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par le Dr Raymond Vergès

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Témoignage d’un réfugié : « nous pensions que nous allions nous noyer »

36 heures enfermés dans la cale sans boire ni manger entre la Turquie et la Grèce

mercredi 1er juin 2016


Au large de la Grèce au cours de ces dernières semaines, les Gardes Côtes ont secouru des bateaux en perdition. Sur un des bateaux secourus, les réfugiés ont dit qu’ils payaient entre 5000 et 7500 dollars aux passeurs pour tenter la dangereuse traversée. Voilà une des conséquences dramatiques de la guerre déclenchée par les dirigeants occidentaux en Irak voici plus de 10 ans.


Réfugiés sur l’île grecque de Lesbos. (photo Louisa Gouliamaki/IRIN)

Un Irakien âgé de 40 ans a dit à l’OIM : « avant la guerre, notre vie en Irak était formidable. J’étais propriétaire d’un supermarché, d’un camion et j’avais une belle maison. Maintenant je n’ai plus rien. J’ai tout vendu pour sauver ma famille. En 2014, j’ai tenté d’envoyer ma femme et mes trois enfants à Glasgow. J’ai payé 25000 dollars par personne pour qu’ils voyagent sous de faux passeports jusqu’en Turquie par avion. Ils me manquent tellement qu’au bout de deux ans, j’ai décidé de quitter l’Irak. Pendant ce temps, la situation s’est dégradée à cause des terroristes. Nous ne sommes pas en sécurité. Toutes les nuits, je voyais des terroristes à 300 mètres de ma maison. Nos vies sont constamment en danger ».

5000 dollars la traversée

« J’ai trouvé un passeur en Irak qui m’a amené jusqu’à Istanbul en Turquie. À Istanbul, c’est très facile de trouver un passeur. Chaque café est plein de passeurs. Ils vous disent : « Où voulez-vous aller ? En Allemagne ? ». Et ils vous envoient en Allemagne. LA police turque et les passeurs travaillent ensemble. Depuis Istanbul, les passeurs nous ont conduit dans le district de Marmara. J’ai passé 10 jours enfermé dans une maison avec d’autres réfugiés ».

« Après 10 jours, ils nous ont amenés au port. J’ai vu le bateau à minuit. Le passeur nous a demandé si nous voulions monter à bord. J’ai payé 5000 dollars dans le but d’aller en Italie puis en Ecosse pour rejoindre ma famille. La police turque a tout vu. Ils nous ont aidé à monter à bord, nous ont escortés pendant 200 mètres puis ont fait demi-tour ».

« Sur le bateau, les passeurs nous ont confisqués nos téléphones et nous ont enfermé pendant la plus grande partie du voyage. Ils étaient sur le pont du dessus. Ils ne nous laissaient pas les regarder. Ils nous disaient sans arrêt de nous taire. Ils ne nous ont pas donnés à manger ni à boire pendant 36 heures. Il n’y avait pas de toilette dans notre pont ».

« Je veux retrouver ma famille »

« Le bateau était correct, mais le temps était mauvais. L’eau entrait dans la cale à cause des vagues. Tout le monde pleurait, vomissait et certains ont perdu connaissance plusieurs fois. Nous étions effrayés et pensions que nous allions nous noyer. Nous avons réussi à contacter les Gardes Côtes pour leur demander de nous secourir ».

« Maintenant, je veux retrouver ma famille et rien d’autre. Je ne peux pas attendre 6 mois jusqu’à ce que la demande d’asile aboutisse. J’ai de l’argent. Je paierai quelqu’un pour m’amener à ma famille. J’ai tout vendu pour être avec eux. Je partirai. Je m’en moque si je meurs au cours du voyage, six mois c’est trop long ».


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