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par le Dr Raymond Vergès

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De nombreuses « idées à la chaîne » pour développer les déplacements à vélo

La Réunion présente à l’Université Populaire du Vélo en France

mercredi 25 juillet 2012


La semaine dernière, le Club des Villes et Territoires Cyclables, présidé par Jean-Marie Darmian, maire de Créon, a organisé dans cette commune — située près de Bordeaux — une Université Populaire du Vélo. De multiples « idées à la chaîne » ont été exprimées avec force pendant deux jours par plusieurs experts de haut niveau et par les participants à ces échanges, qui ont justifié l’urgence de mettre en œuvre une politique globale afin de favoriser l’usage du vélo pour se déplacer. Des militants réunionnais du vélo ont participé à cet événement très intéressant en faveur du développement durable.


« Parce que le vélo — urbain, quotidien, ludique, touristique, sportif — est plus qu’un objet, plus qu’un mode de déplacement, plus qu’une mode… parce qu’il réconcilie tradition et modernité, élargit le champ des possibles et rend accessible un autre futur, souhaitable, désirable, et plus citoyen… », le Club des Villes et Territoires Cyclables (voir le site www.villes-cyclables.org) a organisé la 1ère édition de l’Université Populaire du Vélo, les 20 et 21 juillet 2012 à Créon.
 Ce fut « un espace d’échanges, de transmission et de diffusion de savoirs, réunissant experts et citoyens de toutes disciplines : élus, représentants de l’État, associatifs, universitaires, écrivains, artistes, entrepreneurs, cyclistes… » qui ont apporté de nombreuses contributions idéologiques au combat en faveur des déplacements à vélo.
Dès l’ouverture de cette rencontre, Jean-Marie Darmian a souligné l’importance des débats entre militants du vélo et de l’éducation populaire autour de ce thème, car « nous vivons dans une société totalement différente de celle que l’on nous présente souvent comme idéale ; or nous voulons construire une société libre dans un monde de contraintes, une société consciente des enjeux qui l’attendent, bref : un monde où le vélo aura toute sa place ». Le maire de Créon a prouvé par son intervention et par celles des autres participants la justesse du Club des Villes et Territoires Cyclables (CVTC) d’avoir pris une telle initiative, car il y a encore beaucoup trop de préjugés négatifs dans la population et de carences dans les décisions publiques à l’égard des déplacements à vélo.

« Pédaler vers un avenir différent »

Philippe Madrelle, président du Conseil général de la Gironde, a plaidé dans le même sens lors de son discours d’ouverture en tant que président d’honneur de l’Université Populaire du Vélo, car, selon lui, « il est indispensable de promouvoir le vélo si nous voulons améliorer la qualité de notre vie et, à cette fin, il faut notamment développer l’apprentissage du vélo pour les familles, les enfants ». À cette fin, il a annoncé qu’un nouveau Plan départemental vélo sera présenté en septembre prochain pour changer les comportements en termes de déplacements et faire en sorte que la Gironde, qui est déjà le premier département cyclable de France en matière d’aménagements (450 km de pistes), « continue à pédaler vers un avenir différent ».
Au cours des débats, animés notamment par Véronique Michaud, secrétaire générale du CVTC, de nombreux arguments ont été avancés pour expliquer la « nécessité de mettre en œuvre dans nos collectivités une politique globale pour développer l’usage utilitaire et quotidien du vélo, et pas seulement touristique ou de loisir ». Ce fut notamment le cas des deux représentantes du Conseil général de la Gironde, qui ont présenté les diverses actions déjà menées et envisagées par ce Département pour faire du « vélo un vrai projet de territoire ».

Un Schéma directeur vélo réunionnais

Les deux représentants de La Réunion présents à cette Université Populaire du Vélo — une conseillère municipale du Port, secrétaire-adjointe de l’association Trans’Port Vélo Ville, et le secrétaire du Comité Réunionnais de Promotion du Vélo (CRPV) — ont bien sûr plaidé dans le même sens, en exprimant le souhait que soit réalisé au plus vite dans notre pays un excellent Schéma directeur vélo réunionnais. Ils ont également invité les militants du vélo en France à venir visiter La Réunion, en participant notamment au Soréfi Réunion Cyclo Tour, organisé chaque année par le CRPV en mai.
Outre les échanges d’idées auxquels elle a donné lieu (voir encadré) , cette rencontre a également été marquée par des randonnées et animations vélo, une soirée festive et un concert de jazz le long de la voie verte Roger Lapébie, qui sur une cinquantaine de km relie Bordeaux et Sauveterre de Guyenne.
En conclusion, nous citerons des déclarations très importantes du docteur Jean-Luc Saladin, conseiller municipal du Havre, qui fut le dernier intervenant à insister sur les avantages du vélo sur notre santé ; en particulier pour mieux se défendre contre deux des cancers les plus fréquents : ceux du sein et de l’intestin ; par ailleurs, dit-il, aucune obésité ne résiste à une activité physique soutenue, comme par exemple le vélo. Voilà pourquoi « il y a une porte de sortie à la survie de l’humanité face aux effets nocifs de nos modes de vie : le vélo ».

