Le réchauffement observé par rapport à l’ère préindustrielle a atteint 1,52°C

20 juin

Gaz à effet de serre, élévation du niveau de la mer, seuil de 1,5°C de réchauffement : plusieurs indicateurs climatiques clefs sont dans le rouge, ont alerté une soixantaine de chercheurs dans une vaste étude mondiale parue jeudi 18 juin.

"Le réchauffement d’origine humaine a augmenté à un rythme sans précédent dans les mesures instrumentales, atteignant 0,27°C par décennie sur 2015-2024", ont conclu les scientifiques issus d’institutions prestigieuses.

Les émissions de gaz à effet de serre, issus notamment de l’utilisation des énergies fossiles, ont atteint un nouveau record en 2024, à 53 milliards de tonnes de CO2 chaque année en moyenne sur la dernière décennie. Les particules polluantes dans l’air, ayant un effet refroidissant, ont diminué.

Ce constat, publié dans la revue Earth System Science Data, est le résultat du travail de chercheurs provenant de 17 pays, qui s’appuient sur les méthodes du Giec, le groupe d’experts du climat mandatés par les Nations Unies, auquel la plupart appartiennent ou ont appartenu.

Le but de cette étude est de fournir des indicateurs mis à jour annuellement à partir du rapport du Giec, sans attendre le prochain dans plusieurs années.

Pour l’année 2024, le réchauffement observé par rapport à l’ère préindustrielle a atteint 1,52°C, dont 1,36°C attribuable à la seule activité humaine. L’écart montre la variabilité naturelle du climat, à commencer par le phénomène naturel El Niño. Il s’agit d’un niveau record mais "attendu" compte tenu du réchauffement d’origine humaine, auquel s’ajoutent ponctuellement ces phénomènes naturels, a indiqué Christophe Cassou, du CNRS. "Ce n’est pas une année exceptionnelle ou surprenante en tant que telle pour les climatologues", a affirmé ce dernier à l’Agence France Presse.

Ainsi, la planète a déjà franchi le seuil le plus ambitieux de l’accord de Paris (réchauffement limité à 1,5°C), qui s’entend sur une période de plusieurs décennies. Mais la fenêtre se referme toujours plus, selon les chercheurs.

Le budget carbone résiduel - la marge de manœuvre, exprimée en quantité totale de CO2 qui pourrait encore être émise tout en gardant 50% de chance de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C - est en train de fondre.

Ce "budget" est désormais de l’ordre de 130 milliards de tonnes au début de 2025, un peu plus de trois ans d’émissions au rythme actuel, contre encore quelque 200 milliards il y a un an.

"Le dépassement du seuil de 1,5°C est désormais inéluctable", a estimé l’un des auteurs, Pierre Friedlingstein, du CNRS. Toutefois, l’auteur principal de l’étude, Piers Forster, de l’université de Leeds, dit "être une personne optimiste. (...) Mais si on regarde la publication de cette année, tout va dans la mauvaise direction".

Les auteurs ont inclus cette année des nouveaux indicateurs, dont la montée du niveau de la mer, qui se dilate sous l’effet du réchauffement et reçoit des volumes d’eau douce avec la fonte des glaces. Le rythme a plus que doublé avec une hausse de quelque 26mm entre 2019 et 2024, alors que la moyenne était de moins de 2mm par an depuis le début du XXe siècle.

Globalement, le niveau des océans est monté de 22,8cm depuis le début du siècle dernier, renforçant le pouvoir destructeur des tempêtes et menaçant l’existence de certains États insulaires. Cette montée, qui obéit à des phénomènes complexes, est soumise à une forte inertie et se poursuivra même si les émissions cessaient immédiatement.

Face à ces perspectives sombres : "que peut-on faire pour limiter la vitesse et l’ampleur de la montée du niveau de la mer ? Réduire les émissions de gaz à effet de serre le plus rapidement possible", a souligné la climatologue Valérie Masson-Delmotte.

À moins de six mois de la COP30 au Brésil, les politiques en faveur du climat sont fragilisées par le retrait des États-Unis de Donald Trump de l’accord de Paris. "Tout changement dans la trajectoire ou en termes de politiques publiques susceptible d’augmenter ou de maintenir des émissions qui auraient autrement été réduites, aura une implication sur le climat et le niveau de réchauffement dans les années à venir", a souligné Aurélien Ribes, du Centre national de recherches météorologiques.


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