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par le Dr Raymond Vergès

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Etre ou paraitre : Quel chemin emprunter ?

mercredi 18 septembre 2013

De nos jours, on n’échappe pas au règne des apparences qui sévit avec excès dans la société. Souvent les apparences mettent sous influence certaines personnes et les empêchent d’être elles-mêmes. L’apparence a toujours revêtu une grande importance dans notre société. On a besoin d’être apprécié, d’être aimé des autres. Mais si « l’habit ne fait pas le moine », comme le dit la citation, et que les apparences sont trompeuses, sommes-nous capables de savoir qui est qui ? Et quelle part peut-on faire à l’Etre et au Paraitre ?

De l’objet au sujet

L’Etre est un sujet métaphysique qui suscite beaucoup d’interrogations et de réflexions philosophiques. S’il est difficilement définissable, il n’empêche que de par son comportement, un regard est porté sur lui. L’apparence déclenche toujours une première opinion. Et en même temps se pose le problème de l’être social. L’être et le paraitre jouent chacun un rôle dans la vie quotidienne. On ne peut donc s’intéresser à l’un sans s’intéresser à l’autre. L’Etre souffre de définition précise. Descartes sépare l’être des choses difficilement accessibles de l’être du sujet connaissant que l’on côtoie au quotidien. Kant affirmait que « le seul être connu, c’est le phénomène » , et donc, pour lui, l’existence ne peut être établie que par l’expérience et non par la logique. Et Nietzsche disait, lui, de l’Etre qu’il « n’est que le plus creux des concepts, la dernière vapeur de la réalité volatilisée ». Si l’être est un concept, alors le paraitre l’incarne. On observe cependant que si ce qui est ou la totalité de ce qui est reste du domaine de la raison indéfinissable, le paraitre est une des caractéristiques de l’être et ce qui parait a forcément une existence, même si elle peut être variable et instable.

Etre et devenir

L’être ne peut se soustraire du paraitre pour être au monde. Sous une série de substituts est allé se cacher le sens de son sujet. La société s’est remise, comme au XVIIème siècle en France, à assimiler le réel à l’illusion. « On était ce qu’on paraissait et on n’était que ce qu’on paraissait » . Entre les apparences de ce qu’on montre de soi et la vérité de ce qu’on est, on sent bien l’ambiguïté entre l’Etre et le Paraitre. Des glissements de l’être vers le paraitre ont modifié la civilisation actuelle. Le paraitre est donc le déguisement, l’imitation, le mirage et le reflet ou l’illusion de la vérité. Ce déguisement de son être est cette façon de se dissimuler et de dissimuler ce qu’on n’accepte pas sur soi ou qui peut expliquer un mal-être. Le paraitre lié à l’idée d’appartenance, d’apparence et de la tromperie n’est pas, et n’est pas forcément visible, car il n’est pas vrai. Du bal masqué à la vie quotidienne, chacun peut être tenté de se cacher derrière une fonction, un trait de caractère, une mode.

Les adolescents jouent des rôles sociaux au niveau du groupe. Ils se construisent une fonction de représenter les modèles auxquels ils vont s’identifier pour paraitre, ils cherchent à plaire pour se plaire. Ils attribuent au meilleur ami les qualités dont ils rêvent pour eux-mêmes et la théâtralité les fait entrer dans un monde imaginaire qui diminue leur être, et qui ne reflète que l’image qu’ils se donnent d’eux-mêmes. Cette théâtralité des adolescents masque leur histoire et cache le plus souvent leurs doutes. Cela met en lumière les limites qu’on peut percevoir chez eux. La communauté est pour eux le lieu idéal où ils se donnent un air, et jouent sans cesse un rôle pour attirer l’attention vers eux, sans avoir l’air de s’en rendre compte. Ils veulent souvent vivre dans un monde parallèle déconnecté. La posture de refus dans leur rapport avec les autres membres de leur communauté induit un changement de regard sur eux. Il y a une dualité dans le paraitre, qu’il faut être courageux à prendre le risque de s’exposer par rapport aux autres et à soi, un peu comme l’art qui se trouve le moyen d’exprimer nos émotions et dans lequel art il y a l’être-artiste et le produit qui paraît.

On peut accompagner le chemin qui va du Paraitre à l’Etre

On ne peut donc nier l’existence des apparences dans la société. La théâtralité du paraître par les deux faces de Janus peut desservir le fond de la personnalité de l’être, quand il n’est pas moyennement dans le spectacle, il peut être pris au piège de l’enfermement. En rapprochant les artifices et les motivations de ces faux-semblants, il serait aisé d’agir sur l’être comme sur le paraitre et les deux ne s’opposent pas.

Etre soi dans sa totalité peut être aussi une façon de refuser de faire un peu trop dans le spectaculaire au sein de notre milieu social. La part consentie à l’expression et à l’audace, pour dire ce qu’on veut dire vraiment, et aux autres, est aussi un moyen pour se confier à soi-même. En affirmant ce qu’on choisit, on affirme aussi ce qu’on est. Donc, la responsabilisation peut être une autre façon non plus de paraître, mais d’apparaitre avec et par les compétences propres. Au final, le secret de chaque être est caché à l’intime du cœur et l’apparence ne parle pas de la personne.

Bienvenu H. Diogo


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