Correspondant


Zot la di…

• Denis Cheissoux, producteur à France Inter et parrain de la 1ère édition de cette Université Populaire du Vélo : « Quand on pédale, on a des idées, car les neurones du cerveau sont activés ».

• Jean Perdoux, ancien président du CVTC et président d’honneur du Club des Cent Cols : « Pendant ma vie, c’est chaque fois en pédalant que j’ai eu mes meilleures idées ».

• Le docteur Jean-François Toussaint, membre du Haut Conseil de la santé publique et directeur de l’IRMES : « L’activité physique comme celle du déplacement à vélo a des effets positifs sur notre santé corporelle et mentale ; elle favorise l’autonomie des enfants et des personnes âgées comme leur longévité, ainsi que le développement de nos capacités cognitives. Plus il y a de vélos sur nos routes, moins il y a d’accidents ».

• Yo Kaminagai, délégué à la conception à la RATP (Régie Autonome des Transports Parisiens) : « À la RATP, on aime le vélo, car on aime la vie qui va avec ».

• Olivier Razemon, journaliste au "Monde" : « Le vélo est à la fois un moyen de transport du passé et d’avenir ».

• Julie Rieg, sociologue, responsable du développement à Chronos : « Il faut penser au vélo dans l’aménagement du territoire et faire participer les citoyens à cette œuvre. Le numérique peut être utilisé à cette fin en recueillant des informations des piétons et des cyclistes sur les divers itinéraires, équipements, services, etc. ».

• Jean-Luc Saladin, médecin, conseiller municipal du Havre : « Nous sommes de plus en plus victimes des effets néfastes de la sur-motorisation, qui fait que l’air de nos villes n’est plus respirable. Une étude vient de confirmer que les fines particules de gasoil inhalées font 45.000 morts par an en France. (…) Plus on pédale, plus on peut avoir des idées géniales ».

• Gilles Pérole, vice-président du CVTC et président du groupe de concertation national sur l’apprentissage du vélo : « Un plan global national pour le vélo est indispensable ».


Qu’est ce qu’une Université Populaire ?

Le concept d’Université populaire a été imaginé au Danemark par Grundtvig au 19e siècle. Cette nouvelle approche de l’enseignement se définit comme « un organisme d’éducation populaire dont l’objectif est la transmission de savoirs théoriques et/ou pratiques pour tous » (source Wikipédia). En France, c’est dans le contexte de l’Affaire Dreyfus, que Georges Deleherme fonda avec d’autres, au sein du milieu ouvrier, la première université populaire en 1896.

Ces origines nous permettent de comprendre les principes fondamentaux qui qualifient aujourd’hui un mouvement hétéroclite. En permettant à chacun, quel que soit son âge, son niveau scolaire et ses revenus de participer à des espaces d’apprentissage, l’Université populaire vise une émancipation et un accomplissement de la personne à travers la liberté que confèrent connaissance et savoir.

Les universités populaires sont diverses, permettant tout au long de la vie d’acquérir de nouveaux savoir-être et savoir-faire. Dans les années 80, l’Université populaire de Mulhouse amorce un renouveau du mouvement qui sera amplifié en 2002 avec le succès de l’Université populaire de Caen à l’initiative de Michel Onfray. Et depuis le 16 mai dernier, l’éducation populaire a également son ministère. Mme Valérie Fourneyron est en effet ministre des Sports, de la Jeunesse, de l’Éducation populaire et de la Vie associative.

À travers des enseignements académiques (philosophie, histoire, littérature etc.), ou plus pratiques, ce libre accès au savoir permet de créer des communautés de citoyens éclairés et actifs : au-delà d’un simple intérêt individuel, les universités populaires sont des espaces de lien social, permettant l’intégration de chacun sans a priori.

L’Université Populaire du Vélo s’inscrit dans ce mouvement : espace gratuit d’échanges, de transmission et de diffusion de savoirs, autour des experts et cyclistes de toutes disciplines (élus, universitaires, journalistes, artistes, voyageurs, opérateurs, industriels…).


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