la concurrence des produits en provenance de ces pays où les coûts de production sont nettement plus bas que sur notre île ? Comment préserver l’immédiat sans hypothéquer l’avenir ?

La France a dit "oui" à l’OMC

Un bref historique permettra de mieux comprendre les enjeux. Le 12 décembre 1994, réunis en Congrès à Versailles, les parlementaires ratifient l’accord conduisant à la réalisation d’un marché unique mondial. Ils votent pour l’adhésion de la France à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Dès ce jour, la France et plus généralement l’Union Européenne sont entrées dans une ère nouvelle où l’économie nationale doit se conformer au droit commun mondial. Dès lors, tous les traités bilatéraux et multilatéraux existant et à venir devront s’adapter au nouveau cadre. Dans ce contexte, l’Europe propose à ses partenaires ACP, de remplacer les Accords de Cotonou qui sont arrivés à expiration le 31 décembre 2007, par des Accords de partenariats économiques régionaux. Le but est de réaliser des zones de libre-échange entre l’UE et un bloc régional ACP, en préambule à l’intégration brutale au marché unique mondial.
Rappelons également l’Afrique connaît une remarquable croissance de ses échanges avec des pays comme la Chine, le Brésil et l’Inde et d’autres “économies émergentes” ainsi qu’un essor des investissements de ces derniers sur le continent. Les échanges avec la Chine ont doublé au cours des trois dernières années pour atteindre 106,7 milliards de dollars l’an dernier.
L’Afrique fait déjà un tiers du total de son commerce international avec les économies émergentes et d’autres pays en développement. La Chine à elle seule est le deuxième partenaire commercial de l’Afrique.

Le potentiel de l’Afrique

Or la part de l’Union Européenne s’affaiblit rapidement. Cette brusque évolution défavorable aux intérêts européens est sans doute une des raisons pour lesquelles l’Union européenne s’empresse de faire signer au pays africains les APE. C’est une manière de continuer à exister sur ces territoires aux potentiels importants.
À cela s’ajoute le fait que le continent africain exporte également des matières premières qui sont aujourd’hui indispensable à l’Europe. La signature des APE permet à l’Union Européenne de bénéficier de prix préférentiels.
Le monde est actuellement en pleine mutation. Aujourd’hui, la réalisation d’un marché unique mondial engendre inévitablement une nouvelle division du travail à l’échelle planétaire dont la durée de stabilisation se compte en siècles, compte tenu des unités des forces en présence et de la puissance du mouvement historique. Les exemples des bouteilles de Coca Cola, de la farine ou de le l’imprimerie à La Réunion nous le démontre.

Progressons ensemble

Mais quel est le coût social d’une telle politique ? Existe-il une méthode moins “barbare” afin que les îles de l’océan Indien puissent travailler ensemble.
Aujourd’hui, l’intérêt est de faire progresser les pays ensemble et non monter les uns contre les autres. Démarchons dans un esprit de co-développement, c’est-à-dire gagnant-gagnant. Il est nécessaire de prendre en compte les spécificités de chacun des pays.
La crise que nous traversons actuellement est d’autant plus une illustration des limites du système capitaliste libéral.

Sanjiv Dinama


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