Déplacements - Transports
Route en mer : marché à résilier
Un chantier capital de la NRL à l’arrêt faute de matériaux
/ 16 octobre 2017
Tout le monde peut constater que le chantier de la digue de la route en mer entre La Possession et La Grande-Chaloupe est à l’arrêt. La responsabilité en incombe à l’attributaire qui est dans l’incapacité de faire livrer les matériaux indispensables à la poursuite du chantier. L’attributaire est donc défaillant. Dans ces conditions, pourquoi la Région ne décide-t-elle pas de résilier le marché aux torts de l’attributaire, puisque ce dernier est dans l’impossibilité de respecter son engagement ?
Tout le monde peut constater que le chantier de la digue de la route en mer entre La Possession et La Grande-Chaloupe est à l’arrêt. La responsabilité en incombe à l’attributaire qui est dans l’incapacité de faire livrer les matériaux indispensables à la poursuite du chantier. L’attributaire est donc défaillant. Dans ces conditions, pourquoi la Région ne décide-t-elle pas de résilier le marché aux torts de l’attributaire, puisque ce dernier est dans l’impossibilité de respecter son engagement ?
La chute de pierre survenue vendredi matin sur la route du littoral rappelle que le temps perdu s’accumule dans la concrétisation d’une liaison sécurisée entre Saint-Denis et La Possession. Le Protocole de Matignon, signé en janvier 2007 par la Région et le gouvernement, prévoyait la réalisation de deux infrastructures répondant à ce problème : un tram-train et une nouvelle route du littoral. Les deux chantiers étaient alors financés. Et il était écrit qu’en cas de dépassement du budget initial, la Région et l’État contribuaient proportionnellement à leur part initiale. Cela garantissait la solidarité de l’État dans la réparation d’une erreur à laquelle il avait contribué : la suppression du chemin de fer de La Réunion.
Si le Protocole de Matignon avait été respecté, le tram-train circulerait déjà depuis plusieurs années entre Saint-Paul et Sainte-Marie, tandis que la nouvelle route du littoral aurait dû être inaugurée cette année. Autrement dit, les problèmes de chutes de pierre étaient derrière nous. Mais la décision de remplacer ces deux projets par un seul en 2010 a tout remis en cause. Et depuis, le temps perdu s’accumule et le bout du tunnel s’éloigne de plus en plus pour le projet de route en mer à six voies. Et dans un chantier, le temps, c’est de l’argent.
1,1 milliard au lieu de 622 millions
Les dizaines de milliers d’usagers peuvent en effet constater qu’entre La Grande-Chaloupe et La Possession, la digue prévue se fait toujours attendre, le chantier est à l’arrêt. Cela fait pourtant plus de 4 ans que le marché a été attribué. Plusieurs questions se posent.
Tout d’abord, où en est l’ordre de service ? Habituellement pour ce type de travaux, l’ordre de service émanant de la collectivité est lancé dans les 6 mois. Cette procédure vise à protéger les intérêts du contribuable. Car cela signifie que le bénéficiaire du marché doit tenir le délai imparti, faute de quoi il devra payer des pénalités. Cette année, plusieurs personnalités ont affirmé que l’ordre de service de la digue n’était toujours pas sorti. Il est pourtant établi que dans le cas le plus favorable, la digue ne pourrait être réalisée avant 2020. Or 2020 était la date butoir pour la livraison du chantier. Ce qui signifie que les délais ne seront pas tenus.
Sans ordre de service, le bénéficiaire du marché ne sera pas pénalisé. De plus, il pourra répercuter sur les contribuables une hausse du coût du chantier, en raison de la révision annuelle de l’index du BTP. Ce qui veut dire que le prix initial de 1,6 milliard d’euros est d’ores et déjà dépassé avec la solution retenue.
Rappelons que pour financer ce projet, la Région a tout d’abord emprunté en décembre 2013 pour un total de 622 millions d’euros auprès de la Caisse des dépôts et consignations. 4 ans plus tard, la Région Réunion s’est endettée de 500 millions d’euros supplémentaires auprès de la Banque européenne d’investissement. Ce quasi-doublement n’anticipe-t-il pas un dérapage prévisible des coûts et donc de la part de la Région, en raison du retard pris par le chantier ?
Attributaire du marché défaillant
L’attribution du marché de 1,2 milliard d’euros a donné lieu à une confrontation entre des majors du BTP. Une offre prévoyait d’importer des matériaux du Moyen-Orient. Elle a été écartée au profit d’une autre qualifiée de mieux-disante, car se faisant fort de trouver les roches nécessaires sur place. Plus de 4 ans après l’attribution du marché, les roches promises ne sont pas là. Tout est donc bloqué ce qui pénalise les contribuables qui paient la facture, et les usagers qui attendent toujours une solution au problème de sécurisation.
Il est évident que devant l’impossibilité de fournir les roches nécessaires à la construction de la digue, l’attributaire du marché est défaillant.
Dans ces conditions, pourquoi la Région ne décide-t-elle pas de résilier le marché aux torts de l’attributaire, puisque ce dernier est dans l’impossibilité de respecter son engagement ?
Cette solution a le mérite d’épargner le contribuable et de faire assumer leurs responsabilités à ceux qui se sont engagés à réaliser une route en mer sans avoir les matériaux pour la construire.
Elle permettra aussi de préserver les crédits pour qu’ils puissent effectivement être utilisés à la réalisation d’une solution rapide et définitive pour sécuriser la liaison entre Saint-Denis et La Possession.
M.M.