« Une semaine pour se déplacer autrement »

Pour Roger Kerjouan, Directeur de la DIREN, la Semaine de la mobilité, organisée cette année du 16 au 22 septembre dans plusieurs pays européens, dont la France, a notamment pour but d’informer l’opinion sur les méfaits du mode de déplacement dominant dans nos sociétés. Il s’agit bien sûr de la voiture individuelle.
Ce système contribue pour une bonne part au réchauffement de la planète et à tous ses effets catastrophiques. C’est la cause principale de la hausse de la consommation d’énergie et des coûts des carburants. C’est le premier facteur de pollution provoquant de nombreuses maladies.
Voilà pourquoi, durant cette semaine, des actions seront également menées pour encourager les citoyens à « se déplacer autrement ». C’est-à-dire utiliser les transports collectifs, la marche à pied, le vélo, le co-voiturage...

« Un grand projet,
le tram-train »

Le responsable de la DIREN a rappelé que l’État veut avec les collectivités favoriser les transports en commun pour éviter le phénomène de saturation sur les routes et pour diminuer la consommation d’énergie. « À La Réunion, grâce à la Région, nous avons la chance d’avoir un grand projet qui va dans ce sens, c’est le tram-train, qui aura de nombreux bouleversements dans la façon de nous déplacer », affirme Roger Kerjouan.
Parmi les partenaires de la DIREN, figure naturellement la DDE (Direction départementale de l’Équipement), dont le chef de service Christophe Huss a expliqué pourquoi le réseau routier de notre île est « engorgé ». Ces 25 dernières années, la population réunionnaise a augmenté de 50% ; dans le même temps, le parc automobile a augmenté de 320%.
« Le développement d’un mode de déplacement alternatif, avec une complémentarité entre les différents moyens de se déplacer, est une nécessité plus qu’urgente », déclare le représentant de la DDE. Selon lui, « c’est une nécessité écologique mais aussi économique, car le coût de la congestion est très important ».

“Pédibus” et “carapattes”

Autre intervenant, Philippe Beutin, Délégué régional de l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), pour qui il est vital de diminuer l’importation de moyens de déplacements individuels à moteurs et polluants. L’an dernier, rappelle-t-il, La Réunion a importé environ 30.000 véhicules neufs, dont 15.000 consommateurs de gasoil, principal facteur de pollution dans les moyens de déplacements.
Durant la Semaine de la mobilité, cet établissement public va renforcer ses actions pour informer le public sur le niveau de consommation d’énergie et de pollution des véhicules particuliers. Surtout si l’on ajoute la climatisation.
L’ADEME va également faire la promotion des modes de déplacements collectifs, doux et non polluants, aider les collectivités à appliquer des Plans de déplacements urbains (PDU) respectant la loi de 1996 sur l’air et encourager les entreprises privées comme les administrations à mettre en œuvre des PDE (Plans de déplacements entreprise). Elle va aussi proposer aux différents acteurs concernés de réaliser des “pédibus” ou “carapattes”, c’est-à-dire des accompagnements collectifs et à pied (ou à vélo) d’élèves entre leur domicile et l’école, à la place du tout-auto.

Des chambres à gaz

L’Observatoire réunionnais de l’air (ORA) était également présent à cette conférence de presse, car il est un partenaire de cette Semaine de la mobilité en tant qu’organisme de surveillance des pollutions de l’atmosphère. Son Directeur, Bruno Siéja, a souligné combien les gaz émis par les véhicules à moteur sont dévastateurs pour la qualité de l’air que nous respirons et donc pour notre santé.
Les études faites par l’ORA prouvent que le matin et le soir, donc aux heures de pointe de la circulation routière, il y a de fortes augmentations des émissions d’oxydes d’azote, de monoxyde de carbone, de gaz carbonique et de polluants particulaires. Et tout cela envahit les poumons des Réunionnais. Nos routes sont comme des chambres à gaz.

Totalitarisme

Sur le site www.bougezautrement.gouv.fr, vous trouverez les différentes actions programmées dans notre île durant la Semaine de la mobilité pour changer nos modes de déplacements. Beaucoup de choses se font dans ce sens, et il faut féliciter toutes les personnes physiques et morales qui mènent ces actions sur le plan individuel et collectif. Mais cela reste encore très insuffisant et trop lent.
En effet, les intérêts financiers et la loi du profit qui dominent notre société imposent par tous les moyens le totalitarisme automobilistique et pétrolier. Il y a encore de longues et dures batailles à mener tous ensemble pour mettre en place des façons humaines et saines de se déplacer.

L. B.