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par le Dr Raymond Vergès

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Quand le changement climatique est sous-estimé…

mercredi 30 octobre 2013, par J.B.

Depuis minuit, La Réunion est en vigilance forte pluie. Selon les prévisions de Météo France, les ondées devaient s’abattre sur une région englobant le Nord, l’Est et le Sud sauvage. Cette pluie est attendue depuis des mois, et elle va précisément arroser la région qui en a sans doute le plus besoin : l’Est.

Depuis le début de son peuplement, La Réunion a été divisée en deux zones aux climats bien différenciés. Dans le Nord et l’Est, c’est la région au vent. Placée sous l’influence du souffle des alizées, c’est la zone humide. Les nuages sont arrêtés par les montagnes de l’intérieur, et la pluie tombe régulièrement. Ce climat était tellement apprécié que la région s’est aussi appelée le Bon pays.

Dans l’Ouest et le Sud-Ouest, c’est la région sous le vent. Les montagnes du centre arrêtent les nuages, et par conséquent il pleut bien plus rarement.

Cette division a déterminé le découpage administratif. Il y eut l’arrondissement au vent, et l’arrondissement sous le vent. Quand les Réunionnais ont élu leurs deux députés en 1945, le tracé des limites des circonscriptions suivait celle de ces deux arrondissements.

Au cours de ces dernières décennies, la population s’est concentrée dans l’Ouest et le Sud au détriment de l’Est, soit dans la région la plus sèche. Dans le même temps, l’agriculture recherchait de nouvelles terres à mettre en valeur. Dans le Nord, d’immenses superficies de sols très riches venaient d’être sacrifiées pour construire un aéroport et l’extension vers l’Est de Saint-Denis. C’est dans la région des mi-pentes à l’Ouest que les terres ont été localisées. S’est alors posé le problème de l’eau.

Les décideurs de l’époque ont alors appliqué un raisonnement très simple : prendre l’eau en excédent dans la région au vent pour l’amener dans la région sous le vent. Ce raisonnement tenait voici plus de 20 ans, quand le chantier a commencé.

Mais aujourd’hui, rien ne va plus, car le changement climatique a tout bouleversé. C’est un mode de fonctionnement vieux de 350 ans qui est remis en cause, car où est la région sèche ? Où est la région humide ?

Or, les concepteurs du chantier du basculement des eaux ont choisi de prendre le précieux liquide à Salazie, et de récupérer au passage les flots de plusieurs cours d’eau du Nord jusqu’à la rivière des Galets. Avec la sécheresse, la région au vent est déficitaire en eau. Le phénomène climatique a imposé le retour des citernes, car il n’était plus possible pour les réserves restantes de soutenir le rythme actuel de consommation.

Tout cela n’était pas prévu par les concepteurs du basculement des eaux, car ils ont sous-estimé les effets du changement climatique. Et maintenant, le changement climatique est là, et c’est sa réalité qui s’impose.

J.B.


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