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Les canons plutôt que les panneaux

mardi 21 juin 2011, par Geoffroy Géraud-Legros

Social, sécurité, éducation nationale, politique étrangère… le candidat Sarkozy, on s’en souvient, claironnait partout un discours de chamboulement. La racaille irait en prison et les cages d’escalier seraient bien tenues ; le travailleur français, celui qui se lève tôt, travaillerait plus et gagnerait plus ; on remettrait des fondamentaux dans cette école pourrie par les soixante-huitards ; on irait « choisir » les bons Arabes, les bons Africains et les bons Roumains pour travailler en France ; sur la scène internationale, le pays retrouverait sa superbe : on allait voir ce qu’on allait voir. Mais c’est dans le domaine nouvellement découvert du développement durable que le futur président de tous les pouvoirs affichait le plus vivement son ardeur révolutionnaire. La détestation de Mai 68 n’empêchant pas un petit emprunt à son histoire, Nicolas Sarkozy annonçait un « Grenelle de l’Environnement », où, sous les deux mains vertes du maire de Neuilly et d’un autre Nicolas, aujourd’hui en mal de primaires, s’épanouiraient les cent fleurs de l’écologie.

Là comme ailleurs, les décisions budgétaires validées par le Gouvernement de M. Fillon constituent un outil de mesure très fiable, pour qui cherche à mesurer avec précision ce que vaut la parole de son patron. À regarder la liste des fameux « rabotages »- c’est la formule imbécile qu’emploient les prétendus « libéraux » lorsqu’ils créent de nouveaux impôts -, il est clair que le cours de la promesse présidentielle n’est pas à la hausse. Ainsi, les pionniers du Grenelle n’ont pas tardé à passer un bon kroch-pat’ à l’industrie photovoltaïque, en supprimant sans préavis les mesures de défiscalisation qui assuraient l’essor de cette énergie alternative. Pendant ce temps, l’Élysée sanctuarise l’industrie du nucléaire, dont il assure manu militari la réorganisation en rapprochant de force les deux géants français, EDF et Areva. Exit, donc, les engagements du Grenelle : l’atome continuera de faire la loi.

La guerre est, en revanche, un secteur où l’activisme présidentiel ne se dément pas. Simultanément engagé en Côte-d’Ivoire et en Libye, l’Élysée montre que la rigueur budgétaire et la frugalité fiscale s’arrêtent là où commencent les intérêts des amis industriels. Gbagbo fait payer cher sa présence à l’ami Bolloré ? On mettra Ouattara à sa place, qui fera moins de manières. Kadhafi ne paiera pas la prochaine campagne électorale ? On n’a pas été fichus de lui vendre pour 10 milliards de Rafales ? On ira prendre son pognon où il est, dans ses champs de pétrole. Et on (sous) traitera pour cela avec une bande d’anciens tortionnaires et de copains de Ben Laden, auxquels on enverra en prime Bernard-Henry Lévy.

Résultat des courses : une trentaine de milliers de postes ont été supprimés dans la fonction publique pour financer une guerre qui commence à coûter bonbon. Il est vrai qu’à un million d’euros le missile et à 30.000 euros l’heure de vol, jouer du canon revient sensiblement plus cher que de poser des panneaux photovoltaïques. On s’est demandé, d’ailleurs, ce qu’en dit Didier Robert, puisque c’est à La Réunion que le secteur a perdu le plus d’emplois. De retour d’un voyage à Adélaïde, l’omniprésident de la Région avait promis d’en toucher un mot à Paris, où il séjourne d’ailleurs à peu près aussi souvent qu’à la Réunion. Renseignements pris, il semblerait que tout membre du bureau national de l’UMP qu’il soit, M. Robert n’ait pas jugé bon d’ennuyer le boss avec ces contingences…

G.G.-L.


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