Témoignages - Journal fondé le 5 mai 1944
par le Dr Raymond Vergès

Cliquez et soutenez la candidature des Chagossiens au Prix Nobel de la Paix

Accueil > Politique > Santé

Vaccin contre le chikungunya : une piste sérieuse confirmée par le gouvernement

La France veut reprendre les recherches avec les États-Unis

jeudi 6 avril 2006


Hier, le ministre de la Santé tenait une conférence de presse sur le chikungunya. Il a longuement évoqué le vaccin. Le 26 janvier dernier, le président de la Région avait alerté le gouvernement sur cette piste. La conférence de presse d’hier montre que cette possibilité est sérieuse. On en lira ci-après un compte-rendu à travers une dépêche d’Associated Press.


Face à l’épidémie de chikungunya qui a déjà touché 230.000 personnes à La Réunion, le ministre de la Santé Xavier Bertrand a annoncé mercredi son intention de suivre "la piste américaine", en l’occurrence des essais vaccinaux engagés aux États-Unis sur le virus.
Lors d’une conférence de presse, il a précisé que la France souhaitait reprendre les recherches sur ce vaccin que les États-Unis avaient commencé à mettre au point dans les années 80, mais dont ils avaient abandonné l’élaboration en raison notamment d’un manque de crédits.
Il a affirmé que les essais effectués aux États-Unis avaient montré la présence "de produits anticorps qui détruisent le virus sur des souriceaux et des singes". En revanche, les essais effectués sur les humains n’ont pas montré leur efficacité.

Une mission aux États-Unis

"Il ne s’agit pas de donner de faux espoirs", a expliqué le ministre, "mais il convient d’utiliser toutes les pistes de travail". Il a toutefois souligné que dans le meilleur des cas, il faudra "de 4 à 6 ans" pour qu’un tel vaccin pour les humains soit commercialisable.
Le ministre s’exprimait au retour des États-Unis des experts de la mission sur le vaccin du chikungunya qui étaient partis sur place pour s’informer sur ces recherches. Reste maintenant à aborder l’aspect contractuel pour s’en servir. Mais Antoine Flahault, responsable de la Cellule nationale de coordination de la recherche sur le chikungunya, a affirmé que "les Américains ont une volonté de collaborer dans ces recherches".
Si tout se passe bien, il a confié que des essais cliniques pourraient être effectués sur "un petit nombre de personnes" en janvier ou février prochain.

Des tests pour le médicament

Xavier Bertrand s’est par ailleurs montré prudent sur les tests effectués en laboratoire au CHU de la Timone, à Marseille, sur une molécule qui pourrait être efficace contre le virus du chikungunya. "Il ne faut pas donner de faux espoirs tant que l’efficacité n’a pas été démontrée", a-t-il souligné.
Antoine Flahault a expliqué que des tests sur cette molécule, qui pourraient être effectués au mois de mai, porteront "probablement sur 200 patients atteints du chikungunya". Il a refusé de donner le nom de cette molécule avant de procéder à des tests cliniques, soulignant que les probabilités pour que la molécule soit efficace restent "faibles".
"L’ébruitement du nom de la molécule pourrait conduire à un engouement qui pourrait être préjudiciable", a-t-il poursuivi, en répétant qu’il ne fallait "pas de précipitation".
Au total, 230.000 personnes ont été touchées par le virus à La Réunion depuis l’apparition de l’épidémie l’an dernier. Mais selon le ministère de la Santé, 6.000 nouveaux cas ont été recensés la semaine dernière, alors qu’au plus fort de la crise, 40.000 nouveaux cas avaient été répertoriés en une semaine.


Prendre du recul

La piste du vaccin est sérieuse. Le 26 janvier dernier, elle avait été évoquée par Catherine Gaud lors de la venue d’une mission de hauts responsables du ministère de la Santé, de l’Outre-mer et de l’Institut de veille sanitaire.
Le jour même, Paul Vergès avait alerté le gouvernement à travers un courrier adressé au Premier ministre au sujet de cette piste : "Il nous revient de source scientifique qu’il existe un vaccin expérimenté par l’armée américaine mais qui ne serait pas commercialisé", écrivait le président de la Région, "je vous serais reconnaissant de bien vouloir nous apporter une clarification sur ce point, compte tenu de l’évolution rapide de l’épidémie, et en espérant que vous prendrez toutes les dispositions utiles dans le sens d’une éradication de l’épidémie".
À l’époque, on se rappelle de la polémique et des quolibets qu’avait suscités cette initiative. Michel Vergoz avait accusé Catherine Gaud d’évoquer un vaccin contre le chikungunya. Des élus avaient voulu décrédibiliser cette piste.
Hier, le ministre de la Santé a tenu une conférence de presse au cours de laquelle il a annoncé l’intérêt et l’implication de son gouvernement dans cette piste. Xavier Bertrand a rendu compte d’une mission d’experts qui a rencontré l’équipe de chercheurs américains qui travaillait sur le vaccin. Le ministre a annoncé le souhait de son gouvernement de reprendre les recherches en collaboration avec les États-Unis.
Ceci prouve à quel point la piste du vaccin est sérieuse.
Cela montre qu’il n’est pas mauvais de prendre du recul sur des commentaires dictés par l’émotion ou les calculs politiciens car un jour ou l’autre, la réalité resurgit.


Un message, un commentaire ?

signaler contenu


Facebook Twitter Linkedin Google plus