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par le Dr Raymond Vergès

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La FAO propose une nouvelle gestion de l’eau dans l’agriculture

2- Deuxième élément de la crise : la sécurité alimentaire à la Semaine mondiale de l’Eau à Stockholm

mercredi 29 août 2012


Devant la répétition des sécheresses et la hausse des prix des céréales, l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) intervient dans le débat de la Semaine mondiale de l’Eau à Stockholm. L’organisation internationale propose des mesures pour une gestion durable d’une ressource limitée, tout va se jouer dans l’agriculture, comme l’indique ce communiqué de la FAO que nous reproduisons ci-après.


La sécheresse sévissant dans certaines parties du monde a compromis la production céréalière mondiale et contribué aux envolées des prix alimentaires quasiment tous les deux ans depuis 2007, soulignant la nécessité de transformer la façon dont l’eau est utilisée — et gaspillée — tout au long de toute la chaîne alimentaire.
Cette annonce fait partie des messages clés que la FAO entend transmettre à la Semaine mondiale de l’Eau qui se tient à Stockholm. La manifestation annuelle rassemble des décideurs et des experts du monde entier appelés à se concerter sur les questions pressantes liées à l’eau et à sa gestion.

Pénurie et pollution de l’eau

Dans une allocution prononcée lundi à la cérémonie d’ouverture, le Directeur général de la FAO, José Graziano da Silva, a souligné qu’il « ne peut y avoir de sécurité alimentaire sans sécurité de l’eau », faisant remarquer que le rapport récemment publié par la FAO, “L’état des ressources en terres et en eau pour l’alimentation et l’agriculture”, met en garde contre la pénurie croissante et la pollution de l’eau qui compromettent de plus en plus les systèmes mondiaux de production vivrière.
« L’agriculture telle que nous la pratiquons aujourd’hui est une des causes de ce phénomène, car elle représente 70% de tous les prélèvements d’eau douce », a déclaré M. Graziano da Silva. Il a cependant souligné que le secteur de la production vivrière présente également un potentiel énorme pour modifier les utilisations de l’eau dans le monde.

L’agriculture est la clé

Selon le Directeur général de la FAO, l’agriculture détient la clé de l’utilisation durable de l’eau. C’est pour cela et pour répondre à la demande croissante de nourriture que « nous devons produire de façon à conserver l’eau, à l’utiliser de façon plus durable et plus intelligente, et aider l’agriculture à s’adapter au changement climatique », a-t-il ajouté.
Pour ce faire, la FAO propose un nouveau cadre de gestion de l’eau dans l’agriculture : Coping with water scarcity : An action framework for agriculture and food security qui suggère que les politiques et actions se concentrent sur plusieurs domaines (voir encadré) : modernisation des réseaux, meilleur stockage de l’eau, recyclage, lutte contre la pollution, réduction des gaspillages de nourriture.
Parallèlement, la réduction de pertes après récolte doit s’inscrire dans toute stratégie visant à faire face aux pénuries d’eau. Trente pour cent de toute la nourriture produite dans le monde (soit l’équivalent de 1,3 milliard de tonnes) sont perdus ou gaspillés chaque année tout au long de la filière, de la ferme à la table. La réduction de ces pertes permettra de réduire la pression sur les ressources naturelles vitales pour la production vivrière, comme les sols et l’eau.


Les propositions de la FAO


• Modernisation de l’irrigation

Les canaux d’irrigation vétustes doivent être modernisés pour répondre aux besoins des agriculteurs de demain et permettre une utilisation plus efficace de l’eau en accroissant sa productivité. L’irrigation du futur se fera de plus en plus par conduites et associera dans une optique durable différentes sources d’eau, y compris les eaux souterraines.

• Un meilleur stockage des eaux de pluie au niveau des exploitations

En stockant l’eau dans de petits étangs ou directement dans le sol, les agriculteurs peuvent réduire les risques de sécheresse et accroître la productivité.

• Recyclage et réutilisation

La réutilisation de l’eau, en particulier l’épuration des eaux usées des centres urbains, a un rôle important à jouer pour la production agricole dans les zones arides. La production locale peut tirer profit d’une utilisation plus systématique et sûre de ces eaux.

• Lutte contre la pollution

De meilleures réglementations de la qualité de l’eau soutenues par des mécanismes d’application efficaces doivent être mises en place pour réduire la pollution de l’eau qui aggrave l’appauvrissement des ressources hydriques.

• Substitution et réduction des gaspillages alimentaires

Les politiques agricoles doivent tenir compte du potentiel offert par la production pluviale dans de nombreuses régions, et mieux intégrer l’agriculture irriguée et pluviale.
Impact des pénuries d’eau sur la sécurité alimentaire

D’après le rapport de la FAO, la raréfaction de l’eau destinée aux utilisations agricoles constitue un enjeu pour la production vivrière. Onze pays utilisent aujourd’hui plus de 40 pour cent de leurs ressources en eau pour l’irrigation, un seuil considéré crucial, tandis que huit autres en prélèvent 20 pour cent, ce qui montre une pression conséquente et des pénuries d’eau imminentes.
Par ailleurs, des estimations souvent trop optimistes des ressources en eau de surface disponibles et la sur-allocation des droits de l’eau peuvent conduire à de graves pénuries en cas de sécheresses.
Par exemple, en Australie, les apports moyens du système fluvial Murray-Darling de 2001/2 à 2009 n’étaient que 33% de la moyenne des 100 années précédentes, à la base du système de répartition existant. Le fleuve Colorado au Sud-Ouest des États-Unis est un autre exemple de sur-allocation d’eau. Le changement climatique futur risque d’invalider les hypothèses hydrologiques sur lesquelles reposent les droits actuels.
Le changement climatique et les ressources en eau pour l’agriculture

Le changement climatique exercera un certain nombre de pressions supplémentaires sur les disponibilités en eau pour la production vivrière.
Les projections montrent un fléchissement général des précipitations dans les zones semi-arides, une augmentation dans les zones tempérées, une plus grande variabilité de la répartition des pluies, une fréquence accrue des phénomènes extrêmes et une hausse des températures. Ces effets auront un impact en particulier sur l’agriculture tropicale et subtropicale.
Une grave diminution des débits des cours d’eau et de la recharge des aquifères devrait avoir lieu dans tout le Bassin méditerranéen, ainsi que dans les zones semi-arides de l’Afrique australe, de l’Australie et des Amériques.
La réduction des débits de base des cours d’eau, associée aux crues et à la montée du niveau des océans, devrait affecter les systèmes irrigués hautement productifs qui dépendent de la fonte des glaciers (comme le Punjab et le Colorado) et des deltas des plaines (tels que l’Indus, le Nil et le Brahmapoutre-Gange-Meghna, le delta à plus forte densité de population du monde).
Dans les tropiques semi-arides, où l’on prévoit un accroissement des sécheresses et des inondations, le changement climatique devrait se répercuter en particulier sur les populations rurales pauvres, réduisant les rendements des cultures et de l’élevage.
D’une façon générale, des sécheresses et inondations plus fréquentes et plus intenses pèseront sur la production locale, en particulier sur les secteurs de subsistance à faibles latitudes et sur les zones victimes d’insécurité alimentaire dominées par une agriculture pluviale.

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