UNEF, UERH et FER interpellent le gouvernement, la Région et le Département

Coronavirus : 3 syndicats étudiants considèrent la « mobilité contrainte » vers la France comme un problème

11 mai 2020, par Manuel Marchal

Dans une lettre à l’attention de la Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Ministre des Outre-Mers, du Président de la Région Réunion, et du Président du Département de La Réunion, trois syndicats d’étudiants demandent au gouvernement et aux collectivités de « Repenser le modèle estudiantin Réunionnais et agir face à la crise ». L’obligation de la « mobilité », c’est-à-dire de l’émigration en France pour suivre une formation ou un stage fait partie de la « liste non-exhaustive des problématiques de la jeunesse réunionnaise ».

Photo Préfecture de La Réunion.

Voici la lettre signée par trois syndicats étudiants en date du 8 mai, adressée au gouvernement et aux collectivités :

« Nous tenons à attirer votre attention sur la situation des étudiants réunionnais, qu’ils soient à La Réunion ou en “mobilité”. Nous faisons face une à une crise inédite qui nous enjoint à repenser le modèle estudiantin réunionnais.
La jeunesse réunionnaise est ambitieuse et courageuse, elle a su le démontrer pendant cette crise. Les événements nous imposent une réflexion profonde afin de pallier aux freins structurels à l’épanouissement de notre génération. Vie chère, éloignement, précarité, mobilité contrainte pour l’obtention d’un stage, d’une alternance, d’un contrat de travail ou tout simplement d’une formation non-dispensée sur le territoire ; voici une liste non-exhaustive des problématiques de la jeunesse réunionnaise.
Pour l’heure, veuillez entendre notre appel. L’exaspération se fait ressentir au quotidien, la précarité frappe de plein fouet. Nous vous demandons d’agir en conséquence pour faire face à l’urgence de la situation. Il est nécessaire d’apporter une réponse non discriminante, à la fois nationale et locale, la situation sur l’île est alarmante et elle doit être similaire voire pire dans les autres DROM. »
Cette lettre est signée par : CHAMBON Valentin, Président de l’U.E.R.H ; BOYER Annecie, Co-présidente de l’U.E.R.H ; POTIN Samantha, Présidente de l’U.N.E.F ; SAUTRON Rudrigue, Vice-Président de l’U.N.E.F ; WEBER Marie, Présidente de La F.E.R ; MANANT Stéphane, Élu F.E.R au C.A de l’Université de la Réunion.

Offre de formation insuffisante à La Réunion

Parmi les problèmes soulevés, les trois syndicats soulignent « l’éloignement, la mobilité contrainte pour l’obtention d’un stage, d’une alternance, d’un contrat de travail ou tout simplement d’une formation non-dispensée sur le territoire ».
En effet, l’Université de La Réunion et les autres établissements d’enseignement supérieur proposent une offre de formation insuffisante eu égard aux besoins de notre île, et donc à ceux des étudiants. Ils sont donc des milliers chaque année à devoir quitter La Réunion pour poursuivre leurs études en France.
Or, la France est un des épicentres de la pandémie mondiale de coronavirus. Les voyages entre la France et La Réunion ne sont donc pas près de reprendre normalement, car la quarantaine de deux semaines imposée à tout nouvel arrivant doit perdurer si La Réunion veut vaincre le coronavirus. Cela ne peut qu’entraîner une diminution du nombre de vols entre la France et La Réunion, avec la même diminution de l’offre pour que des étudiants puissent aller en France ou en revenir pour revoir leur famille et leur terre.

Etudiants réunionnais bloqués en France

La tragédie vécue par les étudiants réunionnais en France est l’illustration de l’inadaptation du modèle estudiantin actuel. Le seul geste du gouvernement en direction de ces jeunes est une aide de 200 euros, ce qui semble bien insuffisant pour des jeunes qui voient se terminer le bail de leur logement et qui doivent se débrouiller en France pour faire face à des dépenses imprévues.
Cette initiative de trois syndicats étudiants est à souligner. Elle montre une volonté de remettre en cause un modèle qui impose le séjour en France comme condition d’une meilleure réussite universitaire.
Changer de modèle suppose donc de renforcer considérablement l’offre de formation dans l’enseignement supérieur à La Réunion. Ce développement peut se penser en concertation avec les pays voisins, afin d’aller vers la création d’une Université de l’océan Indien. Cette Université de l’océan Indien pourrait permettre à chaque pays de s’unir pour proposer une offre complète de formation aux étudiants d’un bassin de vie de plus de 25 millions d’habitants aujourd’hui, 50 millions d’habitants dans 30 ans. Ceci aurait l’avantage de privilégier les déplacements dans notre région qui est relativement épargnée par le coronavirus à l’exception de Mayotte. Enfin, ceci permettra de développer dans les consciences une réalité : l’avenir de La Réunion est lié à celui de ses voisins.

M.M.

